La Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a exprimé, dans un communiqué publié le 30 juin 2025 à Abuja, sa vive préoccupation face aux manifestations survenues récemment au Togo, notamment dans la capitale, Lomé. Ces événements ont causé des pertes humaines et des dégâts matériels importants.
Face à cette situation, la Cedeao appelle toutes les parties prenantes à la retenue et au dialogue, afin de favoriser un climat socio-politique apaisé, indispensable au développement du pays. « Dans l’intérêt de la cohésion sociale, la Commission de la Cedeao lance un appel à la retenue et exhorte toutes les parties prenantes à privilégier le dialogue », insiste le communiqué. La Commission exprime également sa compassion envers les victimes des violences et réaffirme sa disponibilité à accompagner les efforts nationaux de maintien de la paix.
Il est à rappeler que les manifestations, qui ont débuté les 26, 27 et 28 juin, ont été déclenchées par l’entrée en vigueur d’une réforme constitutionnelle. Celle-ci a instauré la création d’un nouveau poste, celui de président du Conseil des ministres, désormais occupé par Faure Gnassingbé, et non soumis à limitation de mandat. Les protestataires dénoncent un véritable « coup d’État constitutionnel », estimant que cette évolution permettrait au chef de l’État de prolonger indéfiniment son pouvoir. Malgré l’interdiction des manifestations depuis 2022, une coalition d’associations citoyennes baptisée « Hands Off My Constitution » a appelé la population à protester, dénonçant aussi la détérioration du pouvoir d’achat et les arrestations politiques. Des tensions économiques, notamment la hausse des tarifs de l’électricité et du coût de la vie, ont contribué à l’exacerbation du malaise. Les trois jours de mobilisation ont entraîné des affrontements violents à Lomé. Des manifestants ont érigé des barricades et lancé des projectiles, tandis que les forces de l’ordre ont répondu par l’usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau et des arrestations. Selon les organisations de défense des droits, au moins sept personnes, dont des mineurs, auraient perdu la vie ; certaines victimes présentant des signes de violence et plusieurs autres ont été mutilées. Le gouvernement, quant à lui, attribue ces décès à des noyades.
Léonce Adjévi