Dénis Mahoutin Akodébakou est un jeune dont le parcours est pavé de difficultés et d’ambitions. Sa passion pour l’art fait a façonné sa vie. Il se présente aujourd’hui comme un exemple de réussite à suivre pour la jeunesse.
Parti de rien, Dénis Mahoutin Akodébakou a bâti pas à pas un parcours exceptionnel dans le monde du Gospel béninois. Aujourd’hui, Denis Mahoutin Akodebakou incarne la preuve vivante qu’avec la passion, la persévérance et la foi, on peut transformer ses rêves en richesse culturelle et collective. Il est de ces jeunes qui ont fait de la détermination un art de vivre. Né vers 1986, Denis Mahoutin Akodébakou n’a jamais eu le confort des grands diplômes, mais il a toujours eu mieux : la vision, la foi et la passion de créer. Titulaire d’un simple Certificat d’études primaires, il a commencé son parcours là où peu de jeunes auraient osé se lancer : la photographie, un métier qui allait ouvrir en grand les portes de son destin.
Les débuts
Tout a commencé lorsque Dénis s’est fait remarquer comme photographe et reporter pour Rico’s Campos, une figure emblématique du showbiz béninois. Ce premier contact avec le monde artistique fut une révélation. « C’est grâce à la photographie que tout a commencé », confie-t-il avec émotion. Au contact de Rico’s Campos, ce jeune rencontre Johnny Sourou, un guitariste talentueux, avec qui il découvre la musique gospel. L’univers spirituel et créatif du Gospel devient alors son terrain de prédilection. De fil en aiguille, Dénis se mue en manager, épaulant des artistes qui marqueront la scène béninoise : Anna Teko, Ben Glory, Bernardin Nougbozounkou et bien d’autres. Il rejoint ensuite le groupe « Harmonie des Anges », un ensemble mythique du Gospel béninois qui collaborera avec l’Unicef sur le célèbre titre « L’Enfant » et eut même l’honneur de travailler avec le légendaire Nel Oliver.
Courage d’entreprendre
En 2007, Dénis prend un virage audacieux. Il organise ses propres concerts. Sans moyens considérables, mais porté par une foi inébranlable, il mobilise des artistes, trouve des soutiens et met en place son premier grand spectacle au Théâtre de Verdure de Cotonou. Il s’en souvient : « Ceux sur qui tu comptes parfois te tournent dos. Mais quand tu crois en ta vision, tu fais tout pour que le jour J tienne. », a-t-il confié.
Cette première expérience, marquée par des dettes, des désillusions et un public timide, aurait pu l’abattre. Mais au contraire, elle l’a forgé.
De la France au Bénin: le retour du rêveur lucide
Quelques années plus tard, Denis s’envole pour la France, invité à un stage sur le festival “Pépète Lumière” à Lyon, en région Bourgogne. Ce stage lui ouvre les yeux sur les rouages du management culturel international. À son retour, auréolé d’une attestation de mérite, il aurait pu rester en Europe. Mais, il choisit de rentrer au Bénin, mu par un rêve : valoriser les talents locaux et professionnaliser le secteur culturel béninois. « Beaucoup seraient restés là-bas. Moi, j’ai choisi de rentrer, parce que je sais d’où je viens et ce que je veux pour mon pays », dit-il fièrement. Depuis son retour au bercail, Dénis multiplie les initiatives structurantes. En 2013, il crée des ateliers de formation pour transmettre ses compétences aux jeunes passionnés de musique et d’organisation événementielle. En 2014, il lance le Concert Hosanna, un événement annuel dédié au Gospel, célébré chaque dimanche des Rameaux. Il fonde ensuite Luli’s Day, aujourd’hui à sa 12ème édition (28 septembre 2025 au Cemaac de Porto-Novo). Et enfin, il donne naissance au Festival International Van Sik’Arts, un concept inspiré de son expérience en France, mêlant musique, arts visuels, master classes et ateliers de formation. Ce festival, devenu une référence du Gospel béninois, s’apprête à vivre sa 8ème édition en décembre 2025, sur la plage de Sèmè.
Une renaissance à Avrankou
Lorsque la pandémie de Covid-19 frappe, Denis quitte Cotonou pour retrouver sa famille à Avrankou. Ce retour aux sources se transforme en nouvelle aventure. Il participe à la conception du Fima (Fête Internationale de la musique d’Avrankou), en qualité d’expert culturel. Loin de se reposer, il s’investit désormais dans la transmission du savoir : organiser, structurer, professionnaliser, former, autant de mots d’ordre qui traduisent sa vision d’un Bénin culturellement fort et économiquement inclusif. À 39 ans, Dénis Mahoutin Akodébakou incarne cette génération de jeunes béninois qui refusent de céder au découragement. Sans grands diplômes, il a bâti un parcours fondé sur la passion, la persévérance et la foi. « Si j’ai tenu, c’est parce que j’ai compris qu’on ne peut rien construire de durable sans former la relève », confie-t-il. Son histoire montre qu’au-delà des difficultés, la jeunesse béninoise a les ressources pour créer, innover et bâtir. Pour lui, l’art n’est pas un divertissement : c’est un instrument de transformation sociale. En professionnalisant la musique gospel, en formant les jeunes à la rigueur et à l’entrepreneuriat culturel, il prouve que l’on peut transformer sa passion en richesse nationale. « Je suis la preuve qu’avec peu de moyens, mais beaucoup de foi, on peut bâtir quelque chose de grand pour son pays. », a-t-il conclu.
Jules Maoussi
(Br Ouémé-Plateau)




















