Patrice Talon aura le mérite du président de la République qui a donné du sens à la gouvernance locale depuis l’organisation en 1993 des états généraux sur l’administration territoriale. Dans sa dynamique de la rupture, la décentralisation et la gouvernance locale ont porté le manteau de la régénérescence.
Le signal fort des actes de courage posés par le gouvernement de Patrice Talon a été donné le 22 juin 2016. Date à laquelle les chefs-lieux des douze départements ont été fixés et les nouveaux préfets installés dans leurs fonctions. Un changement drastique dont le processus historique a été fait par le ministre de la Décentralisation de l’époque, actuel ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Alassane Seidou. « Permettez-moi de commencer par la genèse même de la décision. C’est la loi 97-028 du 15 janvier 1999 qui a consacré le découpage de notre pays en douze départements notamment, en son article 6. Et à l’article 8, la même loi a précisé que les chefs-lieux seront désignés par décret pris en conseil des ministres. Et les critères de désignation ont été donnés. Il faut que ce soit la Commune la plus autocentrée, la Commune la plus développée économiquement, qui a le plus grand poids démographique et qui a le plus grand nombre de services administratifs. C’est cette Commune là qu’il faut désigner comme chef-lieu. Mais la décision a duré près de deux décennies. Aucun gouvernement n’a pu prendre la décision. Quand le président Talon est arrivé avec son leadership, il a réussi à prendre cette décision. On a pu désigner les chefs-lieux des six nouveaux départements et aujourd’hui, ces préfectures sont opérationnelles. Ça c’est grâce au leadership du chef de l’Etat », a-t-il expliqué avant de faire la lumière sur les implications de la décision.
Les implications générées
« Les implications sont énormes », a précisé l’ancien maire de Kandi avant de détailler : « D’abord, je crois que c’est le plus grand obstacle qui a été levé sur le chemin de la déconcentration, parce que l’objectif de la déconcentration c’est de rapprocher l’administration des administrés. Lorsque vous considérez les départements du nord, c’est la distance qui pose problème. Et au sud, c’est le poids démographique. Avant cette décision, le citoyen de Karimama qui veut faire sa carte d’identité doit envoyer ses dossiers à Parakou à trois cents et quelques kilomètres. Trois cents et quelques kilomètres pour faire une carte d’identité. La carte d’identité pourrait prendre trois mois, parfois même plus. Mais aujourd’hui, cette carte se fait à Kandi où d’abord le préfet est moins chargé parce qu’avant la mise en œuvre de cette décision, le seul préfet s’occupe du Borgou et de l’Alibori. Ça fait quatorze Communes. Du côté de l’Atacora, le seul préfet s’occupait de treize Communes », a fait comprendre le numéro 1 de la décentralisation sous le premier quinquennat de la rupture. Dans les départements du Sud, les problèmes du terrain autres que ceux des autres justifient aussi la réforme. « Au sud, le problème de distance ne se pose pas. Mais le problème du Sud, c’est la densité de la population. Si vous allez aujourd’hui à la préfecture de Cotonou à voir l’affluence à cause de la carte d’identité, vous allez donner raison au gouvernement. Pourtant, la décision a été prise et il y a une seconde préfecture à Allada, la préfecture de l’Atlantique. Les deux étaient à Cotonou. Alors, comment ça se passait quand il n’y avait pas la mise en œuvre de cette décision ? Donc, c’est ça le problème. C’est de servir les populations, de soulager les populations en rapprochant l’administration de l’administré », a-t-il laissé entendre avant de continuer : « Aujourd’hui, avec la création des six nouveaux chefs-lieux de départements, des six nouvelles préfectures, tous les services, tous les ministères sectoriels ont commencé par installer leurs directions départementales. Ce qui n’était pas possible avant l’installation de la préfecture. »
Les obstacles de désignation des chefs-lieux
Pour répondre à cette question, le ministre a débuté par mettre un accent sur le leadership. « Vous savez, c’est là que le leadership joue. Cette décision a été prise, mais beaucoup de choses ont été faites en amont. C’est une décision qui a été bien préparée. Et vous avez constaté que le peuple béninois l’a accepté sans bruit. Personne n’aurait cru qu’on pouvait prendre cette décision sans remous. Mais la décision a été prise parce qu’il y a eu une bonne préparation en amont. C’est ça le leadership. C’est ce qui n’était pas fait si non, des gouvernements ont tenté. Mais quand il y a eu soulèvement des populations, eh bien, ils se sont rétractés. Ils ont reculé ! », a révélé le ministre.
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