L’opposition est, sans doute, en train de dérouler son plan secret pour bloquer le processus électoral au Bénin. L’enchaînement des événements dans la journée d’hier mardi 09 février 2021 convie à cette évidence. Trois personnalités politiques, notamment Boni Yayi, Reckya Madougou et Daniel Edah, sont sorties de leur silence en lançant des appels divers dont le seul but est de compromettre la paix.
Actions isolées ou actions concertées ? Le timing choisi est suspect et laisse penser qu’il s’agit d’actions préméditées dont le chef d’orchestre est l’ancien chef de l’Etat.
L’ancien président de la République, Boni Yayi, est visiblement hostile à la paix. Comme lors des Législatives de 2019, il vient de donner le top d’actions concertées pour troubler le processus électoral en cours. Dans l’après-midi de la journée d’hier mardi, il a posté sur sa page Facebook un texte dont le contenu ne doit pas laisser indifférent. Il a d’entrée, demandé à toute la Nation d’œuvrer de toute sa force, de son corps, de son âme et de son esprit pour la paix, la sécurité de tous en ce moment sensible de l’histoire au pays de Béhanzin, Kaba, Bio Guerra etc. Selon lui, il s’agit d’un appel au peuple pour le dialogue et le consensus dans la gestion des affaires de la Cité. Mais, dans le fond, c’est une invite à la désobéissance civile et à l’insurrection populaire. En effet, Boni Yayi s’oppose à toute idée de prorogation du mandat de l’actuel Chef de l’Etat. A son avis, le prochain président démocratiquement élu devra prêter serment le 06 avril 2021 à Porto-Novo devant le peuple qui l’aura librement choisi. En d’autres termes, a-t-il signifié, le mandat du président Talon prend bel et bien fin le 05 avril 2021 à 00 h 00 mn 00 s conformément à son serment le 06 avril 2016. Et pour que son vœu se réalise, il confie, en sa qualité d’ancien chef suprême des armées, savoir compter sur l’inaction des forces de sécurité et de défense face à d’éventuels troubles à l’ordre public le moment venu. « Je lance un appel patriotique et humaniste aux Forces armées d’aider par l’abstention de l’usage de la force, à la relance des bases du consensus issu de la Conférence nationale de 1990. Le Bénin a besoin des forces armées du peuple et je sais pouvoir savoir compter sur la sagesse de nos frères d’armes », a-t-il déclaré. Ces déclarations, d’une extrême gravité, doivent inviter à la réflexion. Chaque mot dans ce texte a été choisi à dessein. Et tout laisse à croire que c’est écrit de toute éternité. Coïncidence pour coïncidence, cet appel est lancé juste après deux autres, en l’occurrence ceux des candidats à l’élection présidentielle, Reckya Madougou et Daniel Edah qui ont réagi par rapport au parrainage.
« Boni Yayi a un agenda personnel loin des préoccupations des Béninois », déplore le Consultant Maforikan
Décryptant cette actualité sur la chaîne de télévision E-Télé, le Consultant politique et Expert électoral, Agapit Napoléon Maforikan, estime que ces sorties ne sont pas anodines. Elles sont plutôt préméditées et entre dans le cadre d’une série d’actions planifiées dont le chef d’orchestre est Boni Yayi. « Il y a des actions concertées comme en 2019 où chacun vient jouer sa petite musique. Chacun utilise son statut d’ancien président de la Cour constitutionnelle, de professeur agrégé, d’acteur de la société civile, de personnalité africaine, d’ancien ministre, etc. pour embrouiller l’opinion », a-t-il fait observer. Toutefois, Agapit Napoléon Maforikan déplore cette posture de l’ancien président de la République qui réclame aujourd’hui un dialogue alors qu’en 2019, il a refusé de prendre part au dialogue politique organisé par le président Patrice Talon. « Cette posture de l’ancien président de la République doit rappeler les Législatives de 2019. Un peu avant la tenue du scrutin, Boni Yayi avait lancé des appels à la jeunesse de prendre son destin en main, vu que son parti a été disqualifié de la course. La conséquence de ces appels a été les douloureux événements postélectoraux qui ont secoué le pays. Aujourd’hui, le voici encore dans le même jeu de rôle, enfilant son costume de chef de clan. Où était-il depuis que la Constitution a été révisée ? Où était-il quand on organisait les élections communales sur la base ces textes ? Ces agissements montrent clairement qu’il est toujours dans l’affrontement », a-t-il fait savoir. Pour l’invité de Romuald Hounhoui, Boni Yayi joue à faire peur à ses concitoyens. Or, ce n’est pas le rôle conféré à une personnalité de cette envergure qui a présidé aux destinées du pays. Le rôle d’un ancien président de la République, a-t-il clarifié, est plutôt d’appeler à la paix. « Il ne peut que servir son pays dans la préservation de la paix », a-t-il martelé. Dans cette veine l’ancien conseiller à la Haac lui conseille d’aller à l’école de son prédécesseur Mathieu Kérékou qui l’a aidé à aller à l’élection présidentielle de 2011 avec la Lépi, malgré les vives protestations de l’opposition. « On ne peut pas admettre que Boni Yayi se prévale de ses titres d’ancien président de la République, ancien président de l’Union africaine et ancien chef suprême des armées pour appeler à la révolte. Ces statuts ne lui donnent pas une voix de plus que celle d’un simple citoyen », a-t-il fait observer.