Le Bénin sous le leadership du président Patrice Talon, a franchi en 2024, des étapes importantes pour renforcer l’environnement favorable aux droits des enfants, grâce à une collaboration entre le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers comme l’Unicef. Plusieurs initiatives ont vu le jour, plaçant le bien-être des enfants, en particulier les plus vulnérables, au cœur des priorités nationales.
Le gouvernement du Bénin, ces dernières années, a initié plusieurs projets et programmes avec comme objectif d’assurer que chaque enfant au Bénin puisse jouir des mêmes droits. Le gouvernement a adopté le programme national d’accélération de l’éducation et du Bien-être des filles. Ce programme vise à remédier à un défi majeur : le décrochage scolaire des filles à mesure qu’elles avancent en âge. Ce programme se concentre sur quatre axes principaux. L’éducation pour toutes : Alphabétisation, écoles de la seconde chance et formations techniques pour les filles déscolarisées ou non scolarisées. Le maintien des filles vulnérables à l’école, avec de nouvelles mesures pour réduire significativement et durablement les violences basées sur le genre (VBG), y compris en donnant aux ménages vulnérables davantage de moyens pour éradiquer les normes sociales qui permettent et perpétuent les violences basées sur le genre en milieu scolaire. La santé et les compétences de vie via l’éducation à la santé sexuelle et reproductive dans toutes les communes et le renforcement des capacités des adolescentes et jeunes filles.
Une politique de protection sociale pour tous
Le Bénin s’est également doté d’une politique holistique de protection sociale (2024-2033), accompagnée de sa stratégie d’opérationnalisation (2024-2028). Quatre programmes phares ont été définis à savoir le renforcement des filets sociaux. Le développement des services sociaux et des assurances, la résilience face aux crises et le pilotage efficace du système de protection sociale. Parmi les interventions clés pour les enfants, on peut citer l’assurance maladie universelle, qui est non-contributive pour les plus vulnérables inscrits dans le Rsu, l’éducation inclusive et les cartes d’égalités des chances pour ceux en situation de handicap. A cela, il faut ajouter la nouvelle politique nationale d’alimentation et de nutrition. En matière de nutrition, la Politique Nationale d’Alimentation et de Nutrition (2024-2033) affirme l’engagement du Bénin en faveur du Pacte de Tokyo, qui prône une alimentation durable et équilibrée pour tous les enfants. Il y a également le projet phare de supplémentation nutritionnelle pour les 1000 premiers jours, d’envergure nationale qui s’étendra sur cinq ans (2024 à 2028). Son budget est estimé à 250 millions de dollars Us, avec une projection de 40 % provenant de la contribution du gouvernement et de 60 % des partenaires techniques et financiers. Ce projet ambitionne de renforcer progressivement la prévention de la malnutrition infantile et de renforcer les capacités de communication pour l’adoption de pratiques favorables à une bonne nutrition des enfants. Il consistera à fournir des suppléments nutritionnels aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’aux enfants âgés de 6 à 23 mois, pendant les mille premiers jours de leur vie, en complément des autres interventions existantes pour lutter contre la malnutrition infantile.

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Protection des enfants
Dans le domaine de la protection des enfants, quelques évidences montrent que le Bénin a enregistré des résultats significatifs dans plusieurs domaines comme celui de l’enregistrement des naissances où les progrès ont été significatifs. Cependant, les défis demeurent en ce qui concerne le retrait effectif des certificats de naissance avec 75 pour cent des enfants qui en possèdent. Les progrès enregistrés sont principalement le fruit des efforts déployés par l’Etat et ses partenaires y compris la société civile. L’environnement légal de la protection de l’enfant s’est amélioré en général. Dans le domaine de la Justice, le Code de procédure pénale a été révisé pour refléter davantage les problèmes des enfants. Un nouveau Code de l’Enfant et une Politique Nationale de Protection de l’Enfant ont été élaborés et adoptés en 2015. Les stratégies opérationnelles dans les domaines de l’enregistrement des naissances et de la justice pour mineurs ont également été renforcées et l’évaluation complémentaire du système de l’état civil au Bénin est en cours. Le Bénin dispose maintenant d’un plan d’action de la politique nationale de la protection des enfants, d’un programme national de développement du secteur de la justice (Pndsj), incluant des mesures pour les mineurs. Un cadre de partenariat plus adéquat reconnaît l’importance des organisations de la société civile comme prestataires majeurs dans la fourniture de services de protection. Malgré tous ces efforts, la situation générale des enfants ayant besoin de protection demeure très préoccupante. Le phénomène des enfants vivant séparés des parents demeure important malgré une tendance à la baisse du nombre d’orphelins et enfants rendus vulnérables par le Sida. On estime à 33 pour cent les enfants âgés de 0-17 ans qui vivent séparés de leurs deux parents biologiques (31,2 pour cent en 2006) et à 10 pour cent ceux qui ne vivent avec aucun des deux parents biologiques alors que ces derniers sont encore en vie.
Prévalence des Violences faites aux enfants
La prévalence des violences et abus faits aux enfants serait en progression continue. En 2014, plus de 91 pour cent des enfants de 11-14 ans ont affirmé avoir subi une forme de violence (89 pour cent en 2009). Une fille sur dix a de très fortes chances d’être l’objet d’une violence sexuelle ou d’attouchements. Ces cas de violences et d’abus ne sont presque jamais signalés aux agents de protection. Le phénomène du travail des enfants serait également en nette aggravation par rapport à 2008 avec plus d’un enfant sur deux (52,5 pour cent) impliqué dans le travail des enfants et près de quatre sur dix d’entre eux (40 pour cent) travaillent dans des conditions dangereuses. Les départements les plus touchés par ce phénomène sont le Couffo (82 pour cent), le Plateau (68 pour cent), l’Alibori (62 pour cent) et le Borgou (60 pour cent). En dehors des travaux domestiques familiaux traditionnels (travaux ménagers, petits travaux agricoles…), les enfants sont employés comme domestiques, pour faire du petit commerce ou sont sous-traités pour de gros travaux (agriculture, exploitation des mines) au Bénin ou dans les pays voisins. Le phénomène de la prostitution des filles âgées de 12 à 17 ans semble répandu et toléré en milieu urbain. Les données disponibles sur la traite des enfants estiment leur population à 40.317 filles et garçons âgés de 6 à 17 ans. Ces enfants et adolescentes qui proviennent des différents départements du Bénin et également des pays voisins sont le plus souvent recrutés par des réseaux organisés pour le travail domestique, la mendicité, la prostitution, le travail dans les mines et dans l’agriculture. L’ampleur exacte du problème et la situation des enfants de la rue ne sont pas bien connues car occultées par le phénomène plus visible des enfants mendiants. La mendicité occuperait 54 pour cent de la population des enfants de la rue. La situation des enfants faisant face à la justice serait critique malgré une nette amélioration de la législation les concernant. La plupart des délits et crimes commis contre des enfants ne sont pas dénoncés et le sort réservé aux enfants en conflit avec la loi n’est pas enviable, car les trois quarts d’entre eux sont incarcérés pour des délits mineurs pendant de longues périodes alors qu’ils devraient bénéficier d’alternatives à la détention. Les enfants vivant avec un handicap, au nombre estimé à 41,500, sont fréquemment victimes d’exclusion sociale et scolaire, car les communautés les considèrent comme des enfants sorciers.
L’ampleur de ces problèmes est expliquée par l’indigence du système de protection dont les services sont rares et les prestations de faible qualité. Les étapes d’identification, orientation, signalement des cas, de soutien psychologique et matériel, de réintégration sociale et familiale sont assurées par les agents des 85 centres de promotion sociale disséminés sur le territoire national et par un réseau d’Ong. Leur nombre est largement insuffisant et les personnels qui y travaillent manquent souvent de connaissances, de moyens et de motivation. L’accueil des enfants en situation de danger est assuré dans un réseau constitué de 97 établissements comprenant des orphelinats, des centres d’accueil et de protection d’enfants ou des familles d’accueil. Cependant, en réalité, le nombre exact de ce type de services et la qualité des prestations prodiguées aux enfants semble méconnu. La prévention se limite essentiellement aux actions menées par les Cps sous forme d’assistance financière ou matérielle et aux campagnes de sensibilisation de masse. Plusieurs évaluations ont révélé que l’assistance fournie par les Cps bénéficie rarement aux enfants qui en ont vraiment besoin et que les activités de sensibilisation sont épisodiques et très dépendantes des partenaires techniques et financiers.
Plateforme de gestion des centres d’accueil et de protection de l’enfant
Le gouvernement du Bénin s’est engagé depuis 2021 à poursuivre la mise aux normes des Centres d’accueil et de Protection de l’Enfant (Cape) en vue de favoriser le bien-être des enfants dans un cadre adéquat de vie, d’éducation et d’épanouissement. Ceci conformément à deux projets du programme d’actions du gouvernement (Pag) 2021-2026 à savoir, la modernisation des espaces publics de protection sociale et de promotion du genre et le projet appui à l’intégration socio-économique des personnes vulnérables. Ces projets viennent renforcer et appuyer la mise en œuvre du décret n°2012-416 du 06 novembre 2012 fixant les normes et standards applicables aux centres d’accueil et de protection d’enfants en République du Bénin.
Pour y parvenir, plusieurs activités préalables ont été menées. Entre autres, il y a la délivrance d’agrément aux promoteurs à jour, la fermeture des cape préjudiciables à la santé des enfants, la relecture de la loi n°2015-08 du 08 décembre 2015 portant code de l’enfant en République du Bénin, etc… C’est à la suite de cet assainissement du secteur qu’a été créée une plateforme numérique sécurisée pour la gestion des Cape. Cette plateforme a été officiellement lancée le 02 février 2023. Le lancement de cette plateforme vient répondre à la volonté du gouvernement de renforcer le système de protection des enfants au Bénin. Ce nouveau dispositif permettra de mettre fin aux irrégularités observées dans le rang de certains promoteurs de Cape, faciliter les formalités administratives à distance pour les personnes physiques ou morales qui désirent créer un Cape, organiser des sessions annuelles du comité d’étude des dossiers et assurer une meilleure qualité de l’examen des dossiers et des prestations et services offerts aux enfants. Au total, il existe au Bénin trois Centres d’accueil et de protection de l’Enfant (Cape) aux normes. Le centre de Kandi dans le département de l’Alibori, celui d’Allada dans l’Atlantique et le troisième à Cotonou dans le Littoral.
Perspectives pour une meilleure protection de l’enfant
Le Bénin n’étant pas le seul pays à avoir adhéré aux instruments internationaux de protection des droits de l’enfant, les perspectives sont d’identifier les bonnes mesures juridiques et institutionnelles de protection de l’enfant envisageables dans la sous-région pour les incorporer dans notre système national, d’évaluer la part budgétaire allouée aux politiques et institutions de protection de l’enfant au Bénin et enfin de définir un plan de plaidoyer stratégique auquel on pourrait arrimer la volonté politique en vue du renforcement du cadre légal et institutionnel actuel. C’est aussi l’occasion de rappeler l’un des engagements phares des dirigeants à travers la Cible 8.7 des objectifs de développement durable : « Prendre des mesures immédiates et efficaces pour supprimer le travail forcé, mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite des êtres humains, interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants, y compris le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats, et d’ici à 2025 mettre un terme à toutes les formes de travail des enfants ».

pour le gouvernement.
Sergino Lokossou