La Fondation Zinsou commémore cette année ses noces de porcelaine du 7 décembre 2024 au 31 août 2025. Pour immortaliser ces années de créativité et de valorisation de l’art, le projet « Promesse » décomposé en trois actes dont Promise me, Promesse et le Musée de promesses a été initié en collaboration avec l’artiste malgache Joël Andrianomearisoa. Cette exposition est un voyage de la mémoire, des émotions et de la mélancolie d’une saison finissante qui mène de Cotonou à Ouidah.
« Promesse » est une initiative de l’artiste Joël Andrianomearisoa structuré en trois actes mise en œuvre à l’occasion des vingt années d’existence de la Fondation Zinsou. Le premier acte exposé à Cotonou et intitulé « Promise me » est réalisé avec la complicité de Clotilde Courau. A travers cette exposition, l’artiste plongé dans les promesses qui résonne sur la scène, permet à chacun de se projeter, dès le début du parcours, dans sa propre émotion qui fera de chaque visite un parcours totalement unique. Le spectateur entre dans la première installation à travers une voix singulière, celle de Clotilde Courau, actrice qui incarne une première entente avec l’artiste, mais également avec le Bénin où elle a grandi. Il s’ensuit les cartographies imaginaires, des représentations où les frontières s’effacent pour laisser place à un monde réinventé dans une géographie, qui refuse la contrainte avec chaque trait portant en lui le rêve de l’ailleurs, la promesse d’une terre autre. Le deuxième acte réalisé avec l’apport d’autres artistes s’implante au musée à Ouidah. Les trois premières œuvres du musée introduisent la promesse qui a été faite par l’artiste lors de l’élaboration de l’exposition, la promesse à la nature née du dialogue autour du Jardin d’essai. Selon Joël Andrianomearisoa, il est fondamental que chaque œuvre soit en lien direct avec l’environnement qui l’entoure. Dès ses premières créations, il cherche à intégrer le savoir-faire local, à nourrir son art des idées et des matériaux qu’il trouve autour de lui. Cet ancrage permet de donner du sens, d’inscrire l’art dans un contexte à la fois local, intime et universel. Le « Musée des promesses », troisième et dernier acte est une installation permanente de Joël Andrianomearisoa érigée dans le Jardin d’essai à Ouidah. Construit sous la forme carrée, le musée incarne des conversations et des interrogations partagées avec l’artiste depuis toujours. Cette œuvre architecturale minimale contemporaine, entre bâtiment et sculpture, vient apporter le témoignage du temps présent aux couches d’histoire que l’on peut lire en filigrane dans l’archive végétale. Elle questionne sur le rôle de l’institution muséale au 21e siècle, sur le continent et ailleurs. Sa très grande ouverture sur le monde s’incarne dans son absence totale de porte, abolissant toute barrière avec le public mais créant des contraintes nouvelles de conservation et de sécurité. Il défie tous les principes établis d’un musée et oblige à remettre en cause ses acquis. Plus qu’une exposition, « Promesse » est un projet global, fruit d’une conversation pluri-dimensionnelle et d’une relation intime entre Joël Andrianomearisoa et la Fondation Zinsou. L’exposition est la promesse de toujours rêver ensemble, de transformer le monde, de ne nous contenter de rien mais d’inventer toujours. Elle porte en elle une part d’incertitude, une attente fragile que chaque œuvre révèle dans le parcours que dessine l’artiste de Cotonou à Ouidah. Elle est cet interstice par lequel entre la poésie dans l’œuvre, un instant suspendu entre ce qui est et ce qui pourrait être, l’expectative d’un accomplissement qui ne verra peut-être jamais le jour. Joël Andrianomearisoa s’exprime à travers différents médiums et matériaux, cherchant à donner forme à des récits non explicites, souvent abstraits. De la sculpture aux installations, de l’artisanat aux écritures, du textile à l’architecture, il adopte une approche plurielle qui s’inspire de ses essences malgaches mais surtout du monde et de ses multiples géographies. Imprégné d’expériences émotionnelles complexes, son travail donne naissance à des œuvres délicates et aussi en tension comme nos souffles de vie. Une série d’exercices en constante évolution, des recherches permanentes autour de la matérialité des émotions.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)