Les débats s’enveniment sur les enjeux des prochaines Législatives et, au-delà de la Présidentielle de 2026 sur les réseaux sociaux. Entre de nouveaux leaders d’opinion et les « fous du roi ». Cependant, menaces et invectives doivent laisser place à la liberté d’expression.
« Je suis à une réunion politique, mais je vais répondre rapidement. Vous parlez de quoi ? Qu’on mange. On ravale des vomissures. Bon, si la personne vomit, ramasse sa chose et mange, ça fait le problème de qui ? Ah, donc moi, je dois être contre le chef de l’État tout le temps. Et les dégâts collatéraux, personne n’est là pour gérer avec nous. Un chef d’État, c’est Dieu qui le choisit. Le régime va faire encore 30 à 40 ans. Ceux qui sont dans l’opposition n’ont qu’à s’apprêter pour aller dans la tombe avec leur opposition. Vous entendez ce que je dis ? Mon nom s’appelle Abdoul Razack Loth Houénou. Le régime actuel continue 30 à 40 ans au pouvoir. Celui qui veut faire son opposition le fera jusque dans sa tombe, parce que cette dynamique, personne ne va l’arrêter. Il y a des chantiers un peu partout dans le pays. Est-ce qu’il y avait autant de voies à Cotonou ? Les gens ont construit sur des lits d’eaux. Ils ont été dégagés pour réaliser des ponts et des voies d’accès sur lesquels nous circulons. Et ça, ce n’est pas bien à vos yeux. En 2026, nous sommes encore là et on continue jusqu’en 2041… », a écrit Abdoul Razack Loth Houénou, en réponse aux attaques dont il fait l’objet de la part de ses détracteurs, en raison de son soutien affiché au régime du Nouveau départ après sa sortie de prison. Ces propos résument, par ailleurs, l’état actuel du débat politique au Bénin. Car il n’y a plus de jour où les « pour » et les « contre » de la politique de Patrice Talon ne s’apostrophent et s’invectivent par réseaux sociaux interposés. Par exemple, le trublion et candidat à la Présidentielle de 2016, Bertin Koovi, est carrément victime lui de menaces. Ses détracteurs lui reprochent d’inviter avec insistance le président Patrice Talon à un 3ème mandat. Il faut dire que Bertin Koovi défend son idée avec une conviction et une détermination chevillées au corps. A sa décharge, il n’oblige personne à l’écouter, ni à le suivre dans ses prises de position.
Respecter les opinions
On ne peut pas empêcher les extrêmes de s’exprimer. On peut juste les encadrer. Car à défaut d’être des faiseurs d’opinion, ils disent haut ce que certains pensent bas. Ils ont donc le courage, contrairement à la grande majorité, d’exprimer leur pensée. Ceux qui ne sont pas d’accord avec ce qu’ils professent, au lieu de leur opposer la violence, devraient répondre arguments contre arguments. En démocratie, on peut avoir des opinions divergentes, et collaborer au sein d’un même creuset. D’ailleurs, chaque régime politique a eu ses « fous du roi ». Sous le régime Yayi, on a connu les Frédéric Béhanzin, qui défendaient bec et ongles le régime et les actes qu’il posait. Ils faisaient feu de tout bois. Avant eux, le régime Kérékou avait connu les siens. Et d’ailleurs, un pouvoir qui ne prend pas le pouls de l’opinion publique, ni ne dispose de ce genre de relais sur le terrain, aura du mal à faire passer ses actions. Les réseaux sociaux s’y prêtent bien, et sont aujourd’hui le lieu où les échanges d’idées peuvent se faire, bon an mal an. Avec ses avantages et défauts. Quitte à garder à l’esprit que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
Wilfrid Noubadan