L’accident mortel de la circulation d’un minibus qui s’est produit vendredi 30 avril 2021 à hauteur du village Agbon, dans l’arrondissement de Atokolibé, Commune de Bantè, a permis à la Police de découvrir 56 sacs de jute imbibés d’huile rouge qui contenaient 70 000 cartouches de calibre 12. Mis au courant de ces événements, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Mètonou a, selon sa déclaration ce samedi 1er mai 2021, fait ouvrir une enquête en vue d’établir l’origine précise de la cargaison, le lieu de son chargement, le ou les expéditeurs, le ou les destinataires, leurs motivations réelles ainsi que l’usage auquel la cargaison est destinée. Les officiers de Police judiciaire chargés de cette enquête sont à pied d’œuvre et je garde un contact permanent avec eux. Lire ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration rendue publique au siège de la juridiction spéciale à Porto-Novo.
Déclaration de presse
Mesdames et messieurs,
Hier vendredi 30 avril 2021, aux environs de 5h du matin, le Commissariat de Gouka a été saisi d’un cas d’accident mortel de la circulation qui s’est produit à hauteur du village Agbon, dans l’arrondissement de Atokolibé, Commune de Bantè.
Les premières constatations ont permis de relever que l’accident s’est produit entre un minibus de marque Mazda immatriculé BH 0337RB, de couleur rouge, et un bus de marque Renault appartenant à la compagnie « Coopérative transport voyageurs » (Ctv), immatriculé BH 1479 RB sur la Route Nationale Inter États n° 3, (RNIE3) tronçon Savalou – Bantè. Venant de Gouka, le minibus qui roulait certainement à très vive allure en direction de Bantè est entré en collision frontale avec le bus qui était en stationnement au bord de la voie.
Des quatre occupants du minibus, deux sont décédés sur le champ et un troisième, le conducteur, a succombé à ses blessures quelques instants plus tard à l’hôpital de zone de Savalou.
La fouille du minibus a permis de découvrir qu’il transportait 56 sacs de jute imbibés d’huile rouge.
Cependant, à l’ouverture des sacs, en lieu et place de l’huile rouge, il a été découvert des cartons de munitions de calibre 12 soigneusement emballés.
Au décompte, ce minibus transportait soixante-dix mille (70 000) cartouches de calibre 12. Tout porte à croire que le marquage des sacs à l’huile rouge est destiné à tromper la vigilance des forces de défense et de sécurité.
Le seul rescapé de l’accident dit répondre au nom de Kankalala Aziz, de nationalité togolaise, il réside à Alédjo au Togo. De ses premières déclarations, il ressort qu’il a l’habitude d’aider le conducteur du minibus, également de nationalité togolaise à décharger ses marchandises. Cette fois-ci, il aurait été sollicité la veille aux environs de 20 Heures à Aoro, village situé sur l’axe routier Bassila – Bantè pour aider à décharger la cargaison à Gouka et à Akpassi dans la commune de Bantè.
Il précise qu’au moment où il prenait place à bord du véhicule, s’y trouvaient déjà deux individus en plus du conducteur.
Mis au courant de ces événements, j’ai fait ouvrir une enquête en vue d’établir l’origine précise de la cargaison, le lieu de son chargement, le ou les expéditeurs, le ou les destinataires, leurs motivations réelles ainsi que l’usage auquel la cargaison est destinée. Les officiers de Police judiciaire chargés de cette enquête sont à pied d’œuvre et je garde un contact permanent avec eux.
Je rappelle que ces faits interviennent dans un contexte où plusieurs actes de violence, d’attaque et d’agression ont été planifiés pour empêcher l’élection présidentielle du 11 avril 2021. Certains de ces actes ont malheureusement été mis à exécution et ont engendré de nombreux blessés graves au sein des forces de défense et de sécurité de notre pays dont certains ont été atteints par des balles de calibre 12 et d’armes de guerre dans les localités de Bantè, Gouka, Akpassi, Savè, Papane, Tchaourou, Parakou pour ne citer que celles-là.
Il faut rappeler qu’aux termes de l’article 161 de notre code pénal : « Constitue un acte de terrorisme, (…..) l’infraction prévue aux articles 162 et 163 ci-après qui, de par sa nature ou son contexte, peut porter gravement atteinte à l’Etat et commise intentionnellement dans le but d’intimider gravement la population ou de contraindre indûment les pouvoirs publics à accomplir ce qu’ils ne sont pas tenus de faire ou à s’abstenir de faire ce qu’ils sont tenus de faire, pervertir les valeurs fondamentales de la société et déstabiliser les structures et/ou institutions constitutionnelles, politiques, économiques ou sociales de la Nation….. »
L’article 162 du même code précise : « Constitue, aux conditions prévues à l’article 161 ci-dessus, un acte de terrorisme :
1- l’atteinte à la sûreté intérieure et/ou extérieure de l’État ;
2- l’atteinte volontaire à la vie des personnes, à leur intégrité, ou à leur liberté, ainsi que l’enlèvement ou la séquestration des personnes ;
(….)
5- la mise au point, la fabrication, le transport, la mise en circulation ou l’utilisation illégale d’armes, d’explosifs, de munitions, de substances explosives ou d’engins, fabriqués à l’aide de telles substances ; »
Je ne manquerai pas, s’il y a lieu, de vous apporter de plus amples informations sur l’évolution de cette enquête.
Je vous remercie
Fait au Parquet spécial, le 1er mai 2021
Le Procureur spécial,
Elonm Mario Mètonou