(L’alternance en 2026, un acquis selon Wilfried Houngbédji)
L’alternance au pouvoir continue d’être un idéal à atteindre dans beaucoup de pays africains. Ce triste constat fait du continent noir un contre-exemple comparativement aux grandes nations du monde. Le Bénin fait partie des rares pays africains à avoir fondamentalement résolu cette question en insérant dans la constitution, des dispositions qui limitent toute velléité de maintien au pouvoir au-delà du terme légal du mandat. Cette avancée du Bénin a une fois encore été mise en exergue par Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, dans un entretien qu’il a accordé à Bbc.
Si en 1990 le vent de la démocratie avait soufflé sur le continent africain, aujourd’hui, c’est plutôt le vent de la modification des constitutions qui ravage l’Afrique. Les révisions de la constitution en Afrique donnent souvent lieu à des suspicions parfois légitimes de maintien du président de la République au pouvoir au mépris des dispositions constitutionnelles. Les exemples à ce niveau foisonnent sur le continent noir au point de faire de l’Afrique, le continent qui détient les tristes records de longévité au pouvoir. A titre illustratif, en Guinée-Conakry, la constitution a été modifiée en 2002 dans l’intention d’autoriser le feu président Lansana Conté à se représenter, à la fin de son second et dernier mandat aux élections présidentielles. Au Tchad, la constitution a été modifiée en 2005 et a permis à feu Idriss Deby Itno de se maintenir au pouvoir depuis son coup d’Etat de 1990. En Mauritanie, la modification de la constitution en 1991 a permis à Ould Taya de rester au pouvoir jusqu’à son renversement par coup d’Etat en août 2005. Au Burkina Faso, par un subtil jeu de levée de la limitation de mandats en 1997, puis de restauration de cette limitation en 2000, Blaise Comparé est resté au pouvoir de 1987 jusqu’en 2014. Au Togo, la constitution a été modifiée en 2003 et a permis à feu Eyadema de se faire réélire pour un troisième mandat de cinq ans, au terme de 36 années de pouvoir jusqu’à sa mort en 2005. A ce tableau, on peut également greffer les cas des pays tels que les Comores en 2018, le Rwanda en 2015, le Congo-Brazzaville en 2015, Djibouti en 2010, l’Algérie en 2008, le Cameroun en 2008, la Côte d’Ivoire en 2016. Si les velléités de maintien au pouvoir au Sénégal ont été étouffées par la pression populaire, en Centrafrique, le président Faustin Archange Touadera est actuellement au cœur de la polémique relativement à ses intentions de retoucher la loi fondamentale du pays.
Le Bénin, une exception
Le Bénin se distingue dans ce flot de révisions opportunistes de la constitution et s’illustre comme un modèle en la matière. Pour Wilfried Léandre Houngbédji, la révision de la constitution intervenue en novembre 2019, illustre la volonté du Bénin, de donner l’exemple à tout le continent. « Ici au Bénin, en novembre 2019, nous avons démontré qu’en Afrique, l’on peut aussi procéder à des révisions techniques de la constitution », a rappelé le porte-parole du gouvernement qui a par ailleurs indiqué que le mérite de cette révision constitutionnelle réside non seulement dans les conditions dans lesquelles elle est intervenue mais aussi et surtout des garde-fous qui y ont été intégrés pour limiter la poursuite du mandat au-delà du terme constitutionnel et par la même occasion, en y enlevant tout soupçon de révision opportuniste. « Le gouvernement du président Patrice Talon avait en effet engagé un processus de révision constitutionnelle avec une assemblée nationale qui, du fait la conjoncture politique induite par les Législatives de 2019, était acquise entièrement à 100% au président, sans toucher à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Au contraire, nous avons renforcé les clauses de limitation du mandat en y intégrant que nul ne peut de sa vie, effectuer plus de deux mandats présidentiels et nous avons fait fort de préciser dans cette révision, qu’elle n’induit ni une nouvelle république, ni une nouvelle constitution. », a indiqué le patron de la communication gouvernementale pour qui cet exemple est une première en Afrique.
Quid des velléités d’un troisième mandat dès 2026 ?
En dépit des engagements pris par le président Patrice Talon et des assurances de sa volonté de ne pas prolonger son bail à la tête du pays après son second et dernier mandat (2021-2026), une certaine opinion continue de douter de la bonne foi de l’homme. Pour Wilfried Léandre Houngbédji, il n’y a pas de crainte à avoir sur cette garantie qui traduit une volonté de préservation de l’image du Bénin sur le continent. « Je vous donne rendez-vous en 2026 pour voir comment la dévolution du pouvoir entre Patrice Talon et son successeur va se faire et sous les caméras du monde entier vous verrez comment le Bénin grandira en plus dans le concert des nations », a gagé Wilfried Léandre Houngbédji.
Gabin Goubiyi