Nikki, la capitale des valeurs culturelles des peuples Baatonu et Boo, sera bientôt dotée d’un majestueux palais royal Baru Term mixte et d’une arène culturelle de 3500 places pour la Gaani. Les travaux de construction de ces infrastructures érigées sur un domaine total de 20 hectares avancent à grands pas. Les résultats sont perceptibles sur le terrain et forcent l’admiration.
Depuis quelques années, le gouvernement, dans une logique de valorisation de l’histoire et de la culture du Bénin, a lancé plusieurs projets dont le chantier de la construction du Palais Baru Term et de l’arène de la Gaani. Divisé en deux parties, c’est un projet phare du Programme d’actions du gouvernement qui tire ses fondements de la vision des autorités béninoises de renforcer les pôles touristiques de la partie septentrionale du pays. La première phase étendue sur une superficie de cinq hectares, est destinée à accueillir des infrastructures dont le nouveau Palais royal et l’arène de la Gaani. De façon plus explicite, ce projet se décline en un palais royal moderne comportant la résidence du roi, la résidence de la reine-mère et une mosquée, puis une arène de 3500 places et un parking d’environ 300 places pour accueillir les manifestations officielles de la Gaani et d’autres festivités culturelles. Il vise à révéler au monde entier l’originalité de cette fête traditionnelle et culturelle qui rassemble des milliers de Baatonu et de touristes chaque année, autour des valeurs culturelles des peuples Baatonu et Boo. La seconde partie du gigantesque projet prend en compte une superficie de 15 hectares, est réservée aux activités agricoles de la Cour royale. A terme, le palais Baru Term permettra de redonner au royaume de Nikki toute sa notoriété et l’Arène de la Gaani offrira, quant à elle, un théâtre de verdure d’une grande capacité, un cadre propice pour une meilleure expression de la diversité culturelle du Baru Term. Ces deux infrastructures nées de l’ambition du gouvernement de mettre en valeur le patrimoine culturel et touristique et la fête annuelle Gaani à travers un programme spécial de réhabilitation, donneront à la cité historique de Nikki son statut de berceau de la civilisation Baatonu et Boo. Un pas de plus vers l’ambition du Gouvernement d’inscrire la Gaani au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Des spécificités pour redorer le blason de la ville
D’autres particularités du projet est la construction du portique d’accès, une véritable entrée à la mesure de la grandeur de la culture Baatonu et Boo, la résidence du Sinanboko, la salle des tambours et trompettes sacrés, la salle d’audience et la plantation des arbres sélectionnés afin d’assurer des revenus à la cour impériale. Il est aussi prévu un théâtre de verdure d’une capacité de 1000 à 1500 places, une tribune pour les dignitaires et les officiels, un équipement technique pour abriter les musiciens et surtout un espace central moderne de parades de chevaux. Cet équipement sera assorti de travaux indispensables d’assainissement et d’adduction d’eau. Par ailleurs, dans le cadre de l’exécution du Programme d’actions du gouvernement 2016-2021, la commune de Nikki bénéficie de l’aménagement et du bitumage de la route Nikki-Kalalé-Ségbana longue de 147,68 Km. Elle permettra de rétablir une communication plus aisée entre ces communes avec un impact certain sur le commerce, le transport des biens et l’agriculture. Ainsi, Nikki pourra désormais accueillir les différentes délégations venues de tous les horizons pour faire allégeance à l’empereur. Les fils et filles de la diaspora, les touristes et curieux seront plus heureux de participer à la Gaani. Avec la célébrité de la Gaani qui va au-delà des frontières nationales, il serait plus avantageux d’accompagner l’évènement en aménageant les infrastructures qui font son charme, en les rendant plus accueillantes et attrayantes.
La Gaani, une grande réjouissance à caractère culturel
L’origine de la Gaani remonte à plus de sept siècles. Instituée par Sunc Sero pour célébrer la quiétude de sa communauté retrouvée, après leur poursuite par une armée djihadiste ; d’où le nom « Gaani » qui serait une altération de « Ganni » qui signifie se blottir en langue bariba/baatcnum, la Gaani est un moment de partage et d’appropriation de la culture de la communauté Baatonu et Boo du Bénin que l’Exécutif envisage de mettre en tourisme au même titre que d’autres villes du pays. Étendue sur plusieurs jours, cette fête identitaire se veut une occasion de découverte de l’histoire, de la tradition et des cultures de ces peuples de la partie septentrionale du Bénin. La Gaani apparait aujourd’hui comme une fête identitaire qui rassemble non seulement des peuples ayant une même expression culturelle et linguistique, mais aussi ceux ayant un destin commun. Selon la tradition, un mois avant la célébration, le monarque effectue une tournée auprès des chefs de province pour recueillir leurs contributions dans le cadre de la célébration. Deux semaines après cette visite, ce sera la fête Donkonrou ou le jet de feu qui consacre des sacrifices et cérémonies nécessaires pour que tout se déroule dans les meilleures conditions possibles. La veille de la fête est consacrée à l’installation des tambours sacrés accompagnés d’une petite lampe qui a pour mission de veiller toute la nuit sur ces derniers. Le lendemain c’est-à-dire le jour de fête, c’est la sortie du Sinaboko (l’empereur) à la mi-journée, accompagné de sa garde rapprochée pour faire le parcours rituel comprenant sept sites. Ainsi, de son cheval, il salue les participants et entre dans la case ronde pour s’installer à côté de la Gnonkogui, d’où il suivra la fantasia et le passage des dignitaires devant les tambours sacrés. Des rituels exécutés par l’Empereur sur neuf stations aux démonstrations équestres en passant par les sorties découvertes de cette ville historique, sans oublier la foire, les divers jeux, la Gaani est un package de valorisation de la diversité culturelle et cultuelle du Barutem. Des démarches sont déjà engagées afin que la Gaani soit inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Nikki, une ville historiquement et culturellement splendide
Nikki est une cité royale et un exemple de structuration communautaire depuis le 16ème siècle. Au départ, les Baatombu y étaient installés en peuple hiérarchisé ayant à sa tête un roi. Près de quarante souverains se sont succédé sur le trône de Nikki depuis 1400 et aujourd’hui, quatre dynasties y accèdent à tour de rôle. Il s’agit des dynasties Mako, Gbaasi, Séssi et Makararou. L’empereur actuel de Nikki est sa Majesté Chabi Naïna III. Il est le gardien de la tradition dans Nikki, le baru tem, la terre des peuples Batombu et Boo. Administrativement, dirigée par le maire Roland Lafia, Nikki est une commune d’environ 170.000 habitants dont des « Baribas », des « Haoussas » et des « Fons ». La commune est composée de sept arrondissements. Il s’agit de Biro, Gnonkourakali, Nikki, Ouénou, Sérékalé, Suya et Tasso. Les populations cultivent, entre autres, le coton et l’igname.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)