La Réforme du système partisan aurait pu être un acte majeur pour moderniser la politique au Bénin. Malheureusement, la versatilité de certains acteurs ne facilite rien. Et pourtant, c’est l’une des réussites de l’ère Talon.
Les rendez-vous électoraux de 2023 et 2026 permettent de saisir et d’apprécier de nouvelles espèces d’hommes politiques. Ce nouveau type se caractérise par la capacité d’adaptation propre aux politiques, mais aussi par une résilience rare. C’est la découverte essentielle que la Rupture nous a permis de faire. Sinon, comment comprendre qu’avec les nombreuses années d’apprentissage de la démocratie au Bénin, les hommes politiques ont toujours du mal à se situer sur l’échiquier politique national, à faire preuve de patience et à rester fidèle à une ligne politique donnée? C’est un douloureux et amer constat que de voir les convictions politiques aller au gré des intérêts particuliers et individuels du moment. Les biches iront donc toujours à la rivière pour paraphraser un ancien président de la République. Un temps le « phénomène de transhumance politique » avait pris du recul, surtout pendant la décennie Yayi, où on a vu des politiciens prêts à se sacrifier pour une cause. Mais, c’était reculer pour mieux sauter. Le phénomène a de nouveau pris de l’ampleur et est devenu une véritable gangrène. Avec l’arrivée du président Patrice Talon et l’avènement de la Réforme du système partisan, on avait cru que le phénomène allait baisser ou du moins s’atténuer. Mais, alors ça devient pire. Il n’y a plus de jour où on enregistre des démissions d’un parti à l’autre. Du coup, les uns et les autres cherchent les causes de cette indiscipline ou versatilité caractérisée. C’est vrai qu’il y a un défaut d’idéologie. Ce qui noie l’éthique dans la perte des valeurs.
Corriger le tir
Dans les démocraties occidentales que les pays africains prennent souvent comme modèles, les regroupements se font autour d’idées. On a une gauche, une droite et le centre. Avec leurs variantes, extrêmes ou modérées, on sait que les idées vont d’un progressisme avec défense des intérêts des travailleurs, au capitalisme pur et dur. Ça a le mérite de clarifier les positionnements. Ainsi, il y a les socialistes et autres progressistes à gauche, et les conservateurs à droite. A contrario, dans les pays africains, c’est souvent autour de personnalités fortes que se font les regroupements. Et dès que ces personnalités s’effacent ou quittent la vie publique, l’identité de leurs partis politiques est remise en cause. Le chef étant la mesure de tout, dès qu’il n’est plus là, « chaque souris danse ». Il va falloir corriger le tir. Et procéder par l’éducation pour mieux asseoir les convictions autour du militantisme et des idéaux politiques. Pour autant, la Réforme du système partisan n’est pas un échec. Au contraire, elle a le mérite de mettre les politiques ensemble et de les amener à regarder dans la même direction. De 120 partis politiques, il y a 7 ou 8 ans, on en est à moins de 10 aujourd’hui. En soi, c’est un véritable exploit. Reste à peaufiner la réforme et la mieux structurée.
Jean-Paul Mahougnon