(Formaliser l’interdiction pour les responsables religieux)
La République du Bénin a franchi une étape décisive en interdisant aux rois, chefs supérieurs et chefs coutumiers, toute immixtion dans la politique. La nouvelle loi portant cadre juridique des chefferies traditionnelles vise ainsi à garantir leur neutralité et à préserver leur crédibilité face aux influences partisanes.
L’article 17 de cette loi stipule que « Le roi, le chef supérieur ou le chef coutumier, ne peut être membre d’aucun parti politique ». Cette obligation est renforcée par l’article 28, qui leur impose de respecter les principes de transparence, de réserve et d’impartialité. Pour garantir l’application stricte de ces dispositions, l’article 40 prévoit des sanctions pouvant aller de l’avertissement à la suspension, voire au retrait de l’acte de reconnaissance. Pour assurer une transition ordonnée, l’article 46 accorde aux chefs concernés un délai de trois mois pour se conformer à cette nouvelle réglementation. Toutefois, ceux qui détiennent déjà un mandat électif peuvent aller jusqu’au terme de leur mandat en cours. Cette réforme, en écartant les chefferies traditionnelles des rivalités politiques, permet de renforcer leur autorité et leur fonction de médiation. Elle préserve également ces institutions des manipulations électorales et des conflits d’intérêts.
Une interdiction à étendre aux responsables religieux
Si cette mesure vise à dépolitiser les chefferies traditionnelles, une question subsiste : ne devrait-elle pas s’appliquer également aux responsables religieux ? Dans un contexte où prêtres, pasteurs et imams exercent une influence considérable sur la société, il serait pertinent de leur imposer une obligation de neutralité similaire. Leur rôle, avant tout moral et spirituel, devrait les cantonner à une posture d’objecteurs de conscience, loin des joutes politiques. L’instauration d’une stricte séparation entre religion, tradition et politique permettrait d’assurer une gouvernance plus stable et plus démocratique. Après cette avancée majeure concernant les chefs traditionnels, le législateur béninois pourrait ainsi s’intéresser à cette question cruciale pour renforcer la neutralité de toutes les instances d’influence au sein de la société.
Gabin Goubiyi