L’autonomisation de la femme occupe une place de choix dans les politiques publiques avec à la clé, diverses initiatives et facilitations du gouvernement. Mais au Bénin, nombreuses sont les pesanteurs sociales qui constituent des obstacles à l’autonomisation proprement dite de la femme.
Malgré les initiatives et mesures prises au Bénin pour l’autonomisation des femmes, certaines pesanteurs sociales plombent toujours les efforts. Au nombre de ces obstacles, les Violences basées sur le genre, les inégalités entre l’homme et la femme, le faible niveau d’alphabétisation des femmes et les mariages précoces forcés sont à combattre selon Rolande Quenum Adjovi, assistante sociale à la Direction des affaires sociales et de la microfinance. A l’en croire, ces pesanteurs constituent des normes sociales défavorables qui imposent à la femme un statut inégal, définissent son rôle dans la société et limitent le contrôle qu’elle a sur sa propre fécondité et son corps. « Les normes défavorables créent des attentes quant au rôle des femmes en tant que principales prestataires des soins, et contribuent au fait que le travail informel des femmes ne soit majoritairement toujours pas reconnue » appuie Hortense Adjibodé, Conseillère en emploi. Elle estime que les préjugés de genre subtils influencent les attitudes des femmes elles-mêmes et leurs préférences envers le travail, les promotions professionnelles, voire leurs propres perceptions, et acceptations parfois, de la violence et des comportements inadéquats au travail et au domicile. C’est ainsi que la lutte contre les pesanteurs sociales qui constituent un frein à l’autonomisation de la femme est désormais un enjeu de taille où l’effort de tous est recommandé.
Un enjeu de taille
Selon Rolande Quenum Adjovi, la lutte contre les pesanteurs sociales est un enjeu de taille. Pour elle, la femme a, elle-même, une très grande responsabilité. « Elle doit donc sortir de la tête et briser tous ces stéréotypes et pesanteurs socioculturels qui l’empêchent de s’affirmer. Il faudrait qu’elle prenne conscience qu’elle a un rôle primordial dans la société comme dans le foyer qui va au-delà de mère au foyer et mère éducatrice », préconise-t-elle. Elle indique que la femme doit sortir de sa zone de confort et avoir une confiance en elle pour mieux exploiter ses potentiels. « Nous ne demandons pas à la femme de prendre le dessus, ni d’écraser l’homme, mais qu’elle sache qu’elle a son rôle aux côtés de celui-ci. La femme doit savoir que l’éducation des enfants ne revient pas qu’à son homme. Les dépenses à engager par rapport à l’éducation et à la vie au quotidien ne doivent pas reposer non plus sur l’homme seul », a-t-elle poursuivi. Il faut à cet effet, un changement non seulement des mentalités mais également au niveau du quotidien de la femme. « Il faudrait aussi que les hommes prennent conscience de la place de la femme dans la société pour l’aider à être autonome parce qu’en retour, son autonomisation participera à l’épanouissement du foyer, ajoute Hortense Adjibodé. Pour elle, mobiliser les hommes est nécessaire, mais cela ne devrait pas être la seule raison pour laquelle les hommes défendent les droits des femmes et des filles, et on ne devrait évidemment pas avoir besoin de les persuader de se soucier des problèmes qui touchent les femmes et les filles. Les hommes devraient se sentir concernés par des problèmes tels que l’autonomisation économique des femmes, car les femmes méritent que leurs droits fondamentaux soient reconnus et respectés. Les familles, les communautés et les États ne peuvent atteindre des niveaux optimaux de bien-être social, économique et physique lorsque la moitié de la population est exclue ou fait l’objet de discrimination. Les droits de la femme sont inextricablement liés à toutes les questions relatives aux droits de l’Homme et à toutes les formes d’inégalité qui entravent le développement durable et qui, en fin de compte, affectent tous les individus.
Estelle Vodounnou
(Coll)