La formation à la base reste le socle de développement du sport au niveau des Nations sportives; Le récent triomphe du Sénégal sur le continent, avec la professionnalisation de nombreux joueurs issus de leurs centres de formation, ou encore la vaste politique de formation au Maroc, mise en œuvre notamment par l’Académie Mohammed VI, ont fait resurgir le débat sur la formation des jeunes footballeurs sur le continent africain; Approché sur la question par la rédaction de CafOnline, l’ancien international béninois, Jean-Marc Adjovi-Boco, a dévoilé ses grandes ambitions pour le football de son pays.
Si Génération Foot et Diambars ont été régulièrement cités en exemple au Sénégal, d’autres pays ont également fait des progrès considérables dans ce domaine. Le Burkina Faso, demi-finaliste de la Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies Cameroun 2021, s’engorge de structures comme Salitas parvenant à faire sortir des joueurs qui sont entrés dans l’effectif de l’équipe nationale. Autant d’exemples sur lesquels le Bénin veut s’appuyer pour mener à bien sa politique de formation des jeunes pour développer son football au niveau local, mais aussi au sein des différentes équipes nationales de jeunes.
Jean-Marc « Jimmy » Adjovi-Boco, ambitieux
C’est dans cette optique que Jean-Marc Adjovi-Boco a été nommé conseiller technique du ministre des Sports béninois. « Le projet est de développer le sport et le football en particulier à partir des catégories de jeunes. Au Bénin, nous avons décidé de travailler autour du sport scolaire », a déclaré l’ancien as des Guépards à CafOnline. « Le gouvernement a mis en place ‘’le programme des classes sportives’’ dans les 77 Communes du Bénin. Cela passe aussi par la construction des infrastructures. Nous avons déjà construit 22 stades avec des terrains synthétiques, des pistes d’athlétisme et pouvons accueillir d’autres sports comme le volleyball. Il faut souligner l’accord entre la Fédération béninoise de football et l’Etat qui travaillent main dans la main », a confié Jimmy Adjovi-Boco. Membre fondateur du projet Diambars au Sénégal avec Bernard Lama, Patrick Vieira et Saër Seck, Jean-Marc Adjovi-Boco ne veut pas s’appuyer sur ce modèle pour pouvoir faire plus pour la jeunesse de son pays. « Je pense que je pourrais apporter beaucoup plus à mon pays», a déclaré Jean-Marc. « Nous travaillons bien mais nous pouvons toujours faire plus. Les gens doivent comprendre que le Sénégal remportant tous ces trophées n’est pas sorti de nulle part. Il y a un vrai projet qui s’est mis en place et nous sommes assez fiers d’avoir été un détonateur avec Diambars. Les autres pays devraient regarder ce que fait le Sénégal mais aussi le Maroc qui marche très bien. Ce sont des pays dont les modèles doivent être copiés», a-t-il souligné.
Des experts conviés pour…
Le Bénin a décidé de faire appel à des experts du développement de la jeunesse et des directeurs sportifs, dont certains sont français, pour dynamiser le projet. « Nous avons des résultats avec eux. Nous avons un vrai projet qui se développe. La qualité de jeu produit par nos joueurs de la sélection U20, dont la grande majorité évoluent dans le championnat du Bénin, montre que le travail commence à porter ses fruits», a-t-il dit. Jean-Marc indique que des résultats commencent également à se faire sentir dans le championnat de football local, grâce notamment au financement du sport par les institutions. Un mécanisme qui soutiendra le football et d’autres disciplines. « Il y a une volonté de professionnaliser le football. Le gouvernement a demandé aux entreprises de reprendre les clubs. Il y a aussi une taxe de développement sportif avec toutes les entreprises qui dépassent un certain chiffre d’affaires et doivent verser 1 sur 1000 dans le développement sportif. Tout cela prouve à quel point le gouvernement souhaite que le sport et le football se développent. Bien que ce vaste projet n’en soit qu’à ses balbutiements, les premiers résultats ont été observés au niveau du championnat scolaire, où le Bénin a remporté le Championnat d’Afrique de Football Scolaire Ufoa-B Caf au niveau des garçons et des filles en Côte d’Ivoire. Cela prouve que nous travaillons bien », a souligné Adjovi-Boco avant de poursuivre, « Il y a encore du travail à faire. C’est une première étape pour mettre en place et développer le football dans les catégories de jeunes. En voyageant dans différents pays africains, j’ai pu constater que certains sont en avance sur la mise en place de centres de formation, mais en retard sur le sport scolaire. Et inversement aussi. Alors voyons où se font les bonnes choses et copions-les, partageons nos expériences en soulignant celles qui réussissent. Nous n’avons pas besoin d’aller regarder ce qui se passe en Europe tout le temps », a déclaré l’ex-international béninois. Pour preuve, les exemples précédemment cités sur le continent ou encore les académies Jean-Marc Guillou au Mali et en Côte d’Ivoire, qui ont vu émerger des joueurs ayant fait carrière au plus haut niveau. Une voie que Jean-Marc Adjovi-Boco veut suivre pour son pays grâce à ce dispositif de formation mis en place à l’échelle nationale. « Je pense que dans quelques années le Bénin sera sur la carte du football africain », promet-il.
Abdourhamane Touré