(Les précisions du Ddic Borgou-Alibori)
Alors que la campagne de commercialisation 2023-2024 des noix brutes de cajou n’est pas encore lancée, certains acteurs de la filière anacarde ont entrepris de vendre précocement le produit. Une attitude qui viole les dispositions du décret 214-du 30 mars 2022 portant conditions de déroulement de la campagne de commercialisation. Face à cette pagaille, Rufus Sarè, Directeur départemental de l’Industrie et du commerce des départements du Borgou et de l’Alibori et ses équipes, ont pris leurs responsabilités. Dans une interview accordée à Le Matinal, il expose les tenants et les aboutissants de l’opération qui a conduit à la fermeture de plusieurs magasins de stockage des noix de cajou. Lire ses explications.
Le Matinal : Que reprochez-vous aux acteurs de la filière anacarde ?
Rufus Sarè : Dans la règle de l’organisation de la commercialisation des produits tropicaux notamment le soja, le karité, le cajou, chaque année, le gouvernement fixe la date de lancement et la date de clôture de la campagne de commercialisation. Avant la date d’ouverture, personne n’est donc autorisée à acheter ni déplacer les produits précocement achetés. C’est une fraude punie par la loi. Ces dispositions sont prises pour permettre aux noix de cajou d’atteindre la maturation requise dans les plantations pour garantir la bonne qualité de la noix pour les transformateurs et les exportateurs. Ces dispositions permettent également de préserver le label Bénin de cajou qui est réputé pour être une noix de haute qualité au plan mondial. C’est pour cette raison que les commerçants préfèrent les noix de cajou du Bénin à d’autres noix des autres pays. Ceux qui les achètent sans attendre leur maturation obligent les producteurs à faire une récolte précoce des noix et à les vendre alors que quand la noix est récoltée précocement, elle comporte beaucoup de défauts.
Quels sont les tenants et les aboutissants de l’opération que vous avez entreprise il y a quelques jours ?
Sur une instruction ferme de la ministre de l’Industrie et du commerce, nous avons commencé depuis deux semaines à lutter contre l’achat précoce des noix de cajou et la lutte contre la sortie frauduleuse des noix de Cajou par la voie terrestre en direction du Nigéria. Nous sommes en pleine opération en ce moment. Nous travaillons de lundi à dimanche. C’est-à-dire sept jours sur sept.
Comment se passe concrètement la transaction?
Les Nigérians viennent avec leurs camions, ils achètent, ils chargent et ils disparaissent avec nos produits. Ce qui n’est pas normal.
Quel bilan peut-on faire à ce jour ?
Nous avons pu arrêter à peu près 12 camionnettes et sceller une vingtaine de magasins. Nous avons réussi à appréhender beaucoup de camionnettes transportant les noix de cajou que les commerçants ont acheté précocement avant le lancement de la campagne, ce qui n’est pas autorisé par l’Etat béninois. Nous avons également fermé beaucoup de magasins dans lesquels ces produits ont été achetés et stockés dans la ville de Parakou, à Tchatchou sur le tronçon de Cotonou, à Tchaourou et à Kassouala. La lutte continue. Nous sommes en ce moment en train d’opérer au niveau de la Commune de N’dali et de la Commune de Nikki. Pour le programme de cette journée (mercredi 28 février), nous avons poursuivi le travail sur le tronçon Kika-Kabor. Il s’agit des zones frontalières avec le Nigéria où nous avons appris qu’il y a trop de désordres. Voilà à peu près ce que nous sommes en train de faire depuis les deux semaines jusqu’à ce jour. La veille continue.
Un mot pour conclure cet entretien.
C’est l’occasion pour moi de dire grand merci au Directeur départemental de la Police républicaine du département du Borgou qui nous appuie et qui met les Commissaires et les Policiers à notre disposition pour nous appuyer à chaque fois que nous en avons besoin. Je remercie aussi le Capitaine Oké qui est le directeur départemental des services de renseignements du Borgou qui travaille jour et nuit avec moi pour coordonner, et mettre en relation, ses équipes et mes équipes également sur le terrain. Je remercie le commissariat central de Parakou qui nous a aidé à mettre en sécurité un ensemble de camionnettes qui ont été arrêtées au cours d’une opération la nuit.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi