Le Bénin à l’instar de la communauté internationale célèbre demain vendredi 16 juin 2023, la 33ème Journée de l’enfant africain (Jea). Cette année, elle porte sur le thème « Les droits de l’enfant dans l’environnement numérique ». A l’occasion de la célébration de cette journée et en rapport avec le thème choisi, la ministre des affaires sociales et de la microfinance, Véronique Tognifodé, a délivré un message dans lequel, elle invite les parents, les éducateurs, les gouvernants et les Ong à se mettre ensemble pour un accès universel mais sécurisé de chaque enfant du Bénin à un environnement numérique de qualité. Lire ci-dessous, l’intégralité de son message.
Béninoises, Béninois,
Chers compatriotes,
1990 à 2023. Il y a 33 ans que l’Afrique célèbre le souvenir du massacre des enfants de Soweto en 1976, que ce devoir de mémoire nous engage à faire le bilan de l’état de la protection de l’enfant sur le continent et dans nos pays respectifs.
Notre continent, en proie aux grandes mutations socioéconomiques accentuées par la crise du Covid-19, la recrudescence des foyers de tensions, l’extrémisme violent et les changements climatiques, est confronté à l’éclosion des abus, des violences et de l’exploitation des enfants. Malgré les engagements pris par nos pays respectifs à travers les Objectifs de développement durables, les aspirations de l’Afrique que nous voulons à l’horizon 2063 et la domestication progressive des conventions internationales, régionales et sous-régionales, la situation de l’enfant africain est toujours confrontée à un faible taux de scolarisation avec une mention spéciale pour les filles ; une forte déscolarisation et ses corollaires que sont le travail des enfants, la traite des enfants et la mobilité transfrontalière, les violences sexuelles, le mariage précoce et forcé, et j’en passe.
Ce tableau peu reluisant se complique avec le faible accès des enfants africains à l’information et/ou la mauvaise utilisation de l’environnement numérique en plein essor.
C’est donc à juste titre que le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (Caedbe) invite les Etats africains à réfléchir, cette année 2023 sur le thème « les droits de l’enfant dans l’environnement numérique » pour attirer l’attention de la population entière sur les avantages et les inconvénients du numérique pour les enfants et prendre des mesures idoines afin d’assurer à ces derniers un accès sécurisé et surtout utile au numérique pour leur sain développement et épanouissement.
Mesdames et messieurs,
Le numérique est l’ensemble des pratiques liées à la production et à la diffusion du savoir, du savoir-faire et du savoir-être en lien avec les supports de plus en plus utilisés qui font référence au virtuel et au web.
Cette définition opérationnelle nous permet d’apprécier à la fois l’importance de garantir l’accès de cet outil à tout enfant et l’obligation d’en contrôler l’usage pour leur bien-être.
Si l’éducation est un des préalables nécessaires à la socialisation et à la construction du citoyen de demain, les Etats doivent apporter à chaque enfant tous les contenus qui participent à la connaissance et à la compétence. Les programmes scolaires et les méthodes d’apprentissage doivent amener les enfants à découvrir par eux-mêmes et à pouvoir faire les comparaisons et les choix grâce à la dextérité et à l’accompagnement de leurs enseignants. Autrement dit, en 2023, la possibilité doit être offerte à chaque enfant de bénéficier d’une « éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et de promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie (OOD 4) » en utilisant à bon escient l’environnement numérique mis à sa disposition.
C’est entre autres, ce que l’Union internationale des télécommunications (UIT) à compris en proposant un cadre d’investissement numérique au service des ODD.
Il n’est donc pas possible d’atteindre les cibles des ODD à l’horizon 2030, si les Etats n’investissent pas dans le numérique. Mais comment s’assurer que cet environnement garantirait la protection des droits et du bien-être de l’enfant, en général et de l’enfant africain et béninois en particulier ?
Mesdames et messieurs,
Chers compatriotes,
Notre pays, depuis 2016, s’est engagé dans la mise en place d’un environnement numérique sécurisé au profit de l’épanouissement des enfants.
Mais le défi, c’est le contrôle des contenus et les effets de ces contenus de plus en plus dangereux pour les enfants.
Qu’il s’agisse des sollicitations perverses, de contenu non approprié à l’enfance, du recrutement dans les groupes armés non étatiques ou pour le travail des enfants, ou encore ce qui relève de la cybercriminalité, l’environnement numérique est un creuset dont l’utilisation doit être contrôlé. Si l’Etat met en place des dispositifs pour cela, la collaboration des parents, des éducateurs et des professionnels est nécessaire pour protéger les enfants et les guider dans leurs choix.
La notion de contrôle parental est un impératif. Il ne s’agit pas de se gendarmer derrière les enfants et d’étouffer leur envie légitime de découvrir le monde. Il s’agit de promouvoir le dialogue et la co-construction des choix pour la vie. Le dialogue parent-enfant, l’école des parents, l’initiative Agbazatché en cours de mise en œuvre dans mon département ministériel ont donné des résultats satisfaisants et méritent aujourd’hui d’être généralisés et même systématisés dans toutes les communes à travers les Centres de promotion sociale.
J’appelle tous nos partenaires, les ONG nationales et internationales, les institutions du Système des Nations -Unies à nous rejoindre pour des actions encore plus fortes en faveur d’un environnement numérique sécurisé pour le bien-être des enfants.
Chers partenaires, chers parents, chers professionnels de tous les domaines qui convergent à la protection et au bien-être de l’enfant, mettons-nous ensemble et collaborons pour un accès universel mais sécurisé de chaque enfant du Bénin à un environnement numérique de qualité !
Vive les enfants du Bénin !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.