Cela fait 15 ans que Pierre Urbain Dangnivo, cadre au ministère des Finances, a disparu sans laisser des traces. Le 17 août 2010, il quitte son bureau à la fin de la journée, se rend voir son épouse à la Cité Houéyiho, puis disparaît mystérieusement. Depuis lors, sa famille et ses proches n’ont cessé de chercher des réponses, dans un dossier marqué par de nombreuses incohérences et une absence de certitudes. A la veille (mardi 10 mars 2025) de la réouverture de son procès, Laurent Mètongnon, ancien leader syndical et témoin clé dans cette affaire, revient sur cette disparition tragique et les doutes qui subsistent autour des enquêtes. Au micro de Bip radio, il fait savoir que seuls les ravisseurs savent ce qui s’est réellement passé.
Pierre Urbain Dangnivo, un administrateur des banques respecté et membre actif du syndicat du ministère de l’Economie et des finances, a disparu sans explication après avoir quitté son épouse ce jour-là. « Nous avons alerté l’opinion publique et demandé aux autorités de mener des recherches. Mais quinze ans après, nous sommes toujours dans l’attente de vérités », indique Laurent Mètongnon, qui a été un des plus fervents défenseurs de la famille Dangnivo depuis le début de l’affaire. L’enquête a connu plusieurs rebondissements. Initialement, un individu du nom d’Alofa a été présenté comme le principal suspect, un féticheur accusé de l’assassinat de Dangnivo. Cependant, lors du procès, ce dernier a nié toute implication, affirmant qu’il n’était pas responsable de la disparition du cadre. Une situation qui a alimenté les doutes sur la véracité de l’accusation.
Les incohérences des enquêtes
Laurent Mètongnon pointe également les nombreux mystères qui entourent les investigations. L’un des aspects les plus troublants concerne un corps exhumé à Womey à Abomey-Calavi, près de la cabane d’Alofa, un mois après la disparition de Dangnivo. Bien que l’exhumation ait eu lieu en présence de la famille, celle-ci a catégoriquement nié que le corps retrouvé était celui de Pierre Urbain Dangnivo. « Le corps était en putréfaction avancée, ce qui rendait impossible toute identification », explique-t-il.
Il soulève également la question des tests Adn effectués, dont les résultats ont été contestés par la famille. « Le procès à venir pourrait enfin apporter des réponses sur la véracité des tests Adn et de l’identité du corps retrouvé. Mais jusqu’à aujourd’hui, les ravisseurs connaissent la vérité », poursuit-il.
Une disparition inexpliquée : un enlèvement ?
Selon Laurent Mètognon, il est fort probable que Pierre Urbain Dangnivo ait été enlevé après avoir quitté sa femme ce jour-là. « Il a disparu avec sa voiture, mais cette dernière n’a jamais été retrouvée. Il est évident qu’il a été intercepté et enlevé par des individus », indique-t-il, ajoutant que l’enquête doit encore faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé ce jour-là.
Un mystère persistant après 15 ans
Mètongnon, qui a assisté à plusieurs procès, est frappé par la série de contradictions qui a marqué ce dossier. « Le premier procès a été interrompu brusquement, puis repris plus tard, avant de s’éteindre presque complètement. Ce dossier est marqué par des incohérences et des éléments manquants qui laissent place à de nombreuses questions sans réponses », a-t-il déclaré.
Aujourd’hui, la famille de Pierre Urbain Dangnivo continue de maintenir l’espoir de retrouver un jour la vérité, malgré les nombreuses années passées. « Le procès qui se rouvre pourrait enfin nous apporter des réponses », espère Laurent Mètongnon. La famille Dangnivo, et notamment ses enfants, vivent dans l’incertitude depuis 15 ans. « Si on leur annonçait que leur père est vivant, ils auraient enfin une certitude et pourraient agir en conséquence. Mais si on leur dit qu’il est mort, ils pourraient faire leur deuil et reconstruire leur vie. Le plus difficile pour eux, c’est l’attente », explique Laurent Mètongnon. Il souligne également l’amertume de la famille, qui n’a toujours pas obtenu de réponses claires sur le sort de Pierre Urbain Dangnivo.
Des interrogations sans fin
Pour finir, Laurent Mètongnon a exprimé son espoir que le procès qui s’ouvre à nouveau le mardi 11 mars 2025 apporte enfin des réponses définitives : « Nous voulons savoir ce qui est vraiment arrivé à Pierre Urbain Dangnivo. Après 15 ans d’attente, il est temps que la vérité éclate, pour que ses enfants et sa famille puissent enfin tourner la page », a-t-il conclu.
Léonce Adjévi