Le président Boni Yayi, après de longs mois de méditation hors du pays, a-t-il finalement compris le rôle de sage qu’il doit incarner dans la République, cinq ans après son départ du pouvoir ? C’est la réponse « oui » qu’il semble donner à cette préoccupation après ses mots à la presse à l’issue du tête-à-tête avec le président de la République, Patrice Talon.
« Moi, je demande, et c’est lui qui décide ». Ces mots de Boni Yayi donnent désormais le sens de son combat politique. L’ex-Chef de l’Etat se résolut maintenant à œuvrer pour le retour des ‘’exilés’’ et la libération de certains personnages politiques qui ont maille à partir avec la justice. Et pour ce faire, le Chantre du Changement et de la Refondation change de fusil d’épaule. En lieu et place de la violence verbale et des déclarations fracassantes dont lui seul connaît le laboratoire, il emprunte le chemin du dialogue et de la douceur. Comme le sage Nelson Mandela, il sait que trop de sang a déjà coulé et que beaucoup grossissent de frustration, faute de la mésentente entre son successeur et lui. Il sait aussi que l’opposition et lui ont payé le lourd tribut après les Législatives de 2019 et la Présidentielle de 2021. C’est pourquoi il a décidé de baisser la garde, de laisser la radicalisation pour donner des chances à ses fidèles lieutenants en prison ou en exil de retrouver leur liberté d’aller et de venir. « Moi, je demande, et c’est lui qui décide ». Il a tout dit, et on peut supposer que lors de cette séance, il a longuement plaidé pour les cas Komi Koutché se réclamant orgueilleusement du soleil levant, Valentin Djènontin dont l’un des fils est au gnouf, Jean-Alexandre Hountondji, Houdou Ali, Amissétou Affo Djobo qui a pris le maquis, Léonce Houngbadji, Famouta Amadou Djibril, Léhady Soglo, Joël Aïvo, Sébastien Ajavon et surtout sa protégée Reckya Madougou. Mine de rien cette dame projetée au-devant de la scène à la veille de la Présidentielle de 2021 boucle six mois d’incarcération pour des faits présumés de terrorisme. Boni Yayi a surement imploré la clémence du Chef de l’Etat pour qu’il « passe du blanc dans leur noir », comme on le dit littéralement en fon. Et c’est sûr que le président Patrice Talon doit avoir apprécié cette nouvelle posture de son ami ‘’ Boni Yayi’’. Et d’ailleurs, c’est ce type de personnage, ce facilitateur, qu’il aurait toujours souhaité qu’il incarne. Pas un chef de clan, après avoir occupé le fauteuil présidentiel pendant dix ans ! Et si ce nouveau Yayi, avocat défenseur des sans espoir, joue honnêtement son rôle en se mettant au-dessus de la mêlée, en faisant entendre raison aux uns et aux autres, c’est clair que les lignes vont vite bouger pour la régularisation de la situation de ces ‘’prisonniers’’ et ‘’exilés’’.
J. S. B