L’essence de la contrebande communément appelée « Kpayo » a encore fait parler d’elle en mal au Bénin. Le samedi 23 septembre 2023, un entrepôt à Sèmè-Kraké a consumé avec des dégâts humains et matériels colossaux. Plus de 30 morts, des brûlés avec des surfaces corporelles touchées allant pour la plupart au-delà de 40% et des pertes matérielles énormes. Face à la récurrence des cas d’incendies liés à l’activité illicite de vente de l’essence, il était plus qu’une urgence pour les gouvernants de changer de paradigme et d’approche. A ce propos, le gouvernement du président Talon a pris la mesure de la situation. Après le recensement intégral des 54 000 personnes pratiquant le commerce du « Kpayo » sur toute l’étendue sur territoire, une réorganisation est désormais irréversible. Ce qui est déjà une réalité, c’est la reconversion des acteurs de l’informel à travers le programme « Arch formation ». Avec ledit programme, plus de 5000 personnes sont déjà reconverties au métier de textile à la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz). « C’est du concret et ce sont des personnes qui n’avaient aucune compétence dans le textile et faisaient d’autres activités basées essentiellement sur de l’informel, qu’on a repris, formés et qui aujourd’hui, ont un emploi décent pour nourrir leurs familles », a expliqué le ministre d’Etat. Convaincu que la reconversion doit rimer avec la professionnalisation du secteur afin de pallier les récurrents incendies, un formidable mécanisme d’accompagnement a été trouvé. Il s’agit de l’installation de mini-stations partout au Bénin pour sécuriser la vente du « Kpayo ». « Pendant qu’on fait la reconversion, on ne peut pas fermer les yeux sur l’urgence d’éviter que les incendies se reproduisent. Le gouvernement, conscient de ce fait, a lancé un programme de mise en place de mini-stations parce qu’on ne pourra pas réussir d’un coup de baguette magique à arrêter ce commerce. Il y a un impact social très important. Cela a duré depuis trop longtemps et l’interdiction n’est pas à l’ordre du jour. Il faut donc reconvertir avec un processus d’accompagnement », a clairement signifié Romuald Wadagni. Dans cette perspective, l’Exécutif sous l’impulsion de son chef, a décidé depuis l’année dernière (2022), de commander une dizaine de milliers de mini-stations qui ont commencé par être implantées dans plusieurs quartiers à Cotonou. 2000 autres mini-stations, selon le ministre d’Etat, sont arrivées depuis le mois de juin et sont en train d’être installées. D’ici mi-2024, le Bénin va disposer un peu partout sur toute l’étendue du territoire, de ces dispositifs professionnels pour permettre aux acteurs qui ont choisi de rester dans le « Kpayo », d’écouler le produit dans des conditions de sécurité totale.
Une rencontre avec les acteurs cette semaine
Cette semaine, le gouvernement va rencontrer les acteurs pour poursuivre les réflexions et les analyses afin d’harmoniser les idées sur l’approche de reconversion et de professionnalisation des conditions de commercialisation du « Kpayo ». « Dès les prochaines heures, nous allons convoquer les acteurs, discuter avec eux car on ne peut plus continuer à vendre en bouteille le « Kpayo ». Une chose est de dire qu’on ne peut pas interdire cette activité, l’autre est de reconnaitre qu’on ne peut plus continuer à mener cette activité sous la forme actuelle à quelques encablures des écoles, des enfants, des habitations etc. Par le dialogue, nous allons rapidement trouver la solution pour qu’on puisse dans un premier temps, dans une période de transition, permettre à cette activité de se poursuive, dans les conditions de totale de sécurité, pour les populations et pour ces vendeurs », a annoncé le numéro 3 du gouvernement au grand bonheur des Béninois en général et des acteurs du secteur en particulier. L’objectif final de ce changement de paradigme et d’approche prôné par le gouvernement, est d’aller vers la professionnalisation du secteur des hydrocarbures au Bénin après plusieurs décennies de laxisme.
Serge Adanlao