Le déguerpissement de la berge lagunaire de Cotonou en peu de temps par le gouvernement du Nouveau départ est un inédit exploit pour qui connait bien depuis 2003, le projet d’assaisonnement des berges lagunaires de Cotonou. Exigé par l’Office alimentaire et vétérinaire de l’Union européenne, le Bénin n’a pas pu honorer cet engagement et a perdu la commercialisation des crevettes à cause du trop plein de sentimentalisme des gouvernants. Mais le gouvernement du Nouveau départ, intraitable, a relevé le défi en peu de temps. A travers le Projet de modernisation et de gestion des déchets dans le Grand Nokoué, il a donné un signal fort du processus de l’amélioration du cadre de vie au Bénin. Pour amorcer ce projet a plusieurs variables, le gouvernement a commencé par la destruction des points noirs. Il s’est agi pour lui de donner un nouveau visage à la berge lagunaire de Cotonou. Déjà, lors du bilan An 4 du gouvernement Talon en 2020, le ministre en charge du Cadre de vie, José Tonato a fait la lumière sur l’opération et ses contours avec les grandes précisions en 2022.
Le déguerpissement de la berge lagunaire de Cotonou amorcé sous le préfet Modeste Toboula s’est poursuivi après son départ parce ces déguerpissements s’opèrent dans la vision du réaménagement du Littoral pour accueillir des infrastructures commerciales en adéquation avec les côtes. Ainsi, à fin du mois d’août 2019 au début septembre, les pêcheurs de Xwlacodji ont été délogés. En effet, Xwlacodji est un quartier situé dans la ville de Cotonou, département du Littoral au Bénin. Xwlacodji fait partie des 15 quartiers qui composent le cinquième arrondissement de Cotonou. Il est l’un des plus anciens quartiers de Cotonou où se sont installés des pêcheurs. En 1830, les colons à leur arrivée avaient besoin de personnes capables de faire face aux déferlantes vagues de l’océan atlantique. Les Pedah et Popo ont été déplacés alors du sud ouest du Dahomey pour la construction du Wharf devant relier l’océan atlantique au Lac Nokué. C’est ainsi que ces ethnies une fois installées ont donné le nom de Xwlacodji à leur village. Au fil des années le quartier voit progresser l’effectif de sa population et devient une banlieue abritant toute sortes de trafique avec des drogués et une recrudescence de la violence. Le 04 mai 2012, une tentative de démolition initié par le génie militaire fut un échec. Ce dernier acte a précipité davantage les habitants dans la précarité.Le 3 septembre 2019, à la suite des opérations de déguerpissement lancées par le préfet du département du Littoral, une grande partie du quartier touchant plus de 120 ménages a été rasée par des bulldozers
Cette opération de déguerpissement de la berge lagunaire de Cotonou a créé des mécontentements dans le rang des habitants. Ils ont accusé les autorités à divers niveau et surtout le préfet en exercice à cette période. « Le préfet nous avait pourtant dit qu’il viendra casser les ghettos par surprise. Il n’a pas dit qu’il va casser les maisons», s’est plaint le chef quartier à un média local. Selon le journal « Le Monde », certes, ce vieux quartier de pêcheurs avait mauvaise réputation. Il abritait des « ghettos », où se retrouvaient « les fumeurs de drogue et les dangereux de Cotonou », explique à l’Afp, l’un des chefs traditionnels de la communauté, Anani Agboéssi. Il avait d’ailleurs demandé de l’aide aux autorités pour détruire ces édifices. Mais le plan n’est pas allé comme prévu et « une fois les ghettos rasés, ils ont fait foncer les bulldozers sur nous et se sont mis à détruire les habitations », se désespère le chef du quartier. Les habitants n’avaient pas de titres de propriété et ont « assisté impuissants au spectacle » de démolition de leurs logements, touchant, selon eux, environ 120 foyers. « Maintenant les gens vivent sous l’embrun marin », aux quatre vents charriés par l’océan Atlantique. «Avec mes cinq enfants, nous dormons dans l’école pour le moment, exposés aux intempéries en attendant une amélioration de notre situation », a raconté Kokou Mathieu Folly, pêcheur de 47 ans.
Un nouvel avertissement pour le déguerpissement de Xwlacodji en 2021
« Le ministre du cadre de vie et du développement durable et le ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale communiquent : Dans le cadre de la relance du projet de rénovation et de modernisation du centre administratif et commercial de Ganhi, il est prévu la libération de la zone occupée par les pécheurs à Xwlacodji, située dans le 5ème Arrondissement dans la Commune de Cotonou, de toutes formes d’occupation à compter du 15 septembre 2021.En conséquence, tous les occupants actuels de cette zone sont invités à prendre les dispositions nécessaires pour libérer les lieux. Le ministre du cadre de vie et du développement durable et le ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale comptent sur la collaboration et le sens patriotique de chacun pour la bonne réussite des opérations », ont signé, José Tonato, ministre du Cadre de vie et du développement durable, Raphaël Aotègnon, ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale. Il faut préciser que d’autres localités situées au bord de la mer partant de Cotonou pour Ouidah ont fait l’objet du déguerpissement. Mais le gouvernement a pensé au relogement et à l’indemnisation financière des habitations concernées.
Le relogement des populations pensé et effectif
Le Conseil des ministres du 15 septembre 2021 a donné le sourire aux habitants abords de la mer déguerpis dans le cadre des différents projets de réaménagement. Dans une communication intitulée « Relogement et accompagnement social des pêcheurs installés au sud de la Route des pêches et des occupants des sites à aménager au quartier Xwlacodji à Cotonou », le Conseil des ministres a précisé que « L’optimisation du projet de développement de la zone à vocation touristique entre Cotonou et Ouidah nécessite des aménagements complémentaires. Ainsi, en plus des divers projets réalisés ou en cours, il y a lieu d’intégrer l’aménagement de la section de plage comprise entre l’aéroport de Cadjèhoun et la localité d’Adounko. À ce périmètre, s’ajoute celui situé au nord de la Route des pêches dont les études ont déjà démarré. Par ailleurs, le projet de rénovation et de modernisation du centre administratif et commercial de Ganhi comprend plusieurs composantes au nombre desquelles, la requalification urbaine du périmètre du quartier Xwlacodji. La mise en œuvre de ces différents projets nécessite le déplacement des villages de pêcheurs situés au sud de la Route des pêches de même que des occupants des sites retenus au quartier Xwlacodji. À cet effet et au regard des implications sociales que ces opérations entraînent, le Conseil a décidé d’apporter un soutien aux populations concernées à travers le relogement, sur deux autres sites, des 853 unités d’habitations constituant l’ensemble des villages de pêcheurs à déplacer.Aussi, un appui financier sous forme de primes de compensation est-il alloué aux personnes affectées par ces travaux, en vue de faciliter leur réinstallation sur les nouveaux sites. Ces mesures d’accompagnement induisent le décaissement d’une somme de 3.461.803.000 FCFA que le ministre de l’Economie et des Finances mettra à disposition »
Bienvenue Agbassagan
( Suite dans la prochaine parution)