Les regards des treize millions de Béninois seront tournés ce jeudi 6 février 2025, vers la Cour constitutionnelle et pour cause. L’institution est appelée à trancher le débat relatif à la Constitution ou non d’une nouvelle République, ce qui le cas échéant, ouvre le boulevard d’un troisième mandat à l’actuel président de la République, Patrice Talon.
Sur la question, les avis sont partagés. Si certains estiment que la révision de la Constitution intervenue en 2019, de par les modifications apportées à la loi fondamentale, induit la création d’une nouvelle République, d’autres estiment par contre que ce débat relève purement et simplement d’une hérésie et ne mérite pas d’être mené. Les défenseurs de la thèse de l’érection d’une nouvelle République se fondent sur le caractère des modifications intervenues dans la constitution à la faveur de la révision en novembre 2019. Ils estiment que la création d’un poste de vice-président, le changement de la date des élections ainsi que celle de la prestation de serment du président de la République pour citer que ces points, impliquent ipso facto, la création d’une nouvelle République. Un argumentaire que balaient du revers de la main, les opposants à cette appréhension des choses. Pour ces derniers, le débat autour d’un éventuel troisième mandat par déduction d’une imaginaire création d’une nouvelle République, est d’une vacuité prégnante. Sur le choc des idées, les arguments juridiques s’affrontent. Au recours introduit par l’ancien ministre Christian Enock Lagnidé qui sollicitait de la Haute juridiction, un avis sur des questions constitutionnelles majeures, six jeunes juristes ont réagi en saisissant la Cour par un « recours en inconstitutionnalité contre la requête pour avis sur des questions majeures déposée par monsieur Enock Christian Lagnidé, le 27 janvier 2025 ». Sauf changement de dernière heure, ces deux recours seront étudiés au cours de l’audience de ce jeudi 6 février 2025. Il est donc attendu de la Cour, une réponse claire et précise sur ce sujet qui défraie la chronique. La décision de la haute juridiction devra mettre fin à cette polémique et aux tensions qu’elle induit au sein de la société. C’est donc un tournant majeur de l’histoire du Bénin qui se joue ce jeudi à la Cour constitutionnelle.
Gabin Goubiyi