Le mois d’octobre est consacré à l’information sur le cancer du sein. Dans cette interview, Docteur Lise Hélène Pourteau Adjahi déconstruit les préjugés autour de ce mal pernicieux et invite les femmes à plus de vigilance.
Le Matinal: Qu’est ce que le cancer de sein métastatique et comment affecte-t-il les personnes au pays ?
Dr Lise Pourteau : Le processus de cancérologie et celui qui fait devenir une cellule d’un organe de sein par exemple est totalement anormale avec une reproduction, une multiplication totalement anarchique exponentielle très rapide au point que les cellules se reproduisent très vite. Elles modifient leur structure interne profonde et elles vont en perdre le caractère d’un petit peu d’organe. Alors qu’elles sont encore cellules du sein, elles vont acquérir à cause de cette reproduction trop rapide, une mutation qui les amène à devenir métastatiques. Et à ce moment-là, elles sortent de l’organe dont elles proviennent, le sein et se retrouver dans d’autres endroits du corps comme le cerveau, le cancer atteigne plus ou moins certains autres organes. Donc, effectivement le cancer du sein commence par une reproduction de cellules du sein très rapide, mais au début reste dans le sein et puis à un moment, sort du sein et pour donner ce qu’on appelle des métastases. Le cancer du sein affecte tous les pays de la terre et toutes les femmes de la terre, et donc tous leurs époux et leurs enfants et leurs familles. Certains cancers sont dits « génétiques », c’est-à-dire qu’on les retrouve au sein d’une même ou sur plusieurs générations. À partir de ce moment-là, une femme à qui on détecte ce type de cancer doit mener le combat contre le cancer, veiller à ce que ses filles soient dépistées.
Les hommes peuvent-ils développer le cancer du sein?
Le sein est une glande. Les hommes comme les femmes l’ont. Chez les femmes, il est plus développé par un taux hormonal. On n’a pas les mêmes hormones que les hommes, mais la glande sein existe aussi chez les hommes. Mais, dans les cas de cancer, on peut effectivement voir les cancers du sein. Ce qui est souvent diagnostiqué très tardivement puisque, ce n’est pas la chose à laquelle on pense. Il y a une masse, il y a une boule, il y a une douleur même au niveau des pectoraux, les muscles pectoraux. Avant qu’on ne se dise que c’est du cancer du sein, le temps est déjà passé. C’est un cancer qui est d’une extrême violence, car il atteint la femme jeune. Il a donc provoqué des décès qu’on appelle inutile, parce que précoce. On est meurtri au Bénin du nombre de cancer du sein chez les femmes parce que malheureusement on le dépiste en fait trop tard. C’est la manière de prévenir ce cancer, évidemment de faire des dépistages, et plus ils sont précoces, plus ils vont donner de chance à la femme atteinte et souffrant d’un cancer de guérir. Ça fait partie des cancers qui ont eu dans les cinq ou dix dernières années le taux d’amélioration le plus important en termes de guérison. La première règle, quand vous souffrez du cancer de sein, c’est de ne pas désespérer, car il existe des traitements. La deuxième règle est de tout faire pour qu’à l’échelle individuelle ou collective on puisse le dépister le plus tôt possible. Et pout ça ce n’est pas compliqué. Ce sont les visites périodiques souvent annuelles chez le gynécologue. Il est recommandé que ces visites soient régulières. Il s’agit de l’auto-palpation. La femme prend chaque quart de son sein avec une main que l’on place en l’air au-dessus de la tête et se palpe le sein quart par quart, cadran par cadran pour voir s’il y a effectivement des masses qui apparaissent. C’est le dépistage communautaire. Le dépistage par les professionnels de la santé, c’est accepter d’aller voir régulièrement son gynécologue pour qu’il puisse faire une prescription de échographie voir mammographie selon le cas et voir au plus tôt s’il y a des masses suspectes qui apparaissent pour après faire des examens complémentaires plus poussés en vue d’infirmer ou de confirmer le diagnostic de cancer, et si le diagnostic est confirmé, alors dans ce cas, il faut mettre rapidement en branle un système de soin qui peut cumuler ou faire varier de la chimiothérapie qui vont tuer les cellules cancéreuses, de la radiothérapie qui est un traitement qui consiste à envoyer des rayons sur la zone cancéreuse et il y a aussi la chirurgie pour enlever la zone pathologique. Soit parce qu’elle est toute petite et qu’on peut l’enlever complètement, soit parce qu’on a réussi à la réduire après de la chimiothérapie et qu’on peut espérer si le cancer va métastaser pour pouvoir éradiquer toute la zone cancéreuse.
Qu’est-ce que la densité mammaire et comment affecte-t-elle le risque de cancer du sein ?
L’histoire de la densité mammaire est plutôt un problème par rapport à l’interprétation des examens que l’on fait. C’est-à-dire qu’une glande mammaire est plus dense quand elle est jeune et elle peut empêcher ou elle peut donner l’impression parfois de voir des masses tumorales. Sur les facteurs de risque du cancer du sein interviennent surtout le nombre de grossesse, l’activité gynécologique et puis aussi parfois les traitements hormonaux de substitution que l’on peut donner soit pendant la vie, la période de procréation, soit au-delà à partir de la ménopause. Mais rappelons qu’il a des facteurs de risque génétique.
Comment l’âge influence-t-il le risque de cancer du sein ?
Oui, l’âge influence le risque de cancer du sein, mais ce cancer peut intervenir très tôt et on peut avoir des décès prématurés à cause de cancer du sein.
Peut-on prévenir le cancer du sein ?
Pour prévenir le cancer du sein, c’est avant tout le dépistage; qu’il soit auto-dépistage ou qu’il soit dépistage chez le professionnel de la santé, le gynécologue ou son médecin. Et puis certains examens auxquels il faut se plier, c’est l’écho mammographie.
Le taux de survie au cancer du sein s’améliore-t-il au Bénin ?
Il s’améliore drastiquement de la même manière qu’il s’améliore dans le monde entier. C’est un des cancers pour lesquels le pronostic de suivi s’est nettement amélioré. Certains cancers sont encore de pronostics très sombres. Celui-ci il est beaucoup moins, ce qui passe par le dépistage, la qualité ou l’accumulation de différentes méthodes thérapeutiques qui s’offrent à nous. Le taux de suivi du cancer du sein au Bénin s’améliore. Chaque année, nous célébrons le mois du ruban rose. A cette occasion, il faut intensifier les efforts de sensibilisation pour que toutes les femmes se sentent concernées, et il faut que ça concerne les hommes. Un homme peut très bien demander à sa femme de faire une mammographie.
Quelles sont les politiques mises en place par les autorités sanitaires au Bénin pour venir à bout du cancer du sein ?
Les politiques mises en place par les autorités sanitaires au Bénin pour venir à bout du cancer du sein sont celles de tous les pays qui veulent venir à bout d’une pathologie donnée. C’est-à-dire, se donner plus de moyens en ressources humaines. Il nous faut des moyens logistiques et traitement. Les politiques sont éditées par le ministère de la santé qui met tout en œuvre pour améliorer les plateaux techniques.
Sergino Lokossou