Richard Akpamadogbèhou alias ‘’Allodé super’’ est un artiste chanteur, auteur, compositeur natif d’Adamè, un village de l’arrondissement de Oumbèga, dans la Commune de Djidja. Président de l’association culturelle ‘’Kpognonhou », il s’investit dans la promotion du rythme Toba Hanyé. Donc, sur les traces de son père adoptif papa ‘’Sèmidjè Agbando’’, l’enfant prodige de Oumbèga, s’est s’inscrit dans le carré d’as restreint des créateurs d’œuvre d’esprit au Bénin. Fécond en créativités, Allodé super fait aujourd’hui la fierté de ses fans surtout quand il est sur scène. Pétri de talents, votre journal préféré est allé à sa découverte pour vous.
«Je ne dirai pas que la musique est héréditaire pour moi. Mais R tôt un cadeau du ciel », précise Richard Akpamadogbèhou alias ‘’Allodé super’’. Contrairement à bon nombre d’artistes, le déclic, banal qu’il soit, est parti d’une simple animation de classe. «Lorsque j’étais au primaire à Paouian, pendant l’oral des compositions, je me démarquais des autres par mes prestations qui attiraient toute l’école. Je ne savais pas d’où venait l’imagination créative qui me poussait à prévoir le matériel qu’il faut pour un chant ou pour une poésie. Je tonnais toute la communauté scolaire», conte-t-il. De bouche à l’oreille, son nom s’est répandu dans la région et il avait l’estime de tout le monde. Ce brin de talent artistique qui sommeillait en lui, il fallait l’affiné. Ainsi, il a intégré, le groupe folklorique des enfants missionnaires de la paroisse catholique de Paouian où il est devenu le maître de chœur. Son dynamisme, son engagement et sa disponibilité n’ont guère laissé indifférents les responsables paroissiaux qui l’ont coopté au sein du comité de la paroisse. Représentant les jeunes, il siégeait aux côtés des grandes personnes pour décider de la vie de l’église. Des expériences qu’il a capitalisées au profit de l’art. Quelques années suffisent pour qu’il laisse en héritage à la paroisse un répertoire bien fourni de chants composés. Mais il ne va pas en jouir les fruits pendant longtemps parce que son destin en a décidé autrement. En 2008, sous les conseils de son grand-frere, Ferdinand Akpamadogbèhou, il a rejoint Adamè-Oumbèga, pour garder la flamme du Toba Hanyé allumée par le vétéran Sèmidjè Agbando de la musique béninoise. Sur sa terre natale, commence alors un nouvel épisode de sa carrière musicale durant lequel tout est à reconstruire. «Arrivée à Oumbèga, je n’avais aucun soutien ni de club. Il me fallait tout reprendre. J’avoue que c’était une aventure très périlleuse pour moi », se souvient-il. Il a donc affronté quelques difficultés inhérentes à la vie et à tout projet. Mais il n’a pas baissé les bras. Tirant leçon de ses moments tumultueux, il s’est attribué le nom ‘’Allodé’’ dont le sens recommande qu’il faut s’adapter à toute situation de la vie.
De l’obscurité à la lumière
La providence étant de son bord, il n’a pas pu être emporté par l’ouragan des problèmes. Dans le creux de la vague, il a donc reçu le soutien de Houangni Dellidji, Bertin Blènon, Denis Agbomahèna, Léonard Kpohoué et de bien d’autres qui l’ont ramené de l’obscurité à la lumière. Il leur rend un vibrant hommage, car ils lui ont permis de se relancer. Jeune d’une allure fière et dynamique, l’artiste s’est révélé au public de son village paternel, Adamè-Oumbèga, en 2009 au cours d’une prestation en live. Teint clair, avec les regards perçants et de taille moyenne, tout du jeune Allodé reflète la détermination et la rigueur. Ces traits caractéristiques déteignent à plusieurs égards dans ses faits et gestes surtout quand il s’agit de prester sur scène. Ceux qui ne le connaissent pas, le confondent aisément à Sèmidjè Agbando, le dinosaure de la musique traditionnelle à Oumbèga. Certains vont même jusqu’à affirmer que c’est lui le dauphin du « baobab » de Toba Hanyé dans la Commune de DjIdja. C’est en vrai un jeune homme pétri d’un talent polyvalent. En clair, c’est une véritable mine en termes de créativités dont le ‘’grenier » du Zou méconnaît encore l’importance. Doté d’un timbre vocal envoûtant accompagné d’une fougue de cataclysme sur scène, Allodé soulève la foule . Tant l’artiste a de la facilité à extérioriser, tant son débordement sur scène laisse pantois les mélomanes. C’est le fruit d’un long processus et du travail bien organisé mis en place. En dehors des spectacles ordinaires, Allodé s’est mesuré à d’autres artistes dans plusieurs compétitions. Quatre différents concours tests ont confirmé le talent de Richard Kpamadogbèhou. Il n’a pas fait piètre figure. Il a vaillamment défendu les couleurs de son village en décrochant les trophées mis en compétition. Soit il est le vainqueur, soit il occupe la place du vice- champion. Comme récompenses, il a reçu une moto, des appareils électroménagers, des numéraires et des trophées.
Un palmarès soft
Allodé, l’étoile montante de la musique a, à son actif, quatre albums dont un clip vidéo. Intitulé «Le chiffre zéro à sa valeur », son premier album est disponible sur le marché discographique en 2012. Comme un ballon d’essai, ce chef d’œuvre a été un succès éclatant. Il a reçu la caution des fans qui l’ont adopté. Le deuxième «Tin tin yonou » n’est que la confirmation du savoir faire de l’artiste. Il a repositionné l’auteur comme un mélomane hors pair. Avec son titre phare «Sèmassé kingbé », cet album a été vendu comme de petits pains. Beaucoup s’en ont procuré parce que ses chansons cachent la morale et des conseils pour la vie. Le troisième opus n’est rien d’autre que le clip vidéo des morceaux sélectionnés des deux premiers albums. Le quatrième s’intitule « Hèma lia » réalisé en 2020. «Non yi agbondji » est la chanson la plus aimée. Quant aux singles, l’artiste en a produit plusieurs au profit des politiques de sa région et des sensibilisation. Très actif, la vedette de Oumbèga détient en jachère plusieurs autres morceaux dans son escarcelle sur lesquels il travaille actuellement pour la sortie imminente de sa cinquième production discographique qui sera riche de huit titres. L’artiste est très agile dans une variété de rythmes musicales à savoir : la Rumba, le Soyoyo et une nouvelle création, appelée le ‘’Sototchink » qu’il a eu à jouer avec Chelphis Essèko, l’actuel chef d’arrondissement de Zounkon. Il sert tout ceci avec un arrière-goût traditionnel qui permet aux mélomanes béninois de retrouver leur racine en savourant ses morceaux sans modération. Pendant une quinzaine d’années, le chanteur a fait de l’autodidacte en musique en travaillant le don que la nature lui a offert. Ce qui lui a permis de tisser les fibres et talents dont elle jouit aujourd’hui. «Je n’ai pas une école de la musique. Mais je sais tout manipuler presque. C’est un cadeau divin », reconnaît Allodé super.
Le rêve de Richard Kpamadogbèhou
La quarantaine environ, Allodé est un artiste très ambitieux. A travers Kpognonhou, son association culturelle, il compte valoriser les rythmes du terroir et le patrimoine culturel en général. Dans cette dynamique, il a déjà produit plusieurs artistes en herbe. Son rêve est de batailler pour devenir une méga star de sa génération. Un rêve qu’il estime déjà accompli. Marié et père de plusieurs enfants, en digne fils du plateau d’Abomey, il aime consommer de la pâte de cossette de manioc (Lafour) accompagnée de la sauce de légume vert bien garnie (Man tindjan). Lequel repas adore arroser de jus de fruits. En ce qui concerne un passe-temps préféré, la musique est son fort et son travail passe absolument en premier lieu.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)