Codjo Alofa : « je ne connais rien de Dangnivo
Le procès de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo, ancien cadre du ministère de l’Économie et des finances disparu mystérieusement en août 2010, a repris le mardi 8 avril 2025 au Tribunal de première instance de première classe de Cotonou, après avoir été suspendu le 19 mars 2025. Au cours de cette nouvelle audience, plusieurs personnes ont été entendues, dont l’ancien directeur général de l’Ortb (actuellement Srtb), Julien Akpaki, et le docteur Ghislain Akabassi, expert en biodiversité et changements climatiques.
Il est 9 heures. Les deux principaux accusés, Codjo Alofa et son présumé complice Donatien Amoussou, sont présents. Vêtus de tenues locales surmontées de gilets de prisonniers, ils attendent le début de l’audience. L’ensemble des avocats de la défense et de la partie civile étaient également présents.
12h25, l’audience a débuté avec l’audition de Julien Akpaki, ancien directeur général de l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb). Ce dernier a prêté serment avant d’être interrogé sur ses relations avec les deux accusés. Julien Akpaki affirme connaître Donatien Amoussou. « J’étais Dg de l’Ortb, j’étais dans mon bureau, quand Monsieur Amoussou, le grand-frère de Donatien Amoussou, est venu dans mon bureau », dit-il. Julien Akpaki a expliqué qu’il avait rencontré Auguste Amoussou, le frère de Donatien, qui lui avait révélé détenir des informations concernant un véhicule recherché lié à l’affaire Dangnivo. Il a précisé qu’il avait alors introduit Auguste auprès du colonel Koumassègbo, un responsable à la présidence. Julien Akpaki a insisté sur le fait qu’il n’avait pas de lien direct avec la disparition de Dangnivo et qu’il n’avait jamais connu ni Auguste ni Donatien Amoussou avant cet incident. Julien Akpaki a également affirmé qu’il ne se souvient pas avoir dîné avec Auguste Amoussou ou son frère, contrairement à ce que ce dernier avait prétendu. Interrogé sur la diffusion d’un communiqué par l’Ortb concernant un véhicule, Julien Akpaki a expliqué qu’il n’avait pas de détails à ce sujet, ajoutant qu’il n’avait pas connaissance de l’implication de Dangnivo dans cette affaire. Le procès a ensuite pris un tournant avec l’intervention de Donatien Amoussou, qui a contesté certaines déclarations de Julien Akpaki. Il a insisté sur le fait que son frère Auguste et Julien Akpaki se connaissaient bien, et a décrit les événements différemment, notamment concernant le lien entre Julien Akpaki, le colonel Koumassègbo et la présidence. Selon Donatien Amoussou, Julien Akpaki ne serait pas éloigné de l’affaire qu’il le prétend.
Témoignage de l’expert Ghislain Akabassi
Le docteur Ghislain Akabassi, expert en biodiversité, a ensuite été entendu en tant que sachant. Il a expliqué que l’espèce « Ayokpè » (ou « Picralima nitida »), mentionnée dans les dépositions de Codjo Alofa, est une plante dont l’utilisation doit être contrôlée, car à haute dose, elle peut être toxique et potentiellement fatale. Il a confirmé que cette plante est utilisée par certains guérisseurs traditionnels au Bénin, mais a précisé que l’effet toxique ne se manifeste qu’après un certain temps et qu’il faut des essais cliniques pour déterminer la dose létale exacte.
Déclaration de Codjo Alofa
À la barre, Codjo Alofa a nié toute implication dans la disparition de Pierre Urbain Dangnivo. Il a affirmé ne rien savoir de l’affaire et a réitéré qu’il ne connaissait pas Dangnivo. Selon lui, les informations qu’il a partagées dans ses précédentes déclarations étaient des réponses qu’on lui avait demandées de donner. « La vérité dans tout ce que je dis depuis, c’est que je ne connais rien de Dangnivo », a-t-il insisté devant la Cour. L’audience a été suspendue après la déposition d’Alofa. Elle va reprendre le mercredi 9 avril 2025.
Léonce Adjévi