L’interdiction temporaire de plusieurs produits vivriers jusque-là considérée comme une rumeur ou tout au plus comme une décision d’un ministère est désormais revêtu du sceau de la République. En Conseil des ministres le mercredi 8 mai 2024, la mesure a été officialisée par le gouvernement avec une précision sur les produits concernés.
En sa séance ordinaire du mercredi 08 mai 2024, le Conseil des ministres a entériné la mesure d’interdiction temporaire de sortie de produits vivriers du territoire national. Les produits visés sont le maïs, le riz, le mil, le sorgho, le niébé, les tubercules, le gari, etc. Du point fait par le ministre de l’Industrie et du commerce au Conseil des ministres, il ressort l’exportation massive et illégale, de produits vivriers béninois, notamment le maïs, en direction des pays voisins. S’il est vrai que la production nationale en vivriers est suffisante pour satisfaire la consommation nationale (par exemple 2.050.000 tonnes de maïs au cours de la campagne agricole écoulée pour des besoins nationaux évalués à un million de tonnes), il n’en demeure pas moins que la forte pression exercée sur ces vivriers du fait des exportations incontrôlées, entraîne une envolée des prix sur nos marchés. En effet, de nombreux producteurs et commerçants sont portés à satisfaire les demandes étrangères de vivriers au détriment du marché national. Aussi, dans le but d’assurer sa disponibilité à un coût raisonnable pour les consommateurs béninois, le gouvernement, après avoir évalué la situation, a-t-il décidé d’interdire jusqu’à nouvel ordre toute exportation de vivriers (maïs, riz, mil, sorgho, niébé, tubercules, gari, etc.) Les ministres concernés ont été instruits à l’effet de veiller à la bonne application de cette mesure.
Sans surprise
Cette mesure ne doit ni étonner ni surprendre aucun observateur averti de la vie socio-économique nationale. Deux faits importants justifient amplement cette décision à savoir : la montée vertigineuse du prix du kg de maïs et les vidéos virales de sorties massives et frauduleuses de vivriers béninois vers des pays de l’hinterland. Cette situation appelle des mesures hardies sur lesquelles l’opinion attend le gouvernement, dont l’une envisagée est l’interdiction des produits du territoire national. Au regard des statistiques de la production nationale de maïs car pour des besoins nationaux estimés à un million de tonnes, le Bénin a produit, à la dernière campagne, 2.050.000 tonnes donc une campagne largement excédentaire, l’on aperçoit que cette mesure est pertinente et opportune. Mieux, l’envolée des prix du maïs sur les marchés béninois a une large part d’explication dans la forte pression exercée sur ces vivriers du fait des exportations incontrôlées. Au vu de tout ceci, il apparait clairement que la production nationale nourrit les pays voisins en exposant la demande nationale à une inflation incontrôlée et inhumaine dans la mesure où de nombreux producteurs et commerçants sont portés à satisfaire les demandes étrangères de vivriers au détriment du marché national. Cette mesure du gouvernement est à saluer. Elle dénote de l’attitude responsable de l’Exécutif béninois qui démontre à nouveau qu’il est à l’écoute des populations. Il est tout à fait normal que les Béninois profitent d’abord des fruits des nombreux efforts et investissements consentis dans le secteur agricole à travers aussi la mise à disposition des intrants subventionnés. Cette mesure aura pour effet attendu d’assurer la disponibilité des produits vivriers à un coût raisonnable pour les consommateurs béninois.
Abdourhamane Touré