- (630 FCfa par sac de charbon et à 735 FCfa pour un stère de bois)
Le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji, directeur technique en charge de la biomasse-énergie et de la valorisation des ressources forestières à la Direction générale des eaux, forêts et chasse, dans une interview accordée au quotidien de service public « La Nation », a apporté des éclaircissements sur les mesures en vigueur concernant le transport du charbon de bois et du bois de feu à usage domestique au Bénin. Ces règles, rappelées dans une note de service en date du 17 janvier 2025, sont conçues pour garantir une gestion durable des ressources naturelles tout en limitant la déforestation.
Dans une interview, le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a souligné que l’utilisation du charbon de bois et du bois de feu n’est pas interdite au Bénin. Cependant, pour transporter ces produits à usage domestique, les particuliers doivent respecter des règles spécifiques. En vertu de l’arrêté 040 de 2009, les particuliers peuvent transporter un maximum de deux sacs de charbon ou un stère de bois, moyennant le paiement de taxes. Le coût est fixé à 630 FCfa par sac de charbon et à 735 FCfa pour un stère de bois. Ce paiement se fait désormais en ligne, via la plateforme du Trésor public. Après avoir réglé la somme, le particulier reçoit une quittance électronique, qui sert de titre de transport, autorisant le transport des produits. « Ce système a remplacé les anciens coupons rouges utilisés pour ce genre de transactions », précise le lieutenant-colonel Gbédji.
Une exception pour les revendeurs locaux
Il est important de noter que cette réglementation ne s’applique pas aux consommateurs qui achètent leur charbon directement auprès des commerçants locaux. Ceux-ci n’ont pas besoin de se soumettre à ces formalités puisque le charbon vendu a déjà passé les étapes nécessaires de taxation avant d’arriver dans les centres de consommation. En revanche, toute personne transportant du charbon ou du bois de feu d’une zone de production vers un centre urbain, comme Cotonou, doit impérativement respecter cette procédure.
Les raisons de cette mesure
Le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a expliqué que l’objectif principal de cette réglementation est de lutter contre la déforestation, un problème majeur au Bénin. « Selon les statistiques de 2015, le taux de déforestation du pays est de 1,9 %. Le bois énergie représente l’un des principaux facteurs de dégradation des forêts », a-t-il indiqué. Pour contrer cela, des mesures ont été prises depuis 2009, notamment la création de marchés ruraux de bois. Ces marchés permettent aux citoyens de se procurer du bois de manière légale et encadrée.
De plus, il a été observé que de nombreux citoyens, y compris des chauffeurs de taxis ou des voyageurs, transportent illégalement de grandes quantités de charbon, ce qui crée une concurrence déloyale envers les commerçants agréés, qui respectent les règles fiscales. Le but est donc de réguler ce secteur pour garantir une concurrence équitable et préserver les ressources naturelles.
La mise en application continue de la réglementation
Bien que certains s’interrogent sur le fait que l’administration forestière applique ces mesures maintenant, le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a précisé que ces règles sont en vigueur depuis 2009 et sont réaffirmées chaque année, notamment dans la loi de finances. « Ces taxes et redevances ne sont pas nouvelles. L’État n’a pas introduit de nouvelles taxes cette année », a-t-il insisté. L’administration forestière met en œuvre cette réglementation de manière continue, via des campagnes de sensibilisation sur l’ensemble du territoire national.
Des sanctions en cas de non-respect des règles
Les contrevenants s’exposent à des sanctions. Lors des patrouilles, les véhicules et marchandises transportant du charbon sans la régularisation préalable sont systématiquement saisis. Le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a rappelé que, selon l’article 75 de la loi 93 sur les forêts, le matériel et les produits saisis constituent des preuves et sont conservés jusqu’à la résolution du contentieux. « En cas d’infraction, les usagers doivent se présenter rapidement afin que le contentieux soit réglé dans les plus brefs délais », a-t-il ajouté.
Un appel à la coopération et à la responsabilité collective
Enfin, le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a tenu à rassurer les populations béninoises. « L’administration forestière n’est pas contre la consommation de charbon de bois. Les mesures prises visent à garantir une gestion durable de nos ressources naturelles et à réduire la fraude dans ce secteur. », a-t-il fait remarquer. Il a lancé un appel au respect scrupuleux de ces prescriptions pour assurer la préservation de l’environnement et la pérennité des ressources forestières.
Léonce Adjévi