Une mission de l’Agence française de développement (Afd) a effectué, les 8 et 9 octobre 2024, une inspection des infrastructures financées par ses soins. De Zogbodomey à Savalou en passant par Za-Kpota et Covè, la directrice pays de l’Afd, Laure Weisgerber, la cheffe de la délégation, est satisfaite de ce qu’elle a vu et entendu.
L’Agence française de développement (Afd) contribue énormément à l’économie nationale à travers son soutien aux programmes et projets du gouvernement. De 2014 à 2021, le Groupe Afd a engagé plus de 615 millions d’euros, soit 400 milliards de FCfa au Bénin, essentiellement dans les secteurs de l’éducation secondaire et de la formation professionnelle, de l’énergie, de l’agriculture, du développement urbain et patrimonial et de l’appui au secteur privé. Des 37 projets structurants en cours d’exécution sous financement de l’Afd, trois intervenant dans le secteur agricole ont été passés en revue. Il s’agit du Projet d’appui au développement des filières protéiniques (Padéfip), du Projet d’appui au développement agricole dans les Collines (Padac) et du Projet d’appui à la transition agro-écologique dans les zones cotonnières phase II (Tazco2). A Zogbodomey, la première escale, la mission a découvert Sens-Bénin (Solidarité entreprise Nord-Sud), une Société coopérative spécialisée dans l’accompagnement, la formation, les conseils, les expertises au profit d’entrepreneurs. Pour Kèmi Fakambi, la Directrice générale (Dg), son entreprise est pionnière au Bénin en matière d’entreprenariat social et solidaire depuis 2013 créée sur la base d’une expérience en cours en 2007. Suite à sa présentation, elle a exposé à ses hôtes les dérivés alimentaires qu’on peut obtenir de la transformation du soja. Cap a été ensuite mis sur Zakékéré, dans la Commune de Za-Kpota, où Susanne Bédié a installé sa ferme piscicole sur une superficie d’environ trois hectares. Grâce aux différents appuis techniques et financiers bénéficiés de Padéfip, elle a accru sa production et son revenu annuel tout en créant la valeur ajoutée et d’emplois à la jeunesse. De la production d’alevins en passant par le statut de piscicultrice clé, Susanne Bédié, s’impose dans le domaine. L’extension de ses activités lui permet de satisfaire partiellement la demande sans cesse croissante qu’expriment les restaurants et les particuliers des régions environnantes. « C’est très rare d’avoir des projets comme Padéfip qui donnent envie de se maintenir dans la pisciculture », s’est-elle réjouie. A Covè, Laure Weisgerber et sa suite ont eu à visiter l’unité de production d’aliments poisson qui désert la zone. Pour Martial Koudèrin, président de l’Association nationale des coopératives et entreprises de pisciculture du Bénin, cette unité répond à une problématique exprimée par les acteurs par rapport à l’aliment poisson qui représente 60 à 70% des charges d’exploitation en vue de rendre le produit plus compétitif. « C’est un modèle qui va nous permettre de maîtriser les coûts, d’apprécier la qualité et de prendre des décisions au niveau économique », a-t-il souligné. Elle a une capacité de production de 300 à 350 kilogrammes d’aliments par heure. Faisant le point de l’accompagnement reçu par Padéfip, Denis Agandan, le coordonnateur, a indiqué qu’il a bénéficié de l’Afd un financement de six millions d’euros pour contribuer à l’accroissement des revenus des producteurs et de la disponibilité de protéines financièrement accessibles en milieu rural via l’amélioration de la compétitivité de la filière soja et le développement de la filière piscicole. Il vise également à lutter contre la malnutrition dans les départements du Zou et des Collines.
Padac et Tazco2 se donnent la main dans les Collines
La ferme coopérative « Agbara Olouwa » de Kpékouté a été le point de chute de la délégation à Dassa-Zoumè. Ici, plus de 31 millions de FCfa ont été investis dans la transformation de pomme de cajou en jus. A en croire les confidences de Adélaïde Laourou, la présidente, l’Afd par le biais du projet Padac a impacté positivement la vie de plusieurs ménages à travers les 17 femmes membres de la coopérative. Démarrée en 2008, elle a connu un accroissement de son chiffre d’affaires qui est passé de moins d’un million à plus de 18 millions de FCfa l’an, soit 62.124 bouteilles produites en 2023. 10 emplois permanents crées sans oublier les occasionnels. En dépit de cet appui, la présidente a exprimé des doléances relatives à la clôture du site, l’électricité, l’eau et bien d’autres à l’endroit du bailleur. Par contre, sur la ferme du village de Zoundji, à Savalou-Aga Alice Godonoukpé, la promotrice, allie l’élevage du porcin, du caprin, des ovins et le maraîchage sur un site de quatre hectares environ. Bénéficiaire de deux lots de hangars dédiés à la bergerie, d’un tricycle, d’un forage pour un montant de plus de 16 millions de FCfa de Padac, Alice ne regrette pas son choix. Sa production a presque doublé et par conséquent, elle brasse plus de 14 millions de FCfa par an. En matière de perspectives, elle compte, avec la complicité de l’Afd, booster la production des cultures maraîchères et aussi de l’élevage. Au niveau de la boucherie moderne de Savalou, un projet porté par la Commune, l’Afd, à travers Padac, est fier de contribuer à l’accroissement des ressources propres de la Mairie. Les bouchers s’honorent de leur condition de travail actuelle mais demandent au partenaire de leur doter d’une chambre froide pour la conservation des invendus. S’agissant du projet Padac, Bertin Tamègnon, le coordonnateur, a expliqué qu’il a financé des projets portés aussi bien par les Communes que par des particuliers. Son objectif est d’appuyer le développement de l’agriculture dans le département des Collines au travers d’investissements agricoles publics et privés et de la sécurisation foncière. Devenu aujourd’hui Projet d’appui au développement des investissements agricoles productifs (Padiap), Padac a bénéficié de l’Afd un financement de 12 millions d’euros pour ses réalisations sur cinq ans. Au plan de la recherche, c’est le projet Tazco2 qui s’en est occupé. Dans ce cadre, le champ de la recherche agricole sur le coton a été visité à Savalou. La délégation est séduite par les avancées de la recherche qui est un maillon essentiel de la production agricole. Elle travaille pour une transition agro-écologique réussie. Etant donné que les terres sont lessivées à cause des produits chimiques, a justifié Lucien Imorou, Point focal de la composante de la chaîne de développement du projet Tazco2, l’Etat a donc estimé qu’il faut vers des alternatives écologiques basées sur l’utilisation des résidus de récolte ou des éléments de la nature. Selon l’assurance de Grâce Ahandagbé, l’ingénieur de terrain dudit projet, l’introduction des plantes améliorantes dans le système de production augure un lendemain meilleur pour l’agriculture béninoise. Une pratique qu’Abel Kossémi a déjà adoptée. Parlant de la complémentarité de ces projets, Agathe Oroungobi, chargé de mission agriculture environnement à l’Afd, a souligné que Tazco2 vise l’amélioration durable des revenus des exploitations et des rendements agricoles dans les zones cotonnières du Bénin, par la restauration et l’amélioration de la fertilité des sols, grâce à l’adoption des pratiques agro-écologiques et une mécanisation adaptée. Quant à la directrice de l’Afd/Bénin, c’est plutôt un motif de satisfaction de constater sur le terrain les financements de son agence ne sont pas vains. D’après elle, ils ont permis de lutter contre la malnutrition, la précarité, et de promouvoir l’entreprenariat agricole, l’autonomisation des femmes et la création d’emplois. Au regard des résultats obtenus, elle s’engage à œuvrer pour la mise en place d’autres financements afin de poursuivre l’accompagnement des initiatives agricoles.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)