(« L’aide internationale n’existera plus », martèle-t-il)
Au Premier sommet économique de l’Afrique de l’Ouest tenu à Abuja du 21 au 22 juin 2025, le président béninois Patrice Talon a prononcé un discours marquant, sans note, dans lequel il a exhorté ses pairs à engager résolument l’Afrique de l’Ouest sur la voie d’une intégration économique authentique, condition sine qua non pour sortir la région de la pauvreté endémique qui l’accable.
Face aux chefs d’État ouest-africains réunis à Abuja, Patrice Talon a livré une intervention d’une rare vigueur. Rejetant toute illusion sur l’aide extérieure, il a dénoncé l’effritement de la coopération internationale et souligné l’urgence pour l’Afrique de compter désormais sur ses propres forces. « L’aide internationale n’existe plus et n’existera plus. Le seul moyen d’en sortir est que nous fassions les efforts nécessaires sur nous-mêmes pour nous développer », a martelé le président béninois. Selon lui, l’exemple des États-Unis, premier défenseur de ses intérêts, doit servir d’électrochoc pour les économies africaines encore trop dépendantes de l’extérieur. Dans un contexte où la Cedeao traverse une crise de confiance et d’efficacité, Patrice Talon a déploré la paralysie de l’organisation régionale face aux défis majeurs du moment. Pourtant, il refuse le fatalisme et invite à aller à l’essentiel : « Le besoin d’une intégration économique est indispensable », a-t-il insisté, soulignant le paradoxe d’une sous-région dont les économies se complètent parfaitement mais restent les moins intégrées du monde. « Le marché ouest-africain est le plus acte, celui qui donne le plus de potentiel à une intégration permettant une économie prospère. Nous sommes des économies qui se complètent comme nulle part ailleurs et pourtant nous sommes dans le monde l’économie la moins intégrée régionale. » a regretté le chef de l’Etat béninois.
Intégrer ou périr : l’ultimatum de Patrice Talon à l’Afrique de l’Ouest
Son appel à une véritable union économique a résonné comme un avertissement : sans intégration, l’Afrique de l’Ouest demeurera une « communauté de pauvreté », vulnérable à toutes les crises. Pour Patrice Talon, « Il est temps que l’Afrique fasse les efforts nécessaires. Il est temps que nos administrations, nos politiques fassent les efforts nécessaires pour réellement intégrer nos économies parce que si nous ne parvenons pas à la faire, nous resterons dans une communauté de pauvreté. » Le président béninois a également appelé à un sursaut collectif pour faire bouger les lignes. « Je veux dire à nos compatriotes que si nous ne partageons pas le même idéal démocratique, que si nous ne partageons pas le même idéal de liberté, que si nous ne partageons pas le même idéal politique, c’est moins grave que de ne pas partager le même idéal économique. L’économie c’est la survie et la pauvreté, est la mère de toutes les catastrophes. Si nous ne parvenons pas à sortir nos pays de la pauvreté, la démocratie sera compromise, les libertés seront compromises, la politique sera compromise si nous ne faisons pas les actions qu’il faut pour nous développer collectivement », a-t-il martelé. Ce plaidoyer passionné, conclu sous un standing ovation nourrie, restera le moment phare de ce sommet d’Abuja.
Gabin Goubiyi