Le 1er novembre de chaque année, les chrétiens catholiques du monde entier honorent la mémoire des Saints à travers la fête de Toussaint. A quelques jours de cette retrouvaille annuelle, les Béninois s’affairent à offrir cette communion spirituelle à tous les Saints. Bon nombre de chrétiens sacrifient à cette tradition séculaire sans en connaître les origines. Père Moïse Mellon-Marie Magnonkpon, curé de la paroisse Orthodoxe Saint Moïse l’Ethiopien de Djimè, a accepté volontiers de nous faire voyager dans le temps et dans l’espace pour partager avec les lecteurs un pan de l’histoire de cette célébration.
En effet, la fête de la Toussaint ne doit pas son origine aux saintes écritures. «Elle n’a pas son origine dans les textes bibliques, comme la plupart des grandes célébrations liturgiques telles que Noël, Pâques, Assomption, Ascension et Pentecôte. Elle a été instituée par l’Église pour répondre à différentes situations», précise le Pasteur. En se basant sur ses connaissances livresques et ses recherches personnelles, le curé a expliqué qu’après les persécutions, une célébration eucharistique a été dédiée aux martyrs. Elle s’est ensuite étendue plus tard à tous les Saints. A Rome, cette fête existait depuis le 5ème siècle. Elle est déplacée une première fois à la date du 13 mai en l’an 610, par le pape Boniface IV. Ce jour là, il fait transporter dans l’ancien temple païen du Panthéon toutes les reliques des martyrs des catacombes romaines. Le Panthéon devient l’église «Sainte-Marie et des martyrs». Puis, le 1er dimanche après Pentecôte, un siècle plus tard, cette fête fut transférée définitivement au 1er novembre par le pape Grégoire III. Ce jour, il a dédicacé une chapelle de la Basilique de Saint-Pierre de Rome en l’honneur de tous les Saints. En 835, Grégoire IV a ordonné que cette fête soit célébrée dans le monde entier. C’est seulement au 20ème siècle que Pie X l’insère dans la liste des huit fêtes, avec obligation d’entendre la messe. La fête de tous les saints devient alors une fête chômée sur toute la planète terre. Elle est celle de tous les saints anonymes ou non qui n’ont pas été reconnu officiellement par l’Église. Du côté de l’église catholique romaine, le père Joseph Babatoundé à la retraite, nous renseigne que la Toussaint est la communion de tous ceux qui ont essayé de vivre de leur mieux leur foi, leur espérance, leur mission et leur charité et qui sont aujourd’hui heureux dans les cieux où ils jouissent du bonheur éternel pour avoir fait de leur mieux sur cette terre. Donc « la Toussaint, c’est la fête de tous ceux que nous connaissons », a-t-il souligné. Nous avons connu par exemple le Pape Paul VI, le Pape Jean Paul II et bien d’autres qui sont devenus des Saints. L’église, après toutes les épreuves qu’on impose à ceux-là qui nous ont quittés, on sait maintenant qu’ils sont dans le bonheur éternel. A la place où le Seigneur a voulu les garder. Ces Saints sont nombreux, d’où l’institutionnalisation de la fête de la Toussaint pour qu’une célébration embrasse tout ce monde.
La Toussaint, un appel aux chrétiens
La fête des Saints n’a pas été instituée au hasard par l’église. Elle poursuit une visée précise. Célébrer les personnes saintes pour inciter les vivants à faire comme elles, c’est bien l’objectif de la fête de Toussaint, à en croire les détails du Père Moïse Magnonkpon de l’église catholique Orthodoxe de Djimè. «On a constaté que ces Saints étaient des témoignages vivants de la chrétienté. Nous les chrétiens, nous sommes configurés au christ. Ceux-là qui sont rentrés dans l’intimité de Dieu pour avoir mené une bonne vie chrétienne sur la terre, il faut se souvenir d’eux et leur rendre hommage. Or, avec les Saints, il y a toujours de miracle qui donne lieu de canoniser un Saint. Donc quand il y a de ces phénomènes, de ces évènements qui montrent que telle personne ou telle personne est sainte, il faut solenniser ça pour que les vivants puissent imiter celui là qui est canonisé. C’est un appel qui s’adresse à tous de devenir des saints», détaille-t-il. La pratique a donc pris corps et continue d’être respecté à ce jour sans grande modification.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)