Alors que nombre d’économies peinent à se remettre des affres de la pandémie du Covid-19, la crise russo-ukrainienne est venue en rajouter à la conjoncture mondiale. A l’instar de beaucoup d’autres pays, le Bénin n’a pas été épargné par les effets de cette situation. Mais quoique durement éprouvée, l’économie béninoise a confirmé sa résilience tout au long de l’année 2022.
Avec des performances très positives et encourageantes qu’elle ne cesse d’enregistrer depuis quelques années, l’économie béninoise se révèle dans la sous-région ouest-africaine comme l’une des plus solides. Cette évidence qui force l’admiration est le fruit de la panoplie de réformes opérées dans ce secteur stratégique sous le leadership éclairé du président Patrice Talon et du ministre d’Etat en charge de l’Economie et des finances, Romuald Wadagni. A l’instar des années précédentes, 2022 a consacré la poursuite de la dynamique d’une rationalisation des dépenses publiques et de bonne gestion des finances. L’année s’est achevée sur des performances inédites et jamais égalées dans certains sous-secteurs. C’est le cas de celui des impôts où selon les propos du directeur général de l’administration fiscale, plus de 790 milliards de francs Cfa ont été mobilisés comme recettes fiscales par la Direction générale des impôts (Dgi) à fin 2022. Il s’agit là, d’un record historique, tributaire de l’effort des contribuables béninois, et de l’ensemble de la population la part des recettes intérieures et de la fiscalité douanière a connu une augmentation sensible. Sur le montant global, les apports extérieurs ne représentent que 20%. Ce qui traduit une intégration intelligence dans la psychologie collective du consentement volontaire à l’impôt. Et déjà, les défis sont déjà annoncés pour 2023 qui verra cette cagnotte fiscale augmentée à la baisse. Toutes ces performances valent au Bénin l’admiration et la reconnaissance de la communauté internationale. Aujourd’hui, le Bénin est de loin,le pays le plus efficace de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (Uemoa) dans la gouvernance économique et la maîtrise de l’inflation dans le contexte de crise internationale, avec un taux de l’ordre de 2%, et largement en-deçà de la moyenne régionale qui avoisine les 7%.
La dure épreuve de la pandémie du Covid-19
« L’année dernière, à pareil moment, notre optimisme était légitime quant à une reprise de l’économie mondiale après les affres de la pandémie de Covid-19. J’avais néanmoins indiqué que notre pays devait encore relever deux défis majeurs : l’un sécuritaire et l’autre sanitaire. Un an après, où en sommes-nous ?… En ce qui concerne notre santé économique, la reprise post-Covid amorcée s’est brutalement estompée par le renchérissement des coûts des matières premières, de la logistique de transport ainsi que des produits de première nécessité en raison de la guerre Russie/Ukraine. Conséquence, le pouvoir d’achat des populations s’est trouvé fortement dégradé dans tous les pays du monde. ». Ainsi s’exprimait le président de la république Patrice Talon le jeudi 8 décembre 2022, à l’occasion de la présentation de son traditionnel message du l’état de la nation. Cet extrait du discours décrit parfaitement la physionomie de l’économie béninoise durement éprouvée, tout comme la quasi-totalité des économies au plan mondial, par la pandémie du Covid-19. Si l’année 2022 a consacré une relative maîtrise de la pandémie avec la chute drastique du taux de contamination, le Bénin n’est pas pour autant sortie de l’auberge puisqu’à peine le long épisode du coronavirus tourné, le pays se retrouve face à une autre crise économique non moins virulente.
La guerre russo-ukrainienne et la cherté de la vie
Le Bénin pensait avoir fermé la parenthèse Covid et ambitionnait déjà de relancer sa stabilité économique après cet éprouvant drame planétaire mais c’était sans imaginer qu’une autre épreuve devait secouer le monde. Il s’agit de la guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine courant février 2022 et dont le monde entier continue de subir les effets. Plus que le Covid, cette guerre entre deux pays de l’Occident a révélé à la face du monde, l’extrême-dépendance de la plupart des économies africaines vis-à-vis de la Russie. Quelques jours seulement après le déclenchement de la guerre, en effet, plusieurs économies dont celle béninoise, ont commencé à en ressentir les effets. La plupart des produits vont flamber à un rythme vertigineux. Le pouvoir d’achat des populations s’est considérablement affaibli. La morosité était patente et il fallait agir pour parer le pire car des pénuries de produits pétroliers notamment du gazoil, sont annoncées dans d’autres pays. C’est dans ce contexte que prenant ses responsabilités, le gouvernement du Bénin au détriment des prévisions budgétaires, entrepris du juguler l’inflation ambiante et de soutenir le pouvoir d’achat des populations. De faramineuses sommes sont alors déboursées pour limiter l’impact de la cherté et même sauver les différentes campagnes agricoles qui étaient menacées de ruine, faute d’intrants agricole. Au total, près de 130 milliards de FCfa sont injectés depuis mars 2022 par le gouvernement afin que les produits de première nécessité restent accessibles à toute la population. Ceci, en subventions directes comme en renoncement aux taxes.
La revalorisation des salaires, matérialisation de la bonne santé de l’économie
C’est la bonne nouvelle de fin d’année pour les travailleurs en l’occurrence ceux du secteur public. Alors que la plupart de ces fonctionnaires de l’Etat étaient au bord du désespoir, le gouvernement a acté la revalorisation de salaire qu’il avait annoncée depuis le 15 décembre 2021. Le 7 décembre 2022, soit moins d’un an après sa promesse, l’Exécutif a joint l’acte à la parole. La belle surprise pour les travailleurs est la mise en œuvre effective de cette revalorisation pour compter du mois courant. Et depuis le 25 décembre 2022, les travailleurs concernés ont eu le bonheur de constater sur les fiches de paie respectives, les augmentations salariales annoncées. D’après les chiffres officiels, cette revalorisation induit pour le compte de la première année, un effort financier supplémentaire de 60 milliards de Fcfa, un montant qui va sera porté à la hausse au cours des prochaines années. Au-delà des travailleurs de l’administration publique qui en sont les principaux bénéficiaires, la revalorisation a pris de court, tout le peuple qui ne s’y attendait pas après les investissements colossaux du gouvernement dans la maîtrise de l’inflation et la cherté de la vie au cours de l’année. Du coup, la décision de revalorisation des salaires actée en décembre 2022 apparaît comme un exploit même si l’engagement a été délibérément pris par le gouvernement.
Les signaux au vert
En dépit des chocs exogènes qu’elle ne cesse de recevoir, l’économie béninoise se porte comme un charme. Jamais depuis l’ère du renouveau démocratique, le Bénin n’a reçu autant de lauriers à l’international pour ce qui est de la gouvernance économique. La dynamique amorcée depuis quelques années, s’est poursuivie en 2022, où selon différentes missions effectuées au pays par les institutions internationales, les perspectives économiques du Bénin sont déclarées bonnes et positives. Selon les prévisions, la hausse des prix du coton et les investissements publics dans les infrastructures resteront les principaux moteurs de la croissance de l’économie béninoise sur le moyen terme. La croissance du Produit intérieur brut réel du Bénin devrait s’établir à 6,3% en 2022 et à 5,9% en 2023, notamment grâce à l’augmentation des prix du coton et à la hausse des investissements publics, a estimé Fitch Solutions Country Risk & Industry Research dans un rapport publié le 22 août 2022. « La croissance du PIB réel du Bénin restera robuste, à 6,3% en 2022, contre une estimation de 7,2% en 2021. Ce ralentissement est principalement dû à la disparition des effets de base favorables », souligne le document intitulé ‘’L’économie béninoise va croître grâce à de robustes investissements publics et à des prix du coton élevés’’ (Beninese Economy To Expand On Strong Public Investment And High Cotton Prices).
Dans le concert des économies les plus solides de l’Uemoa
Le Bénin présente l’une des croissances économiques les plus fortes au sein de la zone Uemoa avec un taux de croissance estimé à +7,2 % en 2021 en progression de +3,4 points de pourcentage par rapport à 2020. Malgré les chocs exogènes liés au Covid-19 ayant affecté certains secteurs clés de l’économie béninoise, le pays a pu compter sur les bonnes performances des sous-secteurs d’activités tels que les activités portuaires, la production agricole et le tourisme. En dépit des tensions inflationnistes que connaissent les pays de l’Union, le Bénin a su contenir la hausse des prix à la consommation avec un taux d’inflation qui est ressorti à +1,7 % en 2021, le plus faible taux de la zone Uemoa. Par ailleurs, les perspectives économiques demeurent encourageantes pour le Bénin, notamment grâce à la poursuite des investissements dans le cadre du Programme d’action du gouvernement qui devraient permettre au pays d’atteindre un taux de croissance de +5,7 % en 2022 puis +6,2 % en 2023.
Gabin Goubiyi