L’éducation des filles est un enjeu crucial pour le développement du Bénin. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés ces dernières années, de nombreux défis subsistent.
Au Bénin, le taux de scolarisation des filles a considérablement augmenté au cours des deux dernières décennies. Selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), le taux de scolarisation des filles dans l’enseignement primaire est passé de 80% en 2000 à 95% en 2020. Cependant, malgré ces progrès, le taux de rétention et de réussite reste inférieur à celui des garçons. Dans cette tâche de maintien des filles à l’école, l’Institut national de la femme (Inf) et le ministère des Affaires sociales et de la microfinance ne sont pas restés inactifs. Ces institutions collaborent pour mettre en place des initiatives visant à surmonter les obstacles sociaux, économiques et culturels qui empêchent les filles de bénéficier d’une éducation de qualité.
L’Inf, depuis sa création, a développé plusieurs programmes spécifiques pour encourager l’éducation des filles. Parmi eux, le programme de sensibilisation communautaire est l’un des plus importants. Ce programme vise à éduquer les parents et les communautés sur l’importance de l’éducation des filles, en abordant les normes culturelles et les stéréotypes de genre qui favorisent la discrimination. Des campagnes médiatiques, des forums communautaires et des ateliers de formation sont organisés régulièrement pour changer les mentalités et encourager les familles à envoyer leurs filles à l’école.
Le ministère des Affaires sociales et de la microfinance, de son côté, a mis en place des politiques de soutien économique pour les familles défavorisées. Ces politiques incluent des subventions pour les frais de scolarité, les uniformes et les fournitures scolaires. En outre, le ministère a développé des programmes de microfinance pour les mères, leur offrant des prêts à faible taux d’intérêt pour lancer ou développer des activités génératrices de revenus. Cette approche vise à améliorer les conditions économiques des familles, réduisant ainsi la pression financière qui pousse souvent les parents à retirer leurs filles de l’école.
Les programmes de mentorat et de soutien scolaire sont également au cœur des initiatives de l’Inf et du Ministère des affaires sociales et de la microfinance. Des clubs de filles et des sessions de tutorat sont organisés pour fournir un soutien académique et émotionnel aux élèves. Ces programmes visent non seulement à améliorer les performances scolaires des filles, mais aussi à renforcer leur confiance en elles et à les préparer à des rôles de leadership dans leur communauté.
Ces efforts combinés de l’Inf et du ministère des affaires sociales et de la microfinance montrent un engagement fort et coordonné pour promouvoir la scolarisation des filles au Bénin. Bien que des défis persistent, ces initiatives ont déjà montré des résultats prometteurs en augmentant les taux de scolarisation et en améliorant les conditions d’apprentissage pour les filles. Selon une étude réalisée parOdile Akpaka et Aimé Gnimadi de l’Institut international de planification de l’éducation, l’augmentation du taux de scolarisation des filles dans la commune de Sinendé au Nord du Bénin a été significative. Des résultats positifs ont été obtenus en termes de parité. Le gouvernement béninois a mis en place plusieurs initiatives pour promouvoir l’éducation des filles. Parmi elles, la gratuité de l’éducation primaire et l’introduction de programmes de bourses pour les filles issues de familles défavorisées. Le Plan Sectoriel de l’Éducation 2018-2030 vise également à améliorer l’accès et la qualité de l’éducation pour tous, avec un accent particulier sur les filles. Mais malgré ces prouesses réalisées, le Bénin fait face encore à des obstacles pour atteindre son bout du tunnel
Obstacles
Des obstacles persistants tels que la pauvreté, l’éloignement géographique des écoles, et les considérations socio-culturelles affectent toutefois l’accès à l’éducation pour de nombreux enfants. En 2023, on estime à 1,6 million le nombre d’enfants béninois en âge d’être scolarisés, mais qui n’ont pas accès à l’école. Les enfants des milieux les plus pauvres, en particulier, font souvent face à des barrières financières et à l’obligation de contribuer économiquement au sein de leurs familles, ce qui limite leur possibilité d’assister à l’école où elle est inaccessible à 43 pour cent de filles et 36 pour cent de garçons des ménages plus pauvres au Bénin.
Les normes culturelles et les stéréotypes de genre persistent et influencent négativement l’éducation des filles. Dans certaines régions, les familles privilégient encore l’éducation des garçons, considérant les filles comme futures mères et épouses, plutôt que comme professionnelles potentiellement productives. L’insécurité engendrée par les djihadistes affecte aussi directement l’accès à l’éducation. Les attaques contre les écoles, les enlèvements d’élèves et de professeurs, ainsi que la peur généralisée, poussent les familles à retirer leurs enfants, et surtout les filles, des établissements scolaires. La violence et l’instabilité dans ces régions entraînent souvent la fermeture des écoles, réduisant ainsi les opportunités d’apprentissage.
Il se pose également un problème de stigmatisation. Les groupes djihadistes promeuvent souvent des idéologies qui dénigrent l’éducation des filles, la qualifiant d’incompatible avec leurs interprétations radicales de la religion. Cela renforce les stéréotypes sexistes et les pratiques culturelles qui limitent déjà l’accès des filles à l’éducation. L’éducation des filles au Bénin est à la fois un défi et une opportunité. Surmonter les obstacles socio-économiques et culturels nécessite des efforts concertés de la part du gouvernement, des organisations internationales, des communautés et des familles. En investissant dans l’éducation des filles, le Bénin peut espérer non seulement améliorer l’égalité des sexes, mais aussi stimuler le développement économique et social du pays.
Estelle Vodounnou (Coll)