Irénée Agossa, désormais ex-membre du parti « Les démocrates », et candidat au poste de vice-président à la Présidentielle du 11 avril prochain avec Corentin Kohoué parle à cœur ouvert de sa suspension et de sa candidature. Selon l’ancien président du mouvement « Le nationaliste », sa sanction est due au fait qu’il avait une vision claire, celle de sauver le parti et de l’amener à l’élection. Il a dénoncé la stratégie jusqu’au-boutiste de son ancienne formation politique qui ne lui a pas permis d’être dans les starting-blocks pour le scrutin. Le colistier de l’ancien préfet du Mono-Couffo a également mentionné le fait que sa candidature n’était pas prise au sérieux dès le départ par les responsables démocrates qui sont obligés d’en faire les frais aujourd’hui. C’était hier, lundi 15 février 2021 sur la chaîne de télévision privée E-Télé. Lire ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration.
E-Télé : Irenée Agossa, candidat à la vice-présidence avec Corentin Kohoué. Est-ce vous pensez être un candidat par défaut comme certains le murmurent ?
Irénée Agossa : C’est ceux qui ne croient pas qui murmurent ces genres de choses. Sinon comment par défaut ? Je disais bien avant décembre que je serais candidat. J’avais fait un choix et j’ai été rejoint par d’autres camarades tels que le président Kohoué. C’est un choix clair dans ma tête.
Même si vous ne portez pas les couleurs du parti « Les démocrates » ?
Oui puis qu’à un moment donné, ils n’y croyaient pas eux. C’est tout leur problème parce qu’il faut assumer son choix. Moi, j’avais fait l’option déjà de participer à l’élection présidentielle. Et dès que tu fais cette option, tu te bats pour remplir les conditions pour participer à cette élection. C’est à leur niveau qu’ils n’ont pas pu faire une option claire. Ils ont dit au début qu’ils ne veulent pas y aller si les conditions ne sont pas remplies et moi certaines conditions ne sont pas remplies. Et pourquoi ils ne font pas ce choix jusqu’au bout ? Et quelques jours avant, ils se décident maintenant de participer avec le duo qui a été choisi. Il fallait se préparer. Ce n’est pas à la veille d’un examen qu’on dépose son dossier pour dire qu’on mérite d’être candidat.
Qu’est ce qui s’est passé en réalité au sujet des parrainages ?
Les parrainages se négocient et il faut aller chercher la procédure d’obtention des parrainages. Les camarades et d’autres candidats se sont mis en esprit qu’en réalité, ils veulent aller à l’élection sans les parrainages. Ils se disent que le président Patrice Talon va sauter le parrainage. C’est une hypothèse.
Pourtant les deux candidats qui ont été désignés Reckya Madougou, en priorité, a dit qu’elle a essayé de négocier les parrainages !
Où ? Moi, je ne sais pas. Dans tous les cas, quand moi je me battais, je ne l’ai pas vu. Peut-être qu’elle a utilisé une autre méthode. Enfin, c’est qu’elle ne l’a pas eu. Il ne s’agit pas de dire, j’ai cherché le parrainage. Elle a cherché, elle n’a pas eu, qu’elle assume ! Qu’elle ne vienne pas dire que ceux qui l’ont eu, sont proches de Talon. Si elle l’avait eu, on dira quoi ? Pourquoi elle est allée chercher, sachant que c’est pour le président Talon et pourquoi elle se plaint maintenant de sa méthode ? On l’assume ! En politique, il y a ce qu’on appelle la responsabilité. On assume jusqu’au bout quand on fait un choix. Et quand on échoue, il ne faut pas chercher des alibis pour justifier son échec. Ils ont échoué et ils refusent de l’assumer.
Comment est-ce que vous avez procédé pour l’avoir ?
Je me suis pris très tôt et j’ai négocié. Parce que quand tu discutes avec un adversaire, tu négocies.
Qu’est-ce que vous leur avez dit ?
J’ai été clair. Je leur ai dit qu’il faut absolument que nous soyons candidat et que nous avons un projet qui permettra au pays de se stabiliser, que nous sommes les seuls capables même de les sauver.
Vous pensez qu’ils ont besoin d’être sauvés ?
Le pays ne peut pas continuer comme cela. Ce n’est pas possible. Il faut un calme. Il faut qu’on revienne un peu en arrière. Il faut qu’on prenne une pause, mais eux ils ne peuvent plus prendre une pause. Ils ont pris une allure et ils ne peuvent plus prendre une pause. Donc, il n’y a plus d’obstacles pour eux. Mais je dis non, ce n’est pas possible. Il y a des députés qui m’ont écouté et qui ont compris que c’est raisonnable. C’est seulement les miens qui m’ont minimisé et qui me prenait pour un rigolo. Or, en politique, il y a des règles qu’il faut respecter. Il ne faut jamais minimiser celui qui vous parle. Il ne faut jamais le sous-estimer. Il a des compétences et il ne faut jamais être orgueilleux en politique parce que cela va conduire à la jalousie et à la haine. Et c’est ce qui s’est passé entre eux. Ils ont renvoyé tout le monde y compris moi-même. Mais après, où est-ce qu’ils en sont aujourd’hui ? Ils sont en perdition.
Est-ce que vous avez fait quelque chose pour fédérer les efforts où bien leur retour ?
Je leur ai dit que j’ai le parrainage. Ils ne m’ont pas cru. Qu’est-ce que je peux faire de plus ? Ils m’ont minimisé. Et ils m’ont suspendu. L’autre chose, ce n’est pas moi ! Je suis vice-président. C’est le vice-président Corenthin Kohoué qui est aujourd’hui le candidat à la présidence. Moi, je ne suis que son colistier. Vous ne voyez pas qu’en fait, je n’étais pas attaché à ce poste ? Moi, j’avais une vision contrairement à eux : c’était de sauver le parti et de l’amener à l’élection. C’est pourquoi à un moment donné, j’ai dit Kohoué prend la tête, ils vont te comprendre parce qu’ils n’arrivent pas à me comprendre. Et nous avons pris le logo du parti pour déposer notre dossier. Dès qu’ils ont su, ils ont écrit à la Céna. Jusque-là, ils n’ont pas encore compris. On a retiré leur logo et on a pris nous, notre logo. Qui a été malin plus que qui ? Donc, cela veut dire que dans la jalousie et la haine, ils nous ont permis d’être là. J’entends aujourd’hui qu’ils disent que nous avons pris leur place.
Avec les Démocrates, le divorce est-il total aujourd’hui ?
Nous, on est toujours parce que nous visons le même objectif. S’ils n’ont pas pu, l’humilité devrait les amener à nous rejoindre. Puisque nous disons tous que nous voulons que le président Talon quitte le pouvoir. Ils n’ont pas pu. Ils devraient nous rejoindre puisque nous on est toujours ouvert. Mais ils nous ont attaqués. Cela veut dire simplement qu’ils ne voulaient pas le départ du président Talon. Et qu’est-ce qu’ils faisaient ? Ils ont fait de la souffrance du peuple un fonds de commerce. C’est-à-dire que si le peuple souffre, eux, ils en font un fonds de commerce. Aller sur Rfi, passer chez les présidents, dire que le peuple souffre. On ne dit pas que cela. Si le peuple souffre, il faut le sauver en passant par tous les moyens. Il y a une voie par laquelle vous pouvez prendre pour sauver le peuple. Vous avez refusé et vous vous attaquez à quelqu’un qui a rempli les conditions pour pouvoir permettre au peuple de s’exprimer. Cela veut dire que vous n’avez jamais voulu sauver le peuple. Vous êtes orgueilleux et tout ce que vous êtes en train de faire, c’est de profiter de cette misère et dire que vous êtes opposants. Donc, cette élection va clarifier deux positions. La vraie opposition qui veut effectivement que cela change et celle qui exploite la misère du peuple.
Quelle démarche pensez-vous mener auprès des candidats qui ne sont pas retenus pour cette fois-ci ?
Nous avons appelé chacun d’eux pour qu’ils nous rejoignent. D’abord, avant je disais si quelqu’un parmi nous a le parrainage, je ne vais même pas hésiter à le rejoindre. Et si on était plusieurs, j’avais même proposé qu’on allait faire un choix en notre sein. Mais, il s’est fait que c’est moi. Ils étaient sûrs qu’ils allaient passer aussi. Quand on a fini, je les appelle, ils ne décrochent pas. Mais un parmi eux a fini par décrocher.
Quelle était sa réponse ?
Il dit, pourquoi toi et pas moi. Mais, c’était toi qui étais dans la logique où c’est toi ou personne. En réalité, ils ne savent pas ce que c’est que la politique. En politique, on n’est jamais dans une position d’extrémiste. Dès que tu sens que son hypothèse n’a pas marché ou cela ne va pas dans un sens, il n’y a aucune raison que tu insistes.
Avez-vous appelé Reckya Madougou ?
Non !
Pourquoi ?
D’autant plus que c’était la reine, c’est elle qui avait tout. Elle était à l’extérieur, connaissait tous les chefs d’Etat. En bon ! Le combat est au Bénin et tu te lèves pour dire que tu connais tout le monde. Le combat est ici. Quand on veut faire face à son adversaire, on ne fuit pas. On dit, je suis fort et on lui fait face. Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Nous, on l’a prouvé. On n’a pas quitté le Bénin. Moi, je ne connais pas Macky Sall, je ne connais personne. Mais j’ai eu mes parrainages. Nous avons eu les parrainages et aujourd’hui, nous sommes la seule force de l’opposition et nous donnons l’opportunité au peuple d’apprécier le mandat du président Talon.
Et la Fcbe ?
Qu’elle vienne dire si elle est de l’opposition ou pas. Si elle est dans l’opposition, elle doit être dans le même objectif que nous. On n’en a pas discuté. Je ne les ai jamais croisés au cours d’une réunion. Je crois que nous avons encore le temps de voir tout cela. S’ils sont opposants, en quoi n’allons-nous pas nous entendre ?
Et si le parti décidait de vous soutenir ?
Qu’ils viennent. Nous, on est aucun obstacle. Nous sommes prêts car il n’y a pas d’erreurs qui ne se réparent pas. Ce serait pour le bien de tous ceux qui ont expérimenté. En fait, il y a un problème aujourd’hui, celui qui va remporter l’élection présidentielle d’avril 2021, il doit être absolument un candidat issu du peuple. Et nous, nous sommes un candidat issu du peuple. Et avec le peuple, on ne va pas en rang dispersé. Ce sont ceux qui ne sont pas dans la logique du peuple qui se sont auto-exclus. La preuve, nous avions dit que notre vision, c’est la restauration de la confiance et nous avons été clairs que nous avons un objectif pour y parvenir notre outil, c’est d’avoir un mandat de transition. Donc, nous savons ce que veut le peuple, le peuple veut la paix et veut que ce pays soit relancé.