Le Bénin va-t-il se laisser déposséder d’une partie de son territoire à l’instar d’autres pays africains, notamment ceux du Sahel ? Rien n’est moins sûr, avec l’acharnement des individus armés contre cette partie du pays qui, au cours de ces dernières semaines, a subi plusieurs évènements qui ont perturbé la quiétude des populations.
Une véritable annus horibilis a-t-on envie de dire au regard des nombreux et fréquents actes de vandalisme et d’insécurité notés ici et là au cours du mois de mars 2024, dans la même région : le département de l’Alibori. C’est devenu un fait presque habituel dans ledit département. Des écoles et des postes de commissariat sont régulièrement attaqués et incendiés avec parfois des pertes en vies humaines. Il y a quelques semaines, ce sont des salles de classes d’un établissement d’enseignement primaire de Banikoara qui sont parties en fumée. La semaine écoulée, un commissariat a subi le même sort dans la nuit du mercredi au jeudi dernier. Tout porte à croire que les écoles et les commissariats sont les cibles privilégiées des individus non encore identifiés et qui sont malheureusement dans la nature. De quoi créer la débandade et la psychose dans cette région où la quiétude est la chose la moins partagée. Cet état de chose pourrait bel et bien constituer un frein aux activités économiques que mènent les populations, car beaucoup de commerçants pourraient faire l’option de migrer vers d’autres départements du septentrion où la situation semble un peu plus apaisée. L’autre situation déplorable enregistrée dans le même département et dont a fait cas la presse locale est l’affrontement sanglant entre agriculteurs et éleveurs dans la matinée du mardi 26 mars 2024. Selon les informations, le conflit s’est déroulé dans le village de Garou. On a enregistré un blessé grave du côté des agriculteurs, des cages brûlées et bien d’autres dégâts matériels.
L’Alibori vulnérable aux attaques
S’il est clair que l’affrontement de ce mardi est un des revers de la transhumance, on a du mal à classer les incendies des salles de classes et de commissariat. Seraient-ils des actes de banditisme ou de terrorisme? Ce que l’on sait, il n’y a pour l’heure ni revendication, ni message officiel venant des autorités sécuritaires donnant des précisions sur les auteurs desdits actes. Mais au regard du mode opératoire, on pourrait sans prendre le risque de se tromper, parler d’attaques terroristes. Quand les bandits viennent voler par exemple, ils ne font pas de casses comme saccager des infrastructures et autres. L’autre facteur qu’il ne faut pas négliger est la proximité du département de l’Alibori avec un pays voisin en proie au terrorisme. Même si dans le cas du commissariat de police d’Angaradébou à Kandi, l’intervention d’un détachement de militaire a permis de repousser les assaillants, il demeure impératif de renforcer les dispositifs de sécurité, de coordonner les actions et de mobiliser davantage de ressources pour protéger la population non seulement dans ce département visiblement très exposé, mais également dans tout le nord du pays. Une réalité émerge dans ce chaos : l’Alibori, autrefois paisible, est désormais le théâtre d’une insécurité croissante, exposée aux assauts répétés d’une menace grandissante.
Nécessité d’intervenir avec plus de fermeté
Face à une telle situation d’urgence, l’Etat béninois se doit d’intervenir avec plus de fermeté. La quiétude des populations et plus généralement la vie, sont simplement sous la menace de ce terrorisme ambiant qui endeuillait déjà au quotidien, Burkinabè, Nigériens, Maliens et Nigérians, voisins du Bénin, confrontés à la hargne destructrice de Boko Haram. Le Bénin qui fait frontière avec des pays sahéliens qui subissent une forte pression des terroristes et bandits de tout acabit, ne pouvait échapper aux assauts de l’hydre terroriste. On ne saurait occulter les frictions entre agriculteurs et éleveurs (affrontement de ce mardi) qui fragilisent la cohésion sociale dans beaucoup de pays africains dont le Bénin. Le chapelet de facteurs pouvant favoriser l’installation ou la percée du terrorisme au Bénin devient de plus en plus fastidieux à égrener. Il s’impose, maintenant ou jamais, aux autorités, l’urgence d’élaborer les stratégies, et les bonnes, pour extirper le ver terroriste du fruit.
Abdourhamane Touré