Administrateur de sport et président-fondateur de Adoura sports management et promoteur de la marque sportive Adoua, Francis Abalo s’est prononcé sur le développement du sport au Bénin en général et du football en particulier. Dans une approche tournée vers l’avenir, il estime que pour développer une équipe compétitive avec des joueurs talentueux, le Bénin a besoin d’un processus de reconstruction à long terme s’étalant sur 10 à 15 ans.
Le Matinal : Pouvez-vous nous en dire plus sur Adoura Sports Management et la marque d’équipements sportifs Adoura ?
Francis Abalo : Après deux décennies dans l’industrie du sport, j’ai décidé d’établir un cadre pour partager mon expertise et mon expérience, en donnant aux athlètes et aux organisations les moyens d’atteindre leur plein potentiel. Adoura Sports est une organisation qui s’engage à promouvoir le développement du sport, tandis que la marque Adoura s’efforce de créer une identité distincte et puissante pour le sport africain, en mettant l’accent sur le Bénin. C’est le fruit de mes rêves, ma conviction, un héritage.
C’est fascinant ! En tant qu’administrateur sportif, comment voyez-vous la volonté du gouvernement de faire du Bénin une grande nation sportive ?
L’engagement du gouvernement à transformer le Bénin en une nation sportive de premier plan est une initiative louable. Bien que des projets soient en cours, nous avons encore un long chemin à parcourir pour atteindre ce noble objectif. Une vision claire et des fondations solides sont essentielles au développement du sport. Les efforts du gouvernement méritent d’être encouragés, mais il est essentiel de reconnaître que la détermination et les ressources financières ne suffisent pas. Le Bénin est confronté à une grave pénurie de ressources humaines compétentes dans le domaine de la gestion du sport, ce qui entrave nos progrès. Confier la gestion d’un projet à des personnes non qualifiées les rend plus nuisibles que les problèmes qu’elles veulent résoudre.
Quelles suggestions ou solutions proposeriez-vous pour faire de cette vision une réalité ?
Pour faire de cette vision une réalité, nous devons établir des bases solides et une vision claire. Il est essentiel de donner la priorité à la formation du personnel de gestion. Pour ce faire, il faut créer des centres de formation pour les éducateurs, les entraîneurs, les nutritionnistes, les psychologues du sport, les kinésithérapeutes et autres professionnels concernés ; adapter le système éducatif aux pratiques sportives ; initier les enfants au sport dès leur plus jeune âge et favoriser l’amour du sport. Et bien d’autres initiatives pour assurer une approche globale du développement du sport.
Pour en revenir au football, quel est votre point de vue sur l’impact des cours d’entraîneurs de la Caf actuellement en cours sur le football béninois ?
L’initiative de former des entraîneurs pour obtenir des diplômes de la Caf est la bienvenue, mais à mon avis, elle n’aura pas d’impact significatif sur notre football pour plusieurs raisons. Tout d’abord, une formation de courte durée ne suffira pas à résoudre les problèmes profonds auxquels sont confrontés nos entraîneurs béninois. Ces problèmes constituent une véritable menace pour le développement du football. Deuxièmement, le football a évolué au point que, entraîner est une profession spécialisée, réservée à un groupe d’individus triés sur le volet. Tout le monde ne peut pas devenir entraîneur. Enfin, le Bénin a besoin d’une nouvelle génération d’éducateurs et d’entraîneurs compétents, éduqués et passionnés qui ont un véritable amour pour le football, comprennent le jeu et peuvent l’enseigner efficacement. Jouer au football ne suffit pas pour devenir entraîneur ; cela exige une vocation et un ensemble de compétences spécifiques que seules les personnes qualifiées peuvent posséder.
Enfin, comment évaluez-vous les chances de l’équipe nationale de football du Bénin de se qualifier pour la Coupe du monde ?
L’équipe nationale du Bénin est coincée dans un cycle de contre-performances depuis des années, et même une qualification surprise ne la mènerait pas au succès. L’équipe est comme un arbre qui produit de mauvais fruits nécessitant une révision complète et une replantation avec des graines saines. Pour développer une équipe compétitive avec des joueurs talentueux, le Bénin a besoin d’un processus de reconstruction à long terme s’étalant sur 10 à 15 ans.
Propos recueillis par Abdourhamane Touré