La situation de crise entre le Bénin et le Niger n’est pas du goût des transporteurs béninois. Ils estiment qu’il s’agit de deux pays frères qui partagent beaucoup de choses ensemble et qui ne devaient pas se laisser diviser par une quelconque mécompréhension. El Hadj Rabiou Garba est un transporteur béninois et président du Syndicat national des transporteurs et importateurs nouveaux associés du Bénin (Syntra-Inab). Interrogé par la Rédaction du journal « Le Matinal », il a exprimé ses regrets par rapport à la situation de crise qui met à mal les relations diplomatiques entre les deux pays depuis quelques mois. « Le Bénin et le Niger sont deux pays appelés naturellement à vivre ensemble. Dieu a créé les peuples du Niger et du Bénin à être ensemble. Nous sommes unis par plusieurs facteurs. Nous parlons des langues communes. Il est difficile de concevoir qu’aujourd’hui, une querelle oppose les autorités et affecte les populations à ce point ».
Pour lui, les populations à la base sont celles qui souffrent le plus de cette situation qui a commencé petitement et qui prend une ampleur inquiétante. « Nous espérons que cette situation connaîtra sous peu, un dénouement heureux, car, les opérateurs économiques, les commerçants, les transporteurs et même des producteurs agricoles des deux pays souffrent de la crise ».
Appréciant la position des autorités béninoises face à l’attitude de celles du Niger, El Hadj Rabiou Garba n’a pas voulu donner raison à un camp. Pour lui, « Il n’y a aucune situation sans solution dans la vie. Les deux pouvoirs doivent s’entendre pour le bien-être de nous autres ».
Les transporteurs ne se contentent aujourd’hui que du transport de l’engrais, selon le syndicaliste. Mais quand cette campagne de convoyage d’engrais finira, que deviendrons-nous ?, s’est-il interrogé.
« Du côté des Nigériens, ce n’est pas de la joie. Et il en est de même pour les Béninois. Depuis la fermeture des frontières, les opérateurs économiques du Niger se sont rabattus sur Lomé, au Togo. Là, encore, c’est grâce aux transporteurs du Bénin qu’ils arrivent à faire convoyer leurs marchandises vers le Niger via le port de Lomé ; sauf que la distance est plus longue ». Rabiou Garba a démontré qu’aucun des deux pays (Niger et Bénin) ne gagne dans cette crise. Au contraire, tous paient cher et c’est le dernier consommateur qui en souffre.
Pour ce qui est de la note de service qui interdit le transport par des véhicules immatriculés au Bénin au niveau du Fret togolais pour le compte du Niger, « c’est une décision qui n’arrange pas du tout les commerçants nigériens. Les camions du Togo seuls ne suffiront pas pour les satisfaire. Les navires ne viennent pas rester dans un port pendant tout le temps. Et si les marchandises ne sont pas vite vidées, il y a des taxes qui sont payées. Sans les camions du Bénin, ce sera très difficile pour les Nigériens de faire partir leurs marchandises dans les délais ». Une fois encore, il a appelé à la paix. « Il faut que des voies autorisées interviennent pour que les deux chefs d’État s’entendent », dira-t-il.
Abdourhamane Touré