(Lire sa lettre ouverte au chef de l’Etat)
En dépit des nombreux efforts du gouvernement à l’effet de mettre fin à la mafia foncière, certains Béninois, se présentant comme étant des promoteurs immobiliers, escroquent allègrement des compatriotes de la diaspora en leur proposant d’acquérir des parcelles ou domaines au pays. Face à la prolifération du fléau et en désespoir de cause, un Béninois de la diaspora a décidé de saisir le chef de l’Etat à travers une lettre ouverte. Lire la lettre.
Je suis Béninois de la diaspora résidant en France. Votre gouvernement a initié dès votre prise de fonction, des réformes audacieuses saluées par la diaspora, dans sa large majorité. Je pense notamment aux réformes de la dématérialisation des formalités administratives consulaires, à la lutte contre la corruption policière et douanière, à la rénovation urbaine…
Nul doute, ces réformes et transformations impactent favorablement l’image du Bénin à l’extérieur. Au sein de la diaspora résidant en Europe, l’impact fut incitatif en matière d’investissement dans maints domaines au Bénin. Fort de ces réformes et transformations, bon nombre des membres de la diaspora séjournent plus régulièrement au Bénin, et participent activement au développement de leur pays. Transactions de terrains, investissements immobiliers font l’objet d’une émulation soutenue au sein de la diaspora. Ce contexte a, hélas, donné des idées à des opportunistes qui se sont autoproclamés promoteurs immobiliers indépendants. Ces derniers sillonnent régulièrement l’Europe et la France notamment, pour promouvoir leurs projets immobiliers. Parmi ces promoteurs, bon nombre de brebis galeuses se livrent, dans l’impunité, à des actes d’escroquerie, profitant des difficultés de poursuites judiciaires, liées à l’éloignement géographique de leurs victimes. Quand ces dernières décident de poursuivre les prédateurs, il arrive souvent qu’ils ne répondent pas, et ce, toujours impunément aux convocations de la police.
Monsieur le président, la raison d’être de la police républicaine est la protection de la veuve et l’orphelin. Mais force est de constater qu’en son sein, quelques fonctionnaires malveillants, complices de promoteurs immobiliers véreux, tordent le cou à cette raison d’être. Ainsi, nous avons pu être témoin, récemment, d’une situation d’escroquerie foncière où la conduite de la procédure par l’enquêteur de la police républicaine, pose question au regard des doctrines régissant la procédure judiciaire. De manière générale, des enquêteurs malveillants, ont recours à des stratagèmes de toute sorte pour décourager les plaignants.
Je veux vous exposer ici, le cas d’une escroquerie dont a été, récemment, victime une amie. Il s’agit d’une transaction pour l’achat d’un domaine foncier auprès d’un jeune agent immobilier qui répond au nom de X. Cet agent immobilier s’est vanté, pour rassurer sa cliente, de travailler avec beaucoup de ministres du gouvernement, d’être parrainé par des personnalités politiques. Au cours de la transaction qui a fait l’objet de règlements échelonnés, mon amie a décelé plusieurs anomalies : surfacturation, refus de faciliter l’accès au domaine à une personne détentrice d’une procuration, refus de donner le contact du notaire pour vérification d’ouverture de dossier en vue de la délivrance d’un titre foncier…
Plusieurs indices ont donc poussé mon amie à dessaisir monsieur X du dossier concernant les formalités auprès du notaire. Et ce, après avoir réglé la totalité du montant de l’achat des terrains, y compris les frais de notaire. Suite à la requête de mon amie de le dessaisir du dossier, Monsieur X, répondait aux abonnés absents. Il a, dans la foulée, annoncé par message à mon amie que son bureau de Abomey-Calavi, siège social de sa société, était fermé. Mon amie a commis un cabinet juridique spécialisé dans les transactions immobilières pour mener les enquêtes. Suite aux initiatives de ce cabinet, Monsieur X n’a pas daigné répondre aux nombreuses convocations de la police… Le cabinet juridique a informé mon amie que son agence n’était pas fermée, mais il y est présent rarement. Aux dernières nouvelles, il s’est retiré et pavane dans une ville du centre du Bénin et a fêté en grande pompe son anniversaire il y a quelques jours. Il a récemment déclaré à une relation de mon amie qui s’est présentée à lui, en qualité de client potentiel des terrains de mon amie, que les terrains de cette dernière n’existent pas. Mon amie détient, à toutes fins utiles, des audios et des preuves contre Monsieur X qui, au demeurant, est un récidiviste. En effet, Monsieur X est un repris de justice, donc un récidiviste.
Monsieur le Président, les faits ci-dessus relatés, sont avérés par diverses preuves et témoignages. Ils sont graves et le sentiment d’impunité gagne du terrain au sein de la diaspora. Plus grave, les plateformes et autres canaux de saisine des autorités, à disposition des citoyens, dysfonctionnent de manière récurrente, les efforts de votre gouvernement évoqués et salués à l’entame de la présente. Ces agissements condamnables de promoteurs immobiliers sans foi, ni loi, sont légions. Ils pourraient hélas, jeter l’opprobre sur les membres de votre gouvernement, cités à tort, comme parrains de ces malfrats, ternir l’image du métier d’agent immobilier, en plein essor au Bénin et porter préjudice à votre gouvernement. Nous voulons que le droit soit dit, que justice soit faite et que la diaspora soit protégée grâce à des initiatives fortes, efficaces et dissuasives. Nous nourrissons l’espoir, Monsieur le président, qu’en votre qualité de premier magistrat de la nation et garant de la justice pour tous, vous instruisiez les services compétents pour que des procédures impartiales soient diligentées dans le cadre de tous les dossiers des membres de la diaspora qui ont connu des injustices similaires au cas évoqué dans le présent courrier. Dans cette attente, nous vous prions de croire, Monsieur le président, à l’assurance de notre sincère considération.
Sylvestre d’Almeida