Dans l’attente des résultats des examens de fin d’année, les candidats sont plongés dans une certaine anxiété et confrontés à des défis émotionnels et psychologiques. Dans cette interview exclusive accordée au quotidien Le Matinal, Elvis Assogba, docteur en psychologie clinique et psychopathologie, donne des conseils pratiques aux parents pour aider leurs enfants à gérer le stress et l’anxiété, à maintenir une communication ouverte, et à développer une résilience face aux défis académiques.
Le Matinal : Quels conseils donneriez-vous aux parents pour aider leurs enfants à gérer leurs émotions, qu’elles soient positives ou négatives, lors de la réception des résultats ?
Elvis Assogba : Aux parents, mes conseils sont déjà de commencer par observer leurs enfants avant, pendant et après les résultats des examens.Un bon regard sur son enfant permet de détecter la présence ou non de signes d’anxiété ou de détresse psychologique chez le candidat. Ce constat permettra aux parents de revoir sa posture, car généralement, l’état de l’enfant est le plus souvent conditionné par celui de son ou ses parents. Revoir sa posture, histoire de mieux se rapprocher de son enfant afin de le rassurer que le temps actuel soit aux résultats et non à une quelconque sanction, car que le résultat soit positif ou négatif, la vie continue. Ensemble, ils auront un bilan à faire afin de tirer un certain nombre de leçons.
La période actuelle est réservée à l’observation des enfants et à plus de dialogue avec lui. Il faut aussi voir l’alimentation de l’enfant, son sommeil, son état émotionnel global afin de savoir quoi faire pour le préserver d’un éventuel choc à l’annonce des résultats et aussi ne pas oublier de solliciter l’aide de spécialistes quand c’est déjà tard.
Comment les parents peuvent-ils encourager leurs enfants à voir les résultats comme une étape dans leur parcours éducatif plutôt qu’une fin en soi ?
La question relative à l’encouragement de l’enfant par son parent après un échec est un peu complexe, car pour que le soutien ou l’encouragement de son parent soit efficace, il faudrait d’abord qu’il y ait un meilleur attachement parent-enfant entre les deux parties prenantes.
Généralement, ces détails échappent à tout le monde. Le risque de passage à l’acte ou d’acting-out chez un candidat est parfois dû à l’existence de facteurs de vulnérabilité chez le sujet que tout le monde (l’entourage) ignore ou banalise. Ce sont ces éléments qui constituent les leviers sur lesquels chaque parent devra travailler en amont afin que le relationnel soit efficace pour que la question de motivation fasse effet. Je vais compléter en disant qu’il faudra rassurer son enfant en essayant de changer ses auto-jugements exagérés. Le plus important, c’est ce qu’il faut devenir et non le diplôme. Rien ne prouve que les amis candidats qui sont admis aient d’office leur parchemin avant lui. Tout est question de providence. Les échecs sont humains et permettent lorsqu’ils font vraiment mal, de nous améliorer, d’être plus forts.
Quels sont les moyens efficaces pour motiver un enfant après des résultats décevants sans le stresser davantage ?
Les moyens efficaces pour motiver son candidat après un résultat décevant est donc de s’appuyer sur les leviers relations, le lien d’attachement entre les deux, car si le relationnel n’est pas efficace, tous les moyens de motivation ne seront pas efficaces. Il y a des enfants par exemple qui attendent que les résultats soient positifs afin de quitter le giron familial pour continuer les études supérieures loin des parents parce que justement, ils ne se sentent pas heureux, ils ne se sentent pas bien avec leurs réalités familiales. Et souvent, ce sont des enfants qui depuis la classe de seconde, priaient tous les cieux pour un jour avoir leur baccalauréat pour se retrouver un peu loin de la famille. Voilà malheureusement les résultats espérés ne sont pas au rendez-vous. Alors, on ne peut s’attendre qu’à un chaos.
Quels sont les impacts psychologiques potentiels des résultats d’examen sur les enfants et les adolescents ?
Les impacts psychologiques sont entre autres, la dépression, un traumatisme psychologique, des tentatives de fugue voire même de suicide ou même le suicide directement.
Quelles stratégies à long terme recommandez-vous pour aider les enfants à développer une résilience face aux échecs académiques ?
Après avoir discuté des résultats, il est utile d’aider l’enfant à fixer des objectifs réalistes pour la prochaine année scolaire. Ces objectifs doivent être spécifiques, mesurables, atteignables, pertinents et temporellement définis. Si les résultats montrent des lacunes, il peut être nécessaire de fournir un soutien supplémentaire, comme des cours particuliers ou des activités de renforcement. Ce soutien doit être présenté de manière positive, comme une aide pour atteindre les objectifs fixés.
Les parents et les éducateurs doivent montrer l’exemple en faisant preuve de résilience face aux défis. Partager des expériences personnelles où ils ont surmonté des échecs peut inspirer les enfants à persévérer. Par ailleurs, il est crucial de créer un environnement de soutien à la maison. Un environnement calme pour les études et du temps de qualité pour discuter des progrès de l’enfant peuvent grandement améliorer son bien-être et sa performance scolaire.
Propos recueillis par Estelle Vodounnou (Coll)