La fin d’année rime le plus souvent avec la période des problèmes liés à la sorcellerie et aux nombreuses difficultés financières et sociales. Sensible aux cris de désarroi des populations, le vénérable Dah Sodjo Kèhounhon a initié depuis des années le rituel ‘’Yèhouémion’’ qui s’organise chaque année à Dokpa-Toïzanli, sur sa terre natale à Abomey.
Restaurer l’étoile et la destinée des populations confrontées aux diverses souffrances, tel est le but de ce rituel dénommé ‘’Yèhouémion’’. En effet, ‘’Yèhouémion’’ est un vocable d’origine fongbé composé de deux syllabes. ‘’Yèhoué’’ qui veut dire esprit ou ‘’Noudoyèssumè’’, qu’on ne peut pas toucher ni observer avec les yeux. ‘’Mion’’ qui signifie feu. Autrement dit ‘’Yèhouèmion’’ est le rituel du feu sacré. Il est effectué pour la protection, le désenvoutement et la purification qui débouchent sur l’émergence. Pour participer à ce rituel, aucune condition particulière n’est imposée. « Tout le monde peut participer quelle que soit sa croyance religieuse», précise Dah Sodjo. Il suffit donc d’avoir 7000F Cfa pour se procurer deux enveloppes distinctes au prix de 3500F Cfa l’unité. Elles contiennent chacune des ingrédients sacrés appelés ‘’Nou vè noun’’. La première ou l’enveloppe de la protection générale reçoit les plaintes, les lamentations, les craintes et toute la souffrance que traverse chacun. Sur la seconde, on formule les vœux et les souhaits personnels et individuels. Les deux sont par la suite jetés dans le feu sacré de protection ou celui de l’émergence selon la nature de l’enveloppe. « Ceux qui savent qu’ils ne peuvent pas assister à ce rituel peuvent confier leurs enveloppes à un parent de confiance avec leurs intentions. Celui-ci se chargera de le faire à leur place. C’est une cérémonie qui se déroule chaque année. Donc, si vous la ratez cette année, vous pouvez la rattraper l’année prochaine », explique Dah Sodjo. Quant aux retombées de cette cérémonie, elles sont énormes. « Dans ce monde ici-bas, la population vit une souffrance assez terrible au plan financier, physique, professionnel et au plan social. Pour y remédier, il faut faire recours à des données spirituelles. C’est-à-dire que le monde se repose sur quatre éléments à savoir : la terre, qui est ‘’Tchankpannan » ou l’incarnation de la divinité Sagbata, le feu qui est Aklangan ou Hèbiosso, l’air qui est Aïdohouèdo ou Dan et l’eau qui est la représentation de la divinité Toxossou. Aucun homme n’est né sans aucun de ces signes, même s’il est un blanc. Alors, ces quatre éléments se retrouvent dans le rituel que nous avons fait. Puisque cela se produit sur la terre qui est Tchankpannan, nous avons le feu qui désenvoute, qui protège, et nous avons l’eau de purification que nous passons sur chacun des participants. Après, il y a l’émergence qui n’est rien d’autre que le Toxossou. Les quatre éléments sur lesquels se repose le monde se trouvent dans ce rituel. C’est dire que celui qui y participe doit émerger et l’émergence est synonyme de la paix du cœur et de la joie », détaille le désensorceleur. Aux incrédules, Dah Sodjo Kèhounhon, rassure. A en croire ses propos, c’est un rituel dont il ne faut pas du tout douter parce que ceux qui l’ont vécu l’an passé tout comme cette année font des témoignages parce qu’ils ont eu gain de cause. « C’est un rituel auquel j’appelle tout le monde à assister, à vivre juste pour en témoigner parce qu’il faut la toucher du doigt pour savoir s’il est chaud ou pas. Alors quand vous n’assistez pas, vous ne pouvez pas comprendre. Ne vous faites pas compter ce rituel. Il faut le vivre. J’invite tout le monde à s’essayer l’an prochain », conseille Dah Sodjo Kèhounhon.
Z.T. (Br Zou-Collines)