Le dimanche 17 septembre 2023 a connu, à Cotonou, la clôture des 50èmes mondiaux de pétanque. Une compétition qui a tenu en haleine le public sportif béninois et celui du monde entier pendant une dizaine de jours. L’heure est désormais au bilan. Si Karel Dohnal, directeur des compétitions au niveau de la Fédération internationale de pétanque et jeu provençal a été charmé par l’organisation soutenue par le gouvernement béninois, Guy Tronnou, sélectionneur national et directeur technique national de la Fédération béninoise de pétanque, va au-delà. Dans une interview, le technicien béninois a fait le bilan de la compétition sur plusieurs plans. Il aborde son avenir au niveau de la pétanque. Ci-dessous, l’intégralité de ses propos.
Le Matinal : C’est désormais la fin de la compétition à Cotonou. Quel bilan général faites-vous de ces mondiaux de pétanque au Bénin ?
Guy Tronnou : Nous avons eu deux championnats du monde. Un championnat du monde doublette tête à tête et mixte. Nous avons la triplette également. L’équipe béninoise a bien démarré le premier championnat où nous avons eu deux médailles : une médaille d’or et une médaille d’argent. En Triplette, nous avons un peu joué parce qu’il nous manquait peut-être un peu de cohésion. L’équipe n’a pas bien fonctionné en huitièmes de finale, et après, on nous a reversés en Coupe des Nations. Là, nous avons mis les jeunes qui se sont exprimés jusqu’en finale. En finale, on n’a pas pu non plus convaincre parce qu’il y a eu un petit malentendu qui a donc causé cette défaite, mais c’est le sport. Déjà, il faut dire que l’équipe béninoise a atteint l’objectif qu’on voulait, parce que nous avons fixé trois objectifs. C’est vrai qu’on voulait la Doublette homme, le Tête-à-tête homme et la Triplette, mais malheureusement, ça nous a un peu échappé. Néanmoins, nous avons eu deux médailles dans deux disciplines. Ce qui nous réjouit parce qu’après tout, nos athlètes ont quand même confirmé, sauf quelques dérapages, que nous avons eus en cours de chemin. Nous allons retravailler et il faut que l’équipe puisse être vraiment performante la prochaine fois.
Que pensez-vous de la sélection féminine du Bénin ?
On ne vendait pas chère leur peau. On a beaucoup travaillé avec ces filles, et elles ne nous ont pas déçues. Elles ont perdu en huitièmes, quarts de finale, et nous sommes quand même allés en finale de la Doublette mixte avec Laïma Sambo qui est sortie de nulle part. Avec le travail, ça paie. Cette fille est devenue championne du monde aujourd’hui. On ne peut qu’être satisfait pour le Bénin et dire que la pétanque évolue.
Est-ce qu’on va assister à un remaniement de l’effectif pour les prochaines fois, puisque d’aucuns disent que ce ne sont pas les meilleurs que vous aviez sélectionnés pour cette compétition ?
Non ! Quand vous ne réussissez pas, les langues se délient parce que pour eux, on n’a jamais pris les meilleurs. Nous avons fait trois mois de préparation, on a pris beaucoup d’athlètes. On en a lâché quelques-uns à la fin. Je pense que ces résultats que nous avons accomplis nous satisfont. Il y aura toujours de mécontents. Un remaniement ? Non, parce que moi, d’abord, je prends ma retraite. Le remaniement au sein de l’équipe nationale, je ne pense pas parce que chaque fois qu’il y a un championnat d’Afrique ou du monde, nous essayons de piocher dans tout le Bénin, les meilleurs de chaque département et nous les faisons travailler pour ressortir les meilleurs. Cette fois- ci, ce sont les meilleurs que nous avons sortis, ceux qui ont prouvé. Ce sont les meilleurs qui ont joué maintenant. Peut-être demain, ceux qui n’ont pas été pris pourront prouver. En attendant, moi je suis fier de ces athlètes.
De quoi sera faite votre après retraite puisque vous venez de l’annoncer ?
Guy Tronnou est d’abord un formateur. Je vais continuer à former la performance des jeunes, les arbitres, les éducateurs puisque nous avons un centre à Adjagbo (Commune d’Abomey-Calavi) que je gère avec le promoteur. Ce serait mieux parce que j’aurai moins de pression. Ce n’est pas une chose facile de s’occuper de l’équipe nationale, de s’occuper d’un peu de tout. Je serai là, mais ça ne vaut pas la peine que j’essaie de continuer.
Est-ce que vous êtes content pour avoir été à ce poste ?
Moi je suis déjà Dtn depuis la France. Ce n’est pas ici (au Bénin ndlr) qu’on m’a nommé Dtn. C’est mon diplôme qui me l’a donné. Etant venu chez moi, je me dois de servir le pays. Ce n’est pas la tête du client. Maintenant, on est en train de former des éducateurs pour que, s’ils arrivent à performer, nos jeunes puissent avoir de l’avance, de pouvoir gagner au haut niveau. Maintenant que je suis à la retraite, cela ne veut pas dire que je vais abandonner complètement mes éducateurs. Je vais les aider également. Juste que moi-même, je ne serai plus en action.
Est-ce que la pétanque béninoise a de beaux jours devant elle ?
Je remarque souvent que nous les Béninois, nous pensons être le nombril du monde. Quand on démarre un sport, on voudrait qu’on soit les meilleurs au monde. C’est une éducation. C’est également un enseignement. Le Bénin est aujourd’hui dans le peloton de tête. On a beaucoup travaillé, et on est fier pour ça. Mais dans une compétition mondiale, c’est toujours difficile de dire que nous allons gagner. L’objectif doit être fixé pour que nos athlètes puissent arriver à nous satisfaire. Je vous dis que, aujourd’hui, le niveau béninois à la pétanque est quand même au sommet. On est passé un peu à côté de la Triplette parce que nous avons une star qui n’a pas rendu. Ce sont quand même les aléas du sport. Il n’a pas été dedans, et il est passé à côté. Sinon, ce qu’on pensait faire avec lui n’a pas marché. Ce n’est quand même pas une fin en soi. On a encore des choses devant.
Qu’est-ce qui manque aujourd’hui à la pétanque béninoise ?
On a besoin du soutien, et on l’a eu cette fois-ci. Les gens nous traitent de délinquants. Et quand on voit un chef d’Etat s’investir avec son ministre des Sports pour nous accompagner, c’est un grand encouragement par rapport au football même. Ce n’est pas la même mentalité. Je suis fier que mon pays soit révélé. Trente-sept pays venus de tous les bords, tous les Continents pour participer à ces championnats, je pense que le Bénin a déjà gagné.
Un mot à l’endroit du public sportif béninois
Je voudrais bien remercier ce public présent qui a été très chaleureux, qui nous a poussé loin. Jamais, je n’avais vu un public comme ça. C’est le 20ème championnat du monde auquel j’assiste en tant que coach ou sélectionneur, mais c’est la première fois que je vois une organisation de taille, et vraiment tout le monde est content et c’était la grande fête. En tout cas, on remercie le public, on remercie le Bénin et on remercie également notre ministre des Sports.
Propos recueillis : Karol B. Sékou (Coll)