La question de l’approvisionnement en eau potable et sa gouvernance demeure un des facteurs déterminants pour le développement économique et social d’un pays. Conscient du fait, le gouvernement du président Talon ne cesse de multiplier les efforts pour assurer un accès équitable à tous. Malgré les efforts, l’eau potable demeure inaccessible aux populations même dans les grandes villes du pays.
Le besoin en eau est la chose la mieux partagée dans le monde. On peut rester plusieurs jours sans manger, mais on ne peut rester plus de trois jours sans boire. Nous pouvons varier les aliments que nous mangeons et même refuser de manger tel ou tel aliment, mais nous ne pouvons refuser de boire de l’eau. En moyenne, chaque personne doit pouvoir disposer d’un minimum de 50 litres, l’idéal étant 100 litres, d’eau potable par jour, pour boire, cuisiner et pour son hygiène personnelle. L’eau est indispensable à l’organisme humain. Elle représente 85% de la masse du cerveau, 73% de celle du foie, 86% du coeur et 83% pour le sang ainsi que les reins. Elle constitue donc l’élément fondamental qui lie tous les organes du corps humain. La consommation d’une eau de mauvaise qualité portera atteinte à ces organes, voire donnera un coup fatal à l’organisme tout entier. Donc, notre santé dépend dans une large mesure de la qualité de l’eau que nous consommons. Après de nombreux travaux de recherches menés sur les maladies d’origine hydrique, Louis PASTEUR déclara: «80 à 90% des maladies dont nous souffrons sont liées à l’eau que nous buvons». L’eau, au lieu d’être source de vie, peut devenir vectrice de transmission de maladies mortelles. Elle est donc ni ange, ni démon. La qualité de l’eau de boisson doit préoccuper tout le monde.
L’eau potable est donc un élément essentiel au bien-être des populations. Et pourtant, la consommation domestique journalière des ménages dans certains milieux ruraux au Bénin ne dépasse guère 30 litres. Angèle A, mère de cinq enfants, raconte le calvaire que vivent les femmes du village de Tatonougo, dans la région des collines au centre du pays : « Nous n’avons qu’un seul puits qui dessert tout le village. Pendant la saison sèche, chaque ménage n’a droit qu’à une bassine d’eau de 30 litres pendant trois jours. Parfois, nous sommes obligés d’aller jusqu’à Savalou, à des kilomètres d’ici, pour laver notre linge et ramener un bidon d’eau.». Il y a quelques années, le taux d’accès à l’eau potable était de 68,1% au Bénin. Mais ce chiffre cache de fortes disparités entre les différentes régions du pays. En milieu rural, le manque d’eau potable pose de nombreux problèmes. Les enfants sont affectés par des maladies hydriques comme la diarrhée et le choléra. Les filles abandonnent l’école pour parcourir chaque jour des kilomètres à la recherche d’eau. Même en milieu urbain, l’eau potable se fait rare en saison sèche comme en saison des pluies. C’est le cas de la ville de Cotonou, où pendant des mois, la fourniture d’eau potable fait défaut au quartier Akpakpa et ses environs. Il faut se lever vers 3 heures ou 4 du matin pour faire des réserves sinon vous allez passer une journée sans qu’une goutte d’eau ne coule du robinet. Selon les populations riveraines, cette situation se justifierait par le fait que l’eau qui alimente Cotonou quitte la Commune d’Abomey-Calavi, et avant d’atteindre Akpakpa, le débit est faible. Ce qui fait que l’eau n’arrive pas à Akpakpa en journée. Les habitants sont obligés de recourir aux forages et aux suppresseurs. Un peu plus loin de Cotonou, Véronique, agricultrice et mère de six enfants, confie que les forages ne sont pas la panacée : « Les rares puits creusés se tarissent vite. Il faut se réveiller à l’aube pour aller faire la queue, et revenir avec une bassine de 25 litres que doit utiliser toute la famille. ».
Un accès équitable et durable
Pour régler ce problème, le gouvernement du Bénin a lancé depuis son installation un nombre important de projets et programmes, notamment le Programme national d’alimentation en eau potable en milieu rural. Démarré en janvier 2016 avec l’appui du Pnud, celui-ci a comme objectif de faire passer le taux de desserte d’eau potable en milieu rural à 70% en 2017, et de contribuer à la réalisation de l’Objectif de développement durable 6, en lien avec le Programme d’actions du gouvernement 2016 – 2021. Plus de 300 villages dans 54 Communes sur les 77 que compte le pays seront ainsi équipées de pompes à motricité humaine, alimentant près de 80 000 personnes. Les zones frontalières du Bénin avec ses voisins ont été privilégiées, en particulier les établissements scolaires et centres de santé. La gestion financière et matérielle du programme a été confiée au Pnud, qui s’est chargé de l’identification des sites et de la sensibilisation des populations, des études d’implantation et du contrôle technique des travaux. 15 mois après sa mise en œuvre, en mars 2017, 244 forages avaient déjà été réalisés. Des séances de sensibilisation sur les règles d’hygiène à observer autour des points d’eau sont organisées au profit des populations, qui jouent aussi un rôle important dans l’entretien et la maintenance des pompes. Les habitants cotisent et versent chaque mois une somme de 5000 FCfa à la mairie. L’argent sert à acheter des pièces de rechange et à faire les réparations. La satisfaction des besoins en eau est non seulement fonction de sa disponibilité, mais aussi de sa qualité, fer de lance du développement économique et de l’épanouissement de l’Homme. Mais il se trouve que les ressources hydrographiques sont disproportionnellement réparties dans l’espace. L’eau est abondante dans certains endroits et sous plusieurs formes, mais bien rare dans d’autres.
Des actions fortes
Le gouvernement du Bénin à travers l’Anaepmr continue d’investir massivement dans le développement des systèmes d’approvisionnement en eau potable (Saep) modernes, la remise en état de fonctionnement et la mise en conformité des anciens ouvrages, l’organisation de la gestion durable du service public de l’eau potable en milieu rural, en vue de la concrétisation progressive de l’accès universel aux services d’Aep. Les principales avancées du deuxième semestre de l’année 2023, se résument ainsi qu’il suit : Au titre des mesures d’accompagnement nécessaires à une fourniture durable du service public de l’eau potable en milieu rural, le suivi par l’Abe de la mise en œuvre des Plans de gestion environnementale et sociale (Pges) de huit chantiers de Saepmv, le transfert de deux (02) nouveaux Saepmv dans les Communes de Djakotomey et de Agbangnizoun, de deux (02) extensions Soneb dans les Communes de Sèmè-podji et d’Abomey-Calavi aux opérateurs et de quatre anciennes Aev remises en services. Au total, quatre (04) nouveaux ouvrages (deux (02) Saepmv et deux (02) extensions Soneb ont été transférés aux opérateurs, la réalisation du diagnostic des travaux d’urgence de cent trente-cinq (135) Aev pour le renouvellement des groupes électrogènes, électropompes et travaux de génie-civil des bornes fontaines et châteaux d’eau, l’achèvement de quatre-vingt-cinq (85) inventaires et de diagnostics des pannes sur les cent quatre-vingt-onze (191) Aev déclarées en panne par les mairies pour la réalisation des travaux de mise en conformité.
Au titre de l’amélioration de la performance et la gouvernance du service de l’eau potable en milieu rural, il y a la sélection d’une entreprise pour « la réalisation des travaux de remise à niveau des plateformes pédagogiques pour deux nouveaux programmes de formations de prise de poste au Cfme». Au titre de l’achèvement des travaux et réception des ouvrages d’Aep en milieu rural, le transfert de deux (02) extensions sur le réseau de la Soneb à l’Anaepmr. Au titre des indicateurs de performance du sous-secteur, l’actualisation des indicateurs sur le point actualisé et concerté (Anaepmr, mairies) des ouvrages hydrauliques d’Aep en milieu rural, prenant en compte les nouveaux ouvrages mis en services, et les anciens ouvrages d’Aep autre fois en pannes remis en état de fonctionnement. Le branchement de deux cent quatre-vingt-quatre (284) nouveaux abonnés particuliers. L’estimation à 79,4% du taux de desserte en milieu rural sur le plan national.
Sergino Lokossou