Le samedi 08 juillet 2023 est une date mémorable dans la vie spirituelle de Baba Tchaomi Ichalao. Et pour cause. Elle marque l’histoire de son couronnement au palais de la divinité Sagbata du vénérable Dah Zoungbénon, à Zakpo, dans le deuxième arrondissement de Bohicon.
Baba Tchaomi Ichalao est désormais membre du cercle restreint et très fermé des dignitaires de culte Sagbata du plateau d’Abomey. Il en a reçu le foulard en marge d’une cérémonie à la fois culturelle et cultuelle présidée par le vénérable Dah Zoungbénon, haut dignitaire de culte dans le département du Zou. Parti de Zakpo Ahouamè, le cortège de Baba Tchaomi Ichalao a traversé la ville de Bohicon pour échouer au palais de la divinité Sagbata de Dah Zoungbénon. Porté en hamac motorisé avec des chants, des denses et des démonstrations, le candidat au couronnement, à sa descente, s’engouffre au palais. Ici, l’entrée est filtrée. Seuls les initiés et les membres de la famille du candidat ont accès, mais avec comme consigne ferme, l’interdiction de filmer. Tout va se dérouler sur l’esplanade interne du palais où attendaient déjà certains éléments devant servir lors de la cérémonie. Quelques minutes après l’arrivée de la délégation, Dah Zoungbénon et sa cours vient s’installer pour lancer les hostilités du couronnement. C’est alors que Baba Tchaomi Ichalao s’est présenté à l’appel de Baba Klèbo, chargé de conduire la cérémonie. Sur ses deux genoux, il reçoit les attributs liés à son sacre. Il s’agit du Kansahou (habit), le maoulè (les gommettes), Tchaba, le kataclè (le tabouret), le collier puis le foulard attaché de main de maître par Dah Zoungbénon lui-même suivi des prières de consécration qui vont accompagner le couronné. Chacun de ces attributs ont une signification. Chargés d’énergie spirituelle, chacun d’eux jouent un rôle spécifique donné. Prêt à servir la divinité et à intercéder en faveur des hommes auprès des esprits, Baba Tchaomi Ichalao, n’étant plus un homme ordinaire, doit observer certains principes qui lui ont été rappelés à cette occasion. Il en est de même pour sa femme et ses collaborateurs immédiats qui vont l’aider dans ces tâches. Ce n’est qu’après qu’il sera procédé à la libation et à certains rites de bénédiction qui marquent la fin de la cérémonie. Tout de blanc vêtu, Baba Tchaomi Ichalao et sa suite, dans la liesse, ont pris congé de leur hôte. A sa sortie du palais, il effectue un tour de l’arbre fétiche qui trône à la devanture. Ensuite, il lance la longue procession qui va le conduire à son domicile à Ahouamè où il est allé rendre compte à ses ancêtres puis à la divinité Sagbata de son clan à travers la libation devant le ‘’Houélou » et au temple du dieu de la terre. Les dés de Colas jetés à ces occasions augurent un lendemain pacifique pour le siège pourvu.
L’appel des ancêtres
Baba Tchaomi Ichalao n’est pas dignitaire de culte vodoun pour son plaisir ni pour ses business. S’il s’est rendu disponible afin de subir ce rite, c’est pour répondre à l’appel de ses ancêtres. «C’est depuis mon enfance que j’apprends que je dois être initié à ce rite. Mais étant têtu, je m’y étais opposé et j’esquivais la cérémonie d’initiation. Chemin faisant, l’appel devient plus insistant. Ainsi, j’ai compris qu’il fallait se rendre pour ne pas attirer la colère des ancêtres car un digne fils ne peut s’opposer à l’appel de son père. C’est ce qui a motivé ce jour mon couronnement » a-t-il expliqué. Depuis qu’il a pris cette décision salutaire, il a remarqué que ses affaires ont reçu une perfusion. L’horizon de son avenir est éclairci. «Moi, je défie tous ceux qui pensent que le vodoun est synonyme du mal, de la méchanceté, de la haine et de la destruction des vies. Je suis un témoignage de ce que je dis. Au moment où je m’étais opposé à ce rituel, mes affaires ont du mal à décoller. Le jour où j’ai pris la résolution de servir mes ancêtres, j’ai constaté une certaine évolution dans ma vie. Je suis plus à l’aise qu’avant. Donc le vodoun est amour » a-t-il confessé. Ayant reçu le couronnement, il devient pour la famille et à toutes les communautés une lumière, un guide. «Notre mission est désormais d’orienter ceux qui se perdent sur la bonne voie et de les aider à rétablir leur vie », a dévoilé Baba Tchaomi Ichalao. Il a en profiter pour inviter ceux que la tradition appelle à vite obtempérer avant qu’il ne soit trop tard pour eux car le respect des engagements est un salut. Le lendemain, dans la soirée, les adeptes du vodoun Sagbata ont sacrifié à la cérémonie d’offrandes dite ‘’Gbossissô’’ au dieu de la terre. C’est parti pour une dizaine de jours d’animation de ‘’Sagbatahoun’’. De quoi tenir en haleine les vacanciers et les touristes.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)