Les petits exploitants et producteurs agricoles ont de bonnes raisons de se réjouir. Au profit de cette catégorie d’acteurs agricoles, le gouvernement a marqué son accord pour le démarrage du projet pilote d’intégration de l’assurance agricole indicielle dont la phase pilote va impacter 100.000 petits producteurs et éleveurs de bétail.
Le secteur agricole est inéluctablement l’un des fleurons du Bénin Révélé avec des prouesses et performances certaines. En témoigne les résultats et performances enregistrées dans les secteurs cotonnier et vivrier depuis 2016 dans le secteur agricole. Ces résultats qui font la fierté du pays et donnent la preuve de la transformation structurelle de l’économie béninoise sont portés, dans le secteur, par l’agriculture et l’élevage. Le maintien, sur la durée, des performances de l’agriculture béninoise est confronté à des risques climatiques croissants tels que les sécheresses et les inondations. L’agriculture et l’élevage sont bien adressés comme étant des activités où les principaux acteurs sont exposés à ces risques. Ces risques mettent en péril les rendements et les moyens de subsistance des producteurs. L’une des conséquences principales de cette situation est que ces acteurs n’arrivent pas à accéder aisément aux crédits pourtant indispensables à l’investissement. Pour faire face à un tel phénomène, les acteurs agricoles s’étaient mobilisés pour mettre en place l’Assurance mutuelle agricole du bénin (Amab). Malheureusement, cette expérience n’a pas été concluante dans la mesure où le modèle Amab n’intégrait pas tous les risques et n’était pas non plus différent de celui d’une assurance classique. Les risques et les spécificités de l’activité nécessitent une assurance spécifique au regard des perturbations climatiques. C’est tirant leçon de tout ce qui précède que le Conseil des ministres du mercredi 23 octobre 2024, a marqué son accord pour le démarrage du projet pilote d’intégration de l’assurance agricole indicielle.
Une bouée de sauvetage pour les petits exploitants
L’assurance agricole indicielle est destinée à favoriser l’accroissement de la résilience des petits exploitants agricoles face aux effets du changement climatique. Cette option fait suite à de sérieuses réflexions et études. Pour rappel, le processus a démarré en 2022 avec la réalisation d’une étude de faisabilité dont les résultats ont été validés en 2023. Ils tirent leçon de l’expérience de l’Amab tout en révélant le potentiel de marché pour l’adoption d’un programme d’assurance agricole. Dans sa phase pilote, le projet va couvrir tous les départements, impactera 100.000 petits producteurs et éleveurs de bétail, et s’étendra jusqu’à la campagne agricole 2024-2026. Cette phase pilote va s’appuyer sur un modèle innovant et inclusif en ce sens qu’elle consistera aussi en l’implication des faîtières dans la sensibilisation, l’échantillonnage de même que le suivi des bénéficiaires. Dans son opérationnalisation, le projet sera subventionné pour les premières années de sorte à accompagner les petits producteurs afin de leur permettre de se familiariser avec le produit et d’en apprécier les bénéfices. Ce faisant, il sera supportable par les acteurs du secteur qui pourraient bénéficier de l’assurance agricole via leurs faîtières respectives et les Services financiers décentralisés à travers le crédit agricole.
Les filières concernées
Les produits ciblés sont le bétail, le riz et le coton, respectivement comme filières animale, vivrière et industrielle. La pertinence de l’option du gouvernement mérite d’être saluée car contrairement à l’assurance agricole traditionnelle qui définit son tarif en fonction de la probabilité de sinistre, sur la base du rendement de l’année précédente, l’assurance indicielle utilise des indices météorologiques, et collecte des données satellitaires pour anticiper et gérer le risque. Dans le cas d’espèce, cette option promeut une approche multirisque et indicielle basée sur le rendement et non sur la pluviométrie, permettant donc un remboursement automatique de tous les bénéficiaires impactés, en cas de sinistre. L’assurance agricole indicielle ne joue pas seulement un rôle protecteur en cas de sinistres, mais peut aussi contribuer à renforcer la capacité productive. Une nouvelle ceinture de sécurité vient ainsi d’être offerte aux acteurs agricoles après les nouvelles mesures incitatives pour l’amélioration des conditions et modalités d’accès au financement du Fonds national de développement agricole (Fnda) au profit des exploitants et des petites et moyennes entreprises agricoles, adoptées en 2023.
Abdourhamane Touré