(L’ancienne Première Dame du Bénin s’est éteinte hier dimanche 25 juillet)
Le Bénin pleure le décès de l’ancienne Première dame, Rosine Vieyra Soglo. L’épouse du président Nicéphore Soglo est passée de vie à trépas, hier dimanche 25 juillet 2021, à l’âge de 87 ans. Une grosse perte pour le pays qui voit ainsi rejoindre la félicité céleste une battante, une femme politique avisée, une juriste, la présidente des Houézèhouè, bref une véritable Amazone des temps modernes.
Elle n’est certainement pas issue d’une lignée royale, mais son aura pourrait lui conférer, au plan national, toute l’envergure que Elosabeth II a en Angleterre. Rosine Vieyra Soglo, l’ancienne Première Dame, affectueusement appelée ‘’Maman’’, a été de tous les combats politiques depuis 1990 à ce jour. Son engagement politique a véritablement commencé en 1992 où, dans un univers peuplé de mâles, elle a créé son parti, la Renaissance du Bénin. Une véritable machine à broyer qu’elle a mise au service de la présidence de son époux, Nicéphore Soglo, de 1991 à 1996. Rigoureuse, son courage débordant et ses prises de position radicales lui ont non seulement permis de s’affirmer, mais aussi d’inspirer respect au sein de la classe politique. Et pour asseoir son autorité, cette juriste de formation s’est flanquée le sobriquet ‘’Maman’’ qu’elle imposait à tous les acteurs politiques, toutes générations confondues. Avec des prises de position allant dans le sens de l’agacement, elle a réussi à avoir une certaine notoriété ou à se faire entendre sur certains sujets fâcheux de la vie politique nationale. Plusieurs acteurs politiques, et pas des moindres, ont dû essuyer certains de ses écarts de langage, notamment lorsqu’elle était au Parlement. De Mathieu Kérékou à Boni Yayi, en passant par Rachidi Gbadamassi, Mathurin Nago et autres, rares sont les personnalités qui n’ont pas reçu de la part de ‘’Maman’’ leur dose de diatribes’’. A l’Assemblée nationale, on s’en souvient, lors de l’élection des membres du bureau de 7ème Législature, la Doyenne d’âge qu’elle était, a conduit le processus avec dextérité, mettant au pas tous les acteurs en présence ; ce qui a débouché sur l’élection in extrémiste de Adrien Houngbédji. En dépit de son tempérament un peu bileux, et sa forte tendance à instaurer la discipline autour d’elle à tout prix, Rosine Vieyra Soglo, cette native de Ouidah, a été une femme au cœur noble. ‘’Maman’’ a beaucoup exprimé son côté cœur, notamment à l’endroit des tout petits, à travers son association ‘’Vidolé’’ qui se traduit littéralement : « L’enfant est une source de bénéfices ». Elle s’est donc beaucoup investie dans les œuvres sociales, tant pour l’enfance malheureuse, mais aussi pour la gent féminine. Raison pour laquelle, d’ailleurs, les femmes des marchés de Cotonou lui ont toujours voué une gratitude ad vitam aeternam. Si elle a régulièrement renouvelé son mandat à l’Assemblée nationale, c’est sans doute à cause de ce crédit de mère affective qu’elle a toujours bénéficié. Léhady et Galiou Soglo ont, sans coup férir, perdu leur génitrice, mais le Bénin a perdu ‘’Maman’’.
Joël Samson Bossou