A la suite du 9ème message du président Patrice Talon sur l’état de la Nation, plusieurs personnalités ont accepté de livrer leurs impressions sur le discours prononcé par le chef de l’Etat. Ci-dessous, leurs avis.
Chantal Ayi, députée du Br : « Notre machine est relancée »
« Pour nous, c’est un discours très très simple, un discours bien structuré et un discours finalement buvable. Buvable parce que nous y avons entendu l’essentiel qu’il fallait y entendre. Et s’il y avait besoin d’un mot d’ordre pour que le citoyen béninois lambda, fut-il député ou même ministre voire artisan, se dise qu’il a raison d’avoir de l’espoir dans le devenir du Bénin, je pense qu’il est appréciable . C’est vrai, ce n’est pas moi l’auteur de ce discours et donc ici, je ne parlerais pas d’autorisation. Mais, mes attentes, nos attentes, les attentes de la Représentation nationale sont comblées. Et les attentes en ce que soutien du gouvernement, sont au-delà des circonstances. Juste que nous avons eu à sacrifier à cette tradition, nous sommes dans la dynamique. En somme, la dynamique est lancée. Notre machine est relancée. Il n’y a aucune raison que la dynamique qui est en place ne soit pas entretenue, parce que cette dynamique donne des résultats et nous voyons beaucoup de résultats sortis de terre. Notre pays est en chantier. Nous avons de l’eau, de la couverture en eau potable à 80%. Est-ce que c’est un chiffre qui nous parle ou cela ne nous parle pas? Nous avons pratiquement 75% et bientôt 95% de nos enfants qui vont manger à l’école. Est-ce que c’est un chiffre qui nous parle ou ça ne nous parle pas? Nous avons des hôpitaux de grande facture, des plateaux techniques qui sont mis en place. Est-ce que ce sont des choses qui nous parlent ou qui ne nous parlent pas ? On va dire que le Bénin a commencé à être révélé, à paraître en bonne place dans les classements par rapport à certains domaines. En infrastructures, on est classé à l’international. Nous sommes très fiers de faire partie de cette dynamique. Nous sommes fiers surtout que le quotidien des Béninois change tous les jours. C’est-à-dire qu’ aujourd’hui, demandez à un zémidjan, il vous dira « Moi je prends la route avec mon casque, je suis tranquille, je ne dépense plus autant d’argent pour pouvoir réparer ma moto. » Demandez aux bonnes dames si dans les nouveaux marchés qui ont été construits, si elles ne sont pas contentes d’exercer finalement leurs activités génératrices de revenus dans de meilleures conditions…»
Propos recueillis par Jules Yaovi Maoussi (Br Ouémé-Plateau)
Anique Djimadja, actrice politique : « C’est un bilan vrai, franc, sincère »
« Le chef de l’Etat s’est conformé aux exigences de l’article 72 de la Constitution du 11 décembre 1990 qui impose au Président de la République, de délivrer face aux députés une fois l’an, son message sur l’état de la Nation. Le président Patrice Talon a sacrifié donc à cette tradition. Il faut souligner que c’est son avant dernier discours qui intervient aussi à 17 mois de la fin de son mandat. On peut dire que deux aspects significatifs se dégagent de ce discours : l’aspect technique qui fait le point des réalisations et là-dessus, c’est un bilan vrai, franc, sincère et sans fioritures qui est dressé avec ses notes de satisfaction et d’insatisfaction. En reconnaissant les défis qui restent à être relevés notamment sur la question du terrorisme et de la cherté de la vie, le chef de l’État invite le peuple à être fier des prouesses réalisées. Dans un contexte international difficile, il faut saluer la résilience de l’économie nationale et reconnaître que le Bénin poursuit sa marche inexorable vers le développement. Classé 2ème en Afrique et 1er dans l’espace francophone en matière de transparence budgétaire et de performance économique, ne pas le reconnaître est un déni du succès. Aujourd’hui, nous sommes parmi les 25 destinations les plus appréciées au monde et nous sommes 5ème en matière de qualité du réseau routier. Nous avons bien des raisons d’être fiers et ça le chef de l’Etat nous l’a rappelé. Le deuxième aspect est celui politique. Et là-dessus, il y a quelques enseignements ou leçons à retenir. Le Chef de l’Etat met en garde contre toute tentative d’usurpation du pouvoir par des voies autres que celles prescrites par notre Constitution. Il attire surtout l’attention sur le faite que le Bénin est au-dessus de tout et tant qu’il est au pouvoir, il ne permettra aucune tentative qui pourrait remettre en cause la paix et la sécurité de ses compatriotes. C’est un discours rassurant qui prouve une fois encore qu’il tient son gouvernail. Personnellement, j’ai été séduite par la simplicité, la structuration et la pertinence du discours. »
Propos recueillis par Gabin Goubiyi
Issiaka Arouna, député Ld : « On a senti de l’autosatisfaction dans le message du chef de l’État »
« Il n’y a rien de nouveau sur la terre. On a senti de l’autosatisfaction dans le message du chef de l’Etat pourtant, les faits sont là, patents. Nous sommes bien heureux que, dans certains aspects, le président de la République ait reconnu la cherté de la vie et les difficultés auxquelles les populations sont confrontées. Je crois qu’il est revenu sur ces questions. Comme lui-même l’a dit, il a déclaré qu’il n’a pas besoin de nous étouffer avec des chiffres. Est-ce que les chiffres, il y en avait si tant reluisants pour qu’il puisse nous en donner ? Lorsqu’on a décidé de se faire élire aux fonctions présidentielles, c’est bien sûr parce qu’on a envie d’apporter du meilleur aux populations béninoises. Donc, il n’y a pas de mérites exceptionnels de la part du président de la République à réaliser ce qu’il a réalisé. Sinon, son mandat n’aurait pas sa raison d’être. Donc, par rapport à cela, nous estimons qu’il y a problème, lorsque lui-même reconnaît qu’il y a la cherté de la vie, des difficultés. C’est un aveu que les choses ne marchent pas bien comme nous sommes en train de les présenter. En tant que père de la Nation, compte tenu de ce qui se passe aujourd’hui, relativement au Code électoral et autres problèmes, je pense que le chef de l’État avait besoin d’un discours un peu plus conciliant, rassembleur, de père de la Nation…»
Source: Télévision nationale
Mahougnon Kakpo, premier secrétaire parlementaire : « Nous avons constaté que les lignes bougent … »
« Lorsque vous suivez ce discours du chef de l’Etat sur l’état de la Nation en tant que Béninois, vous ne pouvez qu’éprouver un sentiment de fierté, fierté d’appartenir à une Nation résolument et de façon irréversible qui va de l’avant, fierté d’avoir un chef qui dit comment les choses doivent être désormais, fierté d’avoir un chef qui affirme la détermination d’aller de l’avant. Il a précisé que ce dynamisme qui caractérise désormais notre démocratie et qui fait avancer notre pays, dépend de notre volonté d’aller de l’avant parce que tout développement provient d’abord des hommes qui animent les différentes actions qui mènent vers le développement mais lorsque ces hommes ne sont pas animés d’un état d’esprit qui va de l’avant, vous ne pouvez jamais aller nulle part. C’est cette affirmation que vient faire le chef de l’Etat pour confirmer ce que nous avons vu et vivons depuis des années pour montrer qu’il faut avoir cet état d’esprit pour aller réellement de l’avant. Le chef de l’Etat a fait le point des activités dans tous les secteurs et nous avons constaté que les lignes bougent dans la plupart des secteurs. A la fin, il a surtout insisté sur le développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Dans ce secteur, nous ne pouvons que faire confiance au gouvernement parce que tout va comme cela a été prévu. Bientôt, nous aurons la réalisation des lycées techniques de même que des écoles professionnelles…»
Source: Télévision nationale
Moudassirou Bachabi, Sg de la Cgtb: « Il est possible de bâtir autrement le Bénin »
« Je suis profondément déçu et attristé. En effet, le discours du président de la République devant la représentation nationale le 20 décembre 2024 a fini de me convaincre définitivement qu’il ne connaît vraiment pas le job que le peuple béninois lui a confié depuis 2016. Quand je synthétise, je retiens du discours que » le président de la République, chef du gouvernement, premier magistrat, chef suprême des armées et père de la nation du Bénin dit à son peuple que, s’il ne vit pas le mieux-être ce n’est pas important, du moment où des non Béninois sont admiratifs de ce qu’il fait, le pays va bien. » Ce discours est plus qu’une offense au peuple béninois, parce que dit-il, » le Bénin a trouvé son chemin… » De quel chemin s’agit-il ? Quand on sait que sa gouvernance en 2024, a rendu tristement célèbre le Bénin en matière de bavures policières, de restriction de l’espace civique, d’arrestations et de détentions arbitraires de leaders syndicaux, d’interpellations avec des méthodes peu orthodoxes d’appauvrissement des ménages, de matyrisations des paysans et généralisé peur. Même les réalisations dont il se flatte dans ce discours n’autorisent pas qu’un Président de la République perde du vue l’humilité qu’exige son job pour utiliser certaines expressions à une occasion aussi solennelle, que celle d’un discours sur l’état de la nation. En somme, j’ai vu un Président paniqué par sa découverte son échec, qui cherchait désespérément refuge dans l’intimidation et la promesse du chaos à son peuple. Le président Patrice Talon a tout simplement manqué l’occasion de se réconcilier avec le vrai peuple qui, j’en suis convaincu, saura certainement, lui prouver qu’il est possible de, » bâtir autrement le Bénin ». »
Propos recueillis par G. G.
Moukaram Koussonda, député Br : « Ce gouvernement-là est à féliciter…»
« Je me retrouve à travers ce discours parce que je l’ai suivi de bout en bout. Il a démarré d’abord par le coté sécuritaire et c’est réel, c’est ce qui se passe dans notre pays qu’il a révélé et nous devons féliciter les Forces de défense et de sécurité par rapport à cela. Ensuite, il a parlé de la cherté de la vie. Elle n’est pas seulement au Bénin même le géant de l’Est est aussi affecté. Donc, ce n’est pas une illusion aujourd’hui de dire que la cherté de la vie est internationale. Notre pays n’est pas exclusivement confronté à ce phénomène. Ensuite, les infrastructures. Je ne vais pas me mettre à les citer. C’est tangible, c’est visible sur le terrain. Dans le domaine de l’eau potable, les réalisations se font au jour le jour sur le terrain. Malgré qu’il y a quelques forages négatifs, le gouvernement persiste et signe qu’il va donner de l’eau potable à tout le monde à l’horizon 2026-2027. Ce gouvernement-là est à féliciter. Le chef de l’Etat a également parlé de l’industrialisation du pays. Je pense que celui qui peut douter, peut aller à Glo-Djigbé pour voir ce qui se passe et aujourd’hui, on peut bomber notre poitrine que Cotonou soit classé parmi les villes les plus propres de l’Afrique de l’ouest. C’est une fierté vraiment. Je me retrouve à travers le discours. Cela n’a fait que révéler ce qui se passe dans le pays ».
Propos recueillis par Jules Mahoussi (Br Ouémé-Plateau)