Le centre Unik d’Abomey accueille depuis le jeudi 29 septembre 2022, une exposition d’art contemporain sur le thème ‘’Trans’’. Pendant deux mois, Sika, Zanfanhouédé et Kama Esso, trois artistes de haut niveau vont partager leurs expériences professionnelles avec le public béninois et d’ailleurs. En marge de cette rencontre, Gérvanne Leridon, présidente de la fondation ‘’Aad’’ et ses partenaires ont doté la bibliothèque du centre de livres en vue de la rendre accessible aux enfants et aux artistes en formation afin de leur permettre de s’ouvrir au reste du monde.
Le choix de la ville d’Abomey pour abriter cette exposition sur la transe n’est pas anodin. Terre de vodoun, Abomey est mieux indiquée pour comprendre le sens de la transe. Pour Dominique Zinkpè, artiste plasticien, responsable du centre, le thème ‘’Trans’’ est choisi pour mettre en exergue la valeur spirituelle qu’incarne les artistes notamment Sika da Sivéira, Zanfanhouédé et Kama Esso. A en croire ses explications, les artistes puisent leur imagination de leur tradition, de leur vécu quotidien et de leur environnement. Associer le savoir endogène aux matériaux de récupération ou non, les artistes réalisent des œuvres que le commun des mortels ne parvient pas à expliquer. Donc, cela dépasse l’entendement. D’où la transe. Autrement dit, ils transcendent le corps physique. « C’est cela la transe et le corps physique n’a plus trop sa valeur et on pense plutôt à l’esprit », a fait savoir Dominique Zinkpè. Les trois artistes conviés à cette exposition ont été choisis pour répondre à ce questionnement à travers leurs chefs-d’œuvre dont la réalisation paraît absurde. Jusqu’en novembre, ils auront à partager leurs ressentiments par rapport à la transe tout en établissant le rapport qu’elle a avec leur travail. Tel est l’objectif principal même de l’exposition. Plusieurs activités sont prévues dans ce cadre dont la lecture et la distraction.
Des livres pour s’ouvrir au reste du monde
Ainsi, en marge de cette exposition, Gérvanne Leridon, présidente de l’Ong Aad et ses partenaires Français ont enrichi la bibliothèque du centre avec de nouveaux livres pour enfants. Le but poursuivi, selon la responsable de l’Aad-Ong, est de rendre accessible la bibliothèque aux enfants et aux artistes en formation. «L’idée du livre, est d’avoir accès à la culture africaine à travers le livre qui me paraît essentiel pour donner à tous les mêmes chances d’avoir accès au savoir et de découvrir le reste du monde. Quand on commence à lire, on commence à s’ouvrir au reste du monde et du coup la conversation, le dialogue entre les civilisations, entre les pays, entre les coutumes fonctionne», a-t-elle souligné. Son ambition, au-delà de la lecture, est de créer un brassage entre des classes de Paris et les élèves au Bénin. « Moi, mon rêve, au-delà de cette bibliothèque qui fonctionne, c’est le jour où je pourrai faire venir des classes de Paris qui viendraient à la rencontre des classes des élèves d’ici pour un brassage parce que le monde d’aujourd’hui et de demain ne peut se construire que si dès l’enfance on se connait, on se découvre à travers le livre puisque le livre ouvre le monde à tous », a-t-elle dévoilé. Créée depuis 2009, son Ong monte des projets en faveur de l’Afrique. Il associe chaque fois à ces projets, des artistes pour créer avec eux et les communautés qu’ils dirigent ou qu’il aide, des projets pour l’épanouissement des populations. Au regard de l’utilité de la lecture et donc du livre, Dominique Zinkpè a exhorté le public d’Abomey et environs, en l’occurrence les enfants, à visiter la bibliothèque. « Les enfants savent lire et étudier tous les jours. Je les exhorte donc à apprendre à travers les livres pour découvrir aussi l’art, pour s’éclater et s’ouvrir les esprits en tant qu’être humain pour découvrir », selon lui, la culture n’a pas de limite. Elle a une double voie. Que ce soit en musique, en poésie ou en littérature, ce sont des bases formidables pour tous nos grands hommes futurs, spécialement nos enfants. Sika da Silveira, sur cette exposition atypique, nourrit de grandes ambitions pour l’art béninois. Elle travaille la peinture pour exprimer ses ressentiments, sa joie, ses préoccupations, son amour par des tableaux dont elle seule détient le secret de leur sens. Zanfanhouédé, quant à lui, a utilisé des clous pour communiquer avec le monde invisible et le monde extérieur. Cette particularité, il l’a héritée de ses parents qui sont eux aussi des adeptes du dieu Gou parce que travaillant le fer.
Zéphirin Toasségnitché
(Br Zou-Collines)