L’heure est grave et la montée des chiffres interpelle, qu’il s’agisse des cas de contaminations que de décès. A la date du 18 août 2021, le Bénin compte 9 065 cas actifs pour 119 décès. Face à la menace de catastrophe sanitaire que fait constamment planer la pandémie du coronavirus, il est plus qu’impérieux d’agir. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. L’une des options qui s’offrent à l’Exécutif pour éviter l’hécatombe reste l’imposition du vaccin. Face à l’urgence, la vaccination ne saurait continuer d’être une option, mais plutôt une obligation pour tous. La batterie de mesures prises par le gouvernement à l’annonce du premier cas n’a pas manqué de produire ses effets. Même si le confinement total n’a pas été décrété, les mesures prises ont permis d’endiguer la progression de la pandémie. Le ministre de la Santé n’a manqué de sensibiliser et de tirer la sonnette d’alarme sur le risque que pourrait constituer un relâchement au niveau des gestes barrières. Mais aussitôt la répression limitée, les vieilles habitudes ont refait surface. Résultat, les chiffres grimpent et le centre de traitement d’Allada est sous pression. Doit-on continuer à se satisfaire de la sensibilisation ? Assurément pas. A l’instar de la Direction générale de la police républicaine, il faut aller au-delà de la sensibilisation en sautant les verrous qui jusque-là, bloquent l’engouement populaire pour la vaccination. Parfois, des circonstances exceptionnelles peuvent conduire à faire le bonheur d’un peuple contre son gré.
Gabin Goubiyi
Parakou apte pour la vaccination
« Les chiffres communiqués montrent que nous devons nous dépêcher pour aller nous vacciner contre le Covid-19 », a déclaré Inoussa Moumouni, citoyen de la cité des Kobourou rencontré au quartier Ladjifarani. Selon lui, au vue des statistiques présentées par le Ministère de la santé, tout le monde doit vite se faire vacciner. Au centre de santé communal de Parakou, les populations désireuses de se faire vacciner sont orientées très tôt. Une fois sur les lieux, une équipe médicale bien organisée prend en charge les populations selon l’ordre d’arrivée. « Moi, je viens de me faire vacciner. Le processus est bon. J’ai beaucoup apprécié le travail de l’équipe en charge de la vaccination à Parakou. Elle s’occupe bien des populations qui effectuent le déplacement. J’invite les populations de Parakou et environs à sortir massivement pour se faire vacciner et se mettre à l’abri de cette pandémie qui est à l’origine de beaucoup de décès au Bénin et dans le monde », a fait savoir Kader Aboubacar, enseignant retraité, rencontré devant le centre de santé communal. Sur-place, deux vaccins sont administrés. Il s’agit de Sinovac et de Johnson & Johnson. « Moi, je préfère le vaccin Johnson & Johnson », a fait savoir Jacques Touré, un autre citoyen de la cité des Kobourou. « Avec ce vaccin américain, je ne reviendrai plus pour un second dose », a-t-il ajouté. Comme lui, la quasi-totalité des populations préfèrent le vaccin américain à Parakou. Il est prisé pour sa dose unique.
Blaise Tampounhouro (Br Borgou/Alibori)
Mesures coercitives en vue de la vaccination contre la Covid-19 : La Police républicaine : un cas d’école
Face aux menaces persistantes de la pandémie de Covid-19, les agents de la Police républicaine ont désormais deux options. Se faire vacciner et bénéficier des stages et missions à l’extérieur ou s’abstenir de le faire et être privé de ces avantages que leur confère leur statut professionnel. Au-delà de son caractère coercitif, cette décision prise par la hiérarchie policière, devrait être suivie par d’autres maillons de l’administration publique.
Le développement tant prôné ne peut se faire sans l’homme qui en est d’ailleurs le premier déterminant. L’administration, qu’elle soit publique ou privée a, entre autres, pour devoir, de protéger les éléments qui la composent et l’animent. C’est certainement conscient de cet état de choses et de la montée vertigineuse des cas actifs de la pandémie à coronavirus que la police républicaine vient de donner le ton. Face à la persistance du virus, et outre le respect strict des gestes barrières, la vaccination reste le plus fort rempart pour ne pas contracter la maladie. Malgré cette évidence, des poches de résistance continuent d’être observées dans le rang de certains employés de l’administration dont les forces de défense et de sécurité censées assurer la répression. Dans un message téléphonique adressé à toutes ses unités, le directeur général de la Police Républicaine (Dgpr), Soumaïla Yaya, les a expressément appelées à satisfaire à cette recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). « Dans le cadre de lutte contre la Covid-19, les Forces de la police républicaine sont invitées à aller se faire vacciner sans délai, dans tous les différents postes de vaccination », indique clairement le message. Les agents qui auraient choisi de ne pas se conformer à cette note perdraient ipso facto, le bénéfice des missions et des stages dans leurs unités respectives.
Un taux de vaccination relativement faible
Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le nombre total de personnes déjà vaccinées au Bénin à ce jour n’est pas du tout encourageant. Moins de 25.000 personnes ont déjà été complètement vaccinées contre la Covid-19 sur l’ensemble du territoire béninois et 72.999 doses ont été administrées dans le cadre de la campagne de vaccination débutée le 29 mars dernier. D’après les dernières statistiques, le Bénin comptait 9.065 cas confirmés et 113 décès liés au nouveau coronavirus jusqu’au 10 août dernier. Les personnes âgées de plus de 50 ans constituent pour l’heure, la majorité.
Les réseaux sociaux et le consentement requis, deux obstacles à l’opération
Les principaux facteurs qui confortent les citoyens qui ; pour l’heure, refusent d’aller vers les centres de santé pour se faire administrer les vaccins, sont les polémiques alimentés sur les réseaux sociaux. Des informations erronées sont diffusées çà et là sur les vaccins, qui sont pourtant adoptés par les pays plus développés et exigés à tout voyageur foulant le sol de ces pays. Ces intoxications sont malheureusement considérées par ici comme des paroles d’évangile. L’autre goulot d’étranglement à la campagne de vaccination lancée depuis mars dernier au Bénin est le consentement requis des personnes. Quoique cette exigence soit légale, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit dans le cas d’espèce, d’une question de santé publique qui oblige les autorités gouvernementales à prendre des mesures hardies et même draconiennes.
Des administrations déjà au pas…
Dans plusieurs administrations publiques notamment les ministères et autres structures étatiques, les équipes mobiles du ministère de la santé font le tour suivant une programmation bien établie pour procéder à la vaccination. Même si beaucoup ont déjà satisfait à cette formalité, le taux de vaccination atteint n’est pas encore encourageant. Raison pour laquelle d’autres mesures méritent d’être prises pour contraindre les citoyens encore résistants à s’exécuter.
…Le Groupe de presse ‘’Le Matinal’’ aussi
Dans une note de service N°09/GPM/DRHL/SP/2021 en date du 13 Août 2021, le Président-directeur général du Groupe de presse « Le Matinal », Charles Toko, enjoint à tous les employés des différentes entités composant l’entreprise d’aller se faire vacciner contre la Covid-19 avant le 20 août prochain au risque d’être licenciés. La note de service indique d’ailleurs que « Passé ce délai, ils seront purement et simplement remerciés dans les conditions prévues par les textes en vigueur au Bénin ». Déférant à cette injonction, plusieurs employés du Groupe de presse ont déjà pris leurs responsabilités en allant se faire inoculer le vaccin. Quoique cette décision ait été diversement appréciée sur la toile, d’autres employeurs se doivent d’emboiter le pas au président directeur général du Groupe de presse « Le Matinal », car comme le précise d’ailleurs la note, toute entreprise a l’obligation de protéger ses employés.
G. G.