(Chantal Yayi et Marguérite Kérékou membres)
En Afrique, le statut des premières dames après le pouvoir est un épineux sujet qui suscite assez d’interrogations dans la conscience collective. Méprisées, laissées pour compte et dépossédées de tous leurs biens, elles souffrent en silence le martyr et se battent pour survivre. Pour se faire entendre et restaurer leurs droits, elles ont décidé de mettre en place la Coalition des épouses d’anciens présidents d’Afrique dont le Congrès constitutif aura lieu dans les semaines à venir.
La situation des anciennes premières dames après le pouvoir devient de plus en plus préoccupante. Bien qu’étant un sujet relégué au second rang, il mérite qu’on y accorde une attention particulière. En effet, après la gestion du pouvoir par leurs époux qui obtiennent le titre d’anciens présidents avec les privilèges y afférents, la plupart de ces femmes, quant à elles, perdent tous leurs droits. Passées aux oubliettes, délaissées et n’ayant pas accès à leur compte en banque, leur situation n’est pas tout de go perceptible bien que le mal soit profond. A en croire Fatmata Nippe Momoh, ancienne première dame de la Sierra Leone, cette situation est commune et généralisée en Afrique. « C’est avec amertume, les larmes aux yeux, que les ex-premières dames vous racontent leur quotidien. La plupart sont négligées, victimes de mépris ou parfois de haines sociales, et doivent se débattre en silence pour manger. Elles subissent des pressions, des tortures psychologiques, souvent sans soutien financier, pas de pension de retraite… C’est juste triste ! », a indiqué Fatmata Nippe Momoh. A titre illustratif, elle a confié qu’André Touré, épouse de l’ancien président guinéen Sékou Touré, âgée de 91 ans aujourd’hui, a beaucoup souffert. Tous les biens de son mari étaient bloqués depuis 40 ans. « C’est le général Doumbouya qui a été compatissant à son égard, lui a rendu ces biens et lui a accordé un statut dans la société. Sékou Touré est quand même un homme mémorable. C’est le père de la nation guinéenne… Les cas sont légion et les histoires sont pareilles », a-t-elle ajouté.
Une coalition des épouses d’anciens présidents d’Afrique en gestation
Les épouses des anciens chefs d’États africains ne peuvent plus continuer à éternellement s’apitoyer sur leur propre sort. Pour remédier aux différents maux dont elles sont victimes dont la négligence et les conditions de vie misérables, elles ont décidé de conjuguer leurs forces et d’unir leurs voix dans le but de relever les nombreux défis dont l’amélioration de leur situation. Cela, à travers une association qui sera mise en place dans les prochaines semaines en Guinée Conakry. « La Coalition des épouses d’anciens présidents d’Afrique est une initiative éclairée qui vise à protéger, honorer et autonomiser ces femmes, créant un héritage de dignité et de consolidation de la paix. Elle appelle les gouvernements africains, les organisations internationales et les partenaires philanthropiques à soutenir leur cause et à garantir que les contributions de ces femmes continuent à façonner l’avenir de l’Afrique », fait savoir Fatmata Nippe Momoh. Ce creuset rassemblera non seulement toutes les anciennes premières dames, mais aussi toutes les femmes des anciens présidents parce qu’il y a certains chefs d’Etat qui ont deux voire trois femmes.
Missions de la coalition
Après sa mise sur pied, la Coalition des épouses des anciens présidents entend solliciter des audiences et mener des échanges avec les présidents en exercice, leur offrir des conseils et les inciter à soutenir les familles des anciens présidents. Mieux, elle sera une plateforme de discussions sur les questions impliquant les épouses des anciens présidents dans le but de se soutenir mutuellement. A ce jour, la coalition compte déjà plus de 150 anciennes épouses des anciens présidents. Elle compte s’étendre après sa formalisation. L’adhésion est ouverte à toutes les femmes des anciens présidents. Pour ce faire, une tournée est engagée par Fatmata Nippe Sow Momoh et autres anciennes premières dames pour permettre l’intégration de nouveaux membres et l’entrée de nouveaux membres.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)