Les efforts de développement sont souvent annihilés par la forte croissance démographique. Le président Patrice Talon ambitionne de sortir de cette spirale afin d’arrimer la croissance démographique au développement. C’est dans cette vision que s’inscrit la décision d’organiser en septembre prochain, des assises nationales sur la croissance démographique et le développement au Benin.
Historiquement, les assises nationales sont des assemblées extraordinaires invoquées par le Roi dans le but de traiter d’une crise et qui regroupent les corps constitués majeurs du Royaume. Dans les temps modernes ou contemporains, les dirigeants ont recours à ces genres de conclave pour débattre d’importants sujets d’intérêt national afin de fixer les orientations majeures d’un secteur de la vie. C’est dans ce cadre que le Bénin a connu de par le passé, les états généraux de l’éducation, de la sécurité, de la presse et que par extension la Conférence des forces vives de la nation de février 1990 est un exemple palpable d’Etats généraux. A travers les assises nationales projetées, le Bénin veut aborder la question de la croissance exponentielle de la démographie qui devient préoccupante aussi bien au Bénin comme ailleurs. Quand bien même on ne saurait parler de surpopulation, il est évident que le point d’équilibre entre population et services sociaux de base dans les pays frappée par une forte croissance démographique est rompu. Depuis la conférence internationale sur la population et le développement tenue au Caire en Egypte, en 1994, la recherche de l’adéquation entre dynamique de population et développement est devenue une priorité pour de nombreux Etats. Sur la question, certaines initiatives ont été entreprises par le Bénin pour intégrer les variables démographiques comme facteurs endogènes dans les plans et programmes de développement. Il s’agit notamment de la Déclaration de politique de population dite Depolipo adoptée en 1996 et qui vise l’amélioration des conditions de vie des populations à travers notamment la maîtrise de la dynamique démographique. Ensuite, fut adoptée la Politique Nationale de Population 2013-2025 avec les mêmes objectifs en vue, entre autres, de l’amélioration du capital humain, et du renforcement de la prise de conscience en matière de procréation. Ces initiatives ou politiques publiques en matière de démographie ne sont pas le fait de suivre une quelconque tendance mais sont basées sur des constats réels et sensibles.
Vers un changement de paradigme
Le Bénin a l’une des croissances démographiques les plus élevées de la sous-région malgré les instruments de planification déployés. Les statistiques sont d’ailleurs éloquentes en la matière. Entre 1979 et 2013, la population béninoise s’est accrue de 176%, passant de 3,3 millions à plus de 10 millions d’habitants, pendant que les pays comme l’Irlande et la Nouvelle-Zélande, ayant la même proportion de population que nous en 1979, ont connu un faible accroissement respectivement de 37% et 43%. Comme on pourrait le relever, ces statistiques pointent du doigt l’inefficacité des instruments mais surtout celle de la politique nationale de population et notamment celle de la parentalité responsable. Les conséquences de cet état de choses qui font que malgré les efforts remarquables que fournit le peuple dans son ensemble, l’amélioration des conditions de vie n’est pas toujours ressentie ou perçue comme il conviendrait. Cet écart ou cette forte croissance inhibe les efforts de réduction sensible de la pauvreté pour favoriser l’émergence économique. Il apparait donc urgent de faire quelque chose, pas pour la forme mais qui doit s’inscrire dans la durée. C’est dans cette optique que le Président Patrice Talon et son gouvernement ont décidé de l’organisation des états généraux sur la démographie et le développement au Benin. Ces assises qui sont projetées pour le courant du mois de septembre 2023 vont rassembler les catégories socio-professionnelles du Bénin que sont : les membres du gouvernement, la classe politique, la Société civile, les jeunes, les femmes, les universitaires, les leaders religieux, de culte et traditionnels, la diaspora ainsi que les Partenaires techniques et financiers.
Gabin Goubiyi