Un Bénin bien gouverné, très développé, épanoui et prospère d’ici 2060. C’est en substance ce que propose la centaine de jeunes conviés à concevoir le futur du pays. L’exercice était laborieux. Chacun a fait savoir son rêve sur le futur du Bénin dans 36 ans. Au terme de la prospection, la moisson est abondante, se réjouit le ministre Abdoulaye Bio Tchané. Il est satisfait de la bonne dynamique de ces leaders qui ont une vision ambitieuse pour le pays.
C’est depuis 2022 que le gouvernement a engagé le processus de construction de la Vision nationale Bénin 2060. Au dire du directeur de cabinet du ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané, il s’agit de la vision qui va prendre effet à partir de janvier 2026, lorsque la vision actuelle Alafia 2025 sera arrivée à échéance à fin décembre 2025. Le cadre institutionnel, qui a été mis en place par décret pour conduire l’ensemble du processus, prévoit un certain nombre d’organes qui sont appelés, selon une certaine périodicité, à organiser des sessions de validation des différents résultats d’étape. Deux raisons principales motivent la construction d’une nouvelle vision. Il s’agit d’une part, de la recherche d’une efficacité plus accrue des politiques publiques ; et d’autre part, du renforcement des capacités nationales d’anticipation pour mieux répondre aux profondes mutations qui s’opèrent dans le monde. La vision Bénin 2060 permettra de « rompre avec l’improvisation et la navigation à vue » en matière de développement, a indiqué le directeur de cabinet du ministre d’État, Alastaire Alinsato, président du comité technique de pilotage de la réflexion prospective dans son mot introductif. A travers cette vision prospective, le Bénin va dessiner son futur sur la base des aspirations de la population. L’année 2060 a été choisie comme horizon, pour projeter le développement souhaité du Bénin, 100 ans après son indépendance.
Ce comité est composé, entre autres, de la Présidence de la République, du ministre d’Etat chargé du développement, du ministre d’Etat et de l’Economie et des finances, du Secrétaire général, ministre d’Etat, du président de l’Association nationale des communes du Bénin, du Président du Conseil économique et social. Le comité national d’orientation de supervision prospective vise essentiellement à valider les résultats d’étape, à apprécier les perspectives et à donner son quitus pour la continuation des différentes activités prévues. C’est à cela que nous avons assisté avec des orientations très claires sur la marche à suivre notamment en ce qui concerne la feuille de route et des instructions sur la conduite à tenir en ce qui concerne la gestion des contraintes que nous nous impose cette feuille de route, selon Alastaire Alinsato, Directeur de cabinet du ministre d’Etat, chargé du Plan et du développement. A ses dires, contrairement à la vision Alafia 2025, la Vision nationale 2060 est appelée à être une loi, selon la loi cadre sur la planification du développement. A fin mars, le projet de loi portant vision 2060 sera rendu disponible et envoyé au Parlement pour examen et vote, a-t-il expliqué.
Formulation de la vision
Le processus d’élaboration d’une Vision nationale de développement à l’horizon 2060, après celle de Bénin Alafia 2025, entre dans sa phase pratique. « En vue de garantir l’approche participative et le caractère inclusif du processus lancé fin novembre 2023, il est prévu la phase de collecte des perceptions et aspirations qui a démarré le 22 juillet 2024 sur toute l’étendue du territoire national », a laissé entendre le professeur Alastaire Sèna Alinsato, directeur de cabinet du ministre chargé du développement et président du comité technique de pilotage.
« Le but visé est de faire du processus une opération la plus représentative, inclusive et participative », insiste-t-il, exhortant tous les citoyens à y prendre part activement pour faire entendre leurs idées sur le Bénin dont ils rêvent pour les 35 prochaines années. Abordant les méthodes de collecte des données, le conférencier souligne que cette opération qui durera deux semaines, s’articule autour de trois modes à savoir une enquête individuelle dans les ménages, une enquête par groupes de discussions (focus group/interview) et une enquête en ligne. L’enquête individuelle, informe-t-il, sera focalisée sur les individus au sein des ménages dans les 77 communes. Elle couvrira la population majeure âgée de 18 ans et plus sur un échantillonnage aléatoire pour une taille de 6 320 ménages, à raison de deux individus par ménage (homme et femme) soit 12 640 individus au total à enquêter.
Quant au focus group, il impliquera au total 7 700 participants, soit 100 personnes en moyenne par commune. Quatre groupes de 25 personnes seront constitués dans chaque commune, soit 308 groupes de discussion au total, sur la base de critères de présence effective dans la localité, de représentativité au niveau local, de pertinence du domaine, de choix fait de concert avec les autorités locales.
Une cible de 123 400 individus
Au niveau central, 451 séances de discussion pour 143 focus groups et 52 entretiens individuels sont prévus sur l’ensemble du territoire national, avec un échantillon constitué, par choix raisonné, de responsables institutionnels et de leaders d’opinion, selon le conférencier. Pour l’enquête en ligne, poursuit-il, il est attendu une cohorte de 100 000 individus. « L’opportunité est ainsi offerte à tous les Béninois, y compris ceux de la diaspora ou en déplacement temporaire à l’étranger, de participer au processus et d’exprimer leurs perceptions et aspirations pour le développement du Bénin pour les 35 prochaines années», estime M. Alinsato. Il précise que toutes les enquêtes seront conduites aussi bien en français que dans les langues nationales, de sorte à ne laisser personne de côté. Au total, une cible potentielle de 123 400 individus est attendue contre 1704 consultés en 2000 dans le cadre de l’élaboration de la vision Bénin Alafia 2025 qui vient bientôt à terme. Les agents enquêteurs sont sensibilisés à la nécessité d’écouter attentivement et respectueusement sans préjugés, la valorisation de la contribution de chaque Béninois, la neutralité et l’impartialité, la sensibilité aux contextes locaux, aux cultures et aux diversités, la rigueur lors de la transcription des discussions, assure le président du comité de pilotage du processus. La formulation de la Vision nationale de développement 2060 constituera la deuxième génération d’études nationales de perspectives à long terme, après celle de Bénin 2025 Alafia. Elle contribuera à renforcer les capacités nationales d’anticipation et d’action, face aux profondes mutations et transformations en cours ou à venir, tant sur le plan national qu’international. L’année 2060 a été choisie comme horizon pour projeter le développement souhaité du Bénin, 100 ans après son indépendance.
Sergino Lokossou