Dans une dynamique transformatrice des mentalités des citoyens pour les adapter aux réalités actuelles, l’Organisation non gouvernementale (Ong) Levons-nous et bâtissons (Lnb) a initié le projet « Filles capables, femmes capables » (Fica-Feca). Après douze mois de formation accélérée dans maints domaines, le projet a certifié onze de ses apprenantes. Elles ont reçu leur parchemin, le mercredi 22 mars 2023, à Bohicon, au cours d’une cérémonie solennelle qui a capté l’attention de tous les invités.
De nos jours, l’on assiste à une déliquescence des valeurs traditionnelles et morales dans notre société. Du coup, des familles se disloquent, des couples se brisent, les enfants laissés à eux-mêmes deviennent des cas sociaux pour la Nation. Par conséquent, les projets et programmes initiés par l’Etat pour redresser la pente n’arrivent pas à produire les résultats escomptés. Suite à un diagnostic approfondi de cette situation, Dieu-Donné Agounkpé, président de l’Ong Levons-nous et bâtissons (Lnb) a estimé qu’il faut attaquer le mal à la racine afin de gagner le pari du vrai développement tant prôné depuis les indépendances. Ceci passe par le formatage des citoyens. Ainsi, sans tambours ni trompettes, l’Ong Lnb travaille inlassablement pour transformer la société en agissant sur les valeurs traditionnelles et modernes de notre pays. C’est donc dans ce contexte que le projet : «Filles capables, femmes capables » (Fica-Feca) a vu le jour pour influencer l’environnement. Les filles et les femmes sont ses premières cibles étant donné qu’elles sont plus de la moitié de la population mais, constituent également un maillon indissociable du développement. «L’éducation des filles est, en matière de développement, le meilleur des investissements qu’un pays puisse réaliser. L’intellectuel ghanéen James Emman Aggrey ne s’y pas trompé en affirmant dès les années 20 que, « Eduquer un homme, c’est éduquer un individu. Eduquer une femme, c’est éduquer toute une nation», a rappelé Dieu-donné Agounkpé pour justifier l’intérêt qu’accorde le projet aux filles et le sens du combat de son Ong. Autrement dit, en favorisant la participation des femmes à la vie active, en améliorant leur productivité et en promouvant l’entrepreneuriat féminin, l’économie mondiale en général et celle béninoise se porterait mieux.
Comptons sur nos propres forces
A l’Ong Levons-nous et bâtissons, on n’attend pas l’aide extérieure avant de prendre des initiatives. On en veut pour preuve le projet «Filles capables, femmes capables » (Fica-Feca). Avant sa généralisation dans les autres Communes du Bénin, il est mis en œuvre, sur fonds propres à Za-kpota, une Commune jadis réputée des violations des droits de la femme. Il prône, l’approche basée sur la restauration de l’identité féminine assurée par la femme elle-même, une contextualisation des textes et lois visant à promouvoir la femme et l’adoption d’une politique incitative des filles et des femmes à s’inviter dans le développement avec la pleine collaboration des hommes. «Au plan national, des efforts se font par l’Etat à travers plusieurs projets et programmes. Des lois sont votées et promulguées en faveur des femmes. Les institutions de la République jouent leur partition. Pourtant, la femme est encore à la traîne. Cela signifie que le problème de la femme, c’est la femme elle-même » reconnaît Marie-Anne Gbènongbé, coordonnatrice du projet Fica-Feca. Il va donc falloir que les femmes changent leurs habitudes afin que les initiatives en faveur de la gent féminine puissent porter leurs fruits. «Nous les femmes, nous devons nous faire confiance, avoir la confiance en soi, cultiver l’esprit d’amour, d’humilité, de pardon et d’entraide. Sans ces vertus, l’émancipation de la femme tant rêvée serait vaine » souligne-t-elle en donnant quelques exemples pour conforter sa thèse. «Il est très rare de voir une femme à moto aider une autre femme qui sollicite ses services. C’est aussi difficile pour les femmes de se mettre en coopérative sans qu’il n’y ait pas de petites querelles à gérer. Ce sont des comportements à bannir car le monde évolue et il faut s’y adapter » Elle a également abordé le concept de l’égalité de sexe souvent mal interprété. «La femme ne peut jamais être l’égale de l’homme. La nature a créé la femme pour compléter l’homme et non pour le supplanter comme le pensent certaines femmes. La femme ne peut jamais émerger sans la complicité de son mari. Si par exemple une femme est soumise dans un foyer, c’est son époux lui-même qui lui ouvre les portes de l’émergence. Dans le cas contraire, celle-ci se ferme la porte de l’émancipation. C’est le cas pour bon nombre de femmes d’entre nous», explique-t-elle. Coach à l’école de l’Ong Lnb, Marie-Anne Gbènongbé inculque ces valeurs aux apprenantes. Elle invite donc ses paires à revoir leurs habitudes en vue de profiter des orientations politiques de l’Etat. Académie des filles capables, femmes capables, les camps des Fica-Feca, lacampagne nationale Fica-Feca, l’académie du digital, l’académie de l’excellence, l’académie du livre et de la lecture, la valorisation des acquis par les Fica-Feca sont autant d’activités organisées en faveur des filles et des femmes de Za-Kpota, bénéficiaires du projet Fica-Feca. L’éducation à la citoyenneté, l’éducation financière, l’entreprenariat, le leadership féminin, la compétence de vie, les ateliers pratiques et activités génératrices de revenus, la nutrition et la protection de l’enfance sont entre autres les modules développés.
L’engagement des onze
Douze mois de dur labeur en théorie puis en pratique suffisent pour modeler ces filles et femmes qui sont devenues un homme de type nouveau. Sorties des moules de l’Ong Levons-nous et bâtissons, ces femmes s’engagent à dupliquer les connaissances acquises dans leur environnement en vue d’impacter positivement le développement de leur localité. « L’accouchement a été long mais tout est bien qui finit bien. Ce n’est pas la fin mais c’est enfin le commencement pour nous d’impacter à travers des actions concrètes le développement de nos communautés respectives. Car, tout s’en va finir et tout fini afin que tout recommence », confient-elles par le biais de leur porte-parole, Sylvie Etcho. Pour Jacob Etcho, le Directeur exécutif de l’Ong Lnb, l’originalité du projet Fica-Feca, réside dans le fait qu’il est conçu autour des politiques publiques de développement de notre pays puis contribue à l’atteinte des Objectifs de développement durable.
Des invités acquis à la cause de l’Ong
Tous ceux qui sont conviés à cette cérémonie de sortie de la première cohorte des Filles capables, femmes capables ont été sidérés par la pertinence du projet et la noble cause que défend l’Ong Lnb. Fiers d’avoir été témoins de cette manifestation inédite, les participants n’ont pas caché leurs sentiments. «J’avoue que c’est pour la première fois que je participe à une activité de l’Ong Lnb que je ne connaissais pas. Franchement, ils font du bon boulot. Je m’engage à contribuer afin que cet idéal défendu impacte toutes les Communes », déclare Faustine Awokou, la représentante du préfet du Zou. La Secrétaire exécutive de la Mairie de Bohicon a, pour sa part, adhéré à la philosophie de Lnb du fait que son projet ait mis aussi l’accent sur les devoirs qui incombent à la femme. «Les droits oui, mais aussi les devoirs parce que, n’oublions pas d’où nous venons. La société traditionnelle africaine a conféré des devoirs à la femme auxquels, elle ne peut se soustraire », indique Ginette Apithy. A en croire ses propos, l’idéal serait d’adapter nos textes de loi à nos réalités. Aho, le représentant de Plan international Bénin a, quant à lui, souhaité que cette première cohorte serve de modèle à la communauté pour aiguiser l’envie d’autres filles de participer aux activités de l’Ong. Euloge Ogouwalé, professeur d’université, l’invité de marque de la cérémonie, s’est réjoui de constater qu’il y a encore des initiatives locales pour déclencher la transformation de notre pays le Bénin. En dépit de cet effort, note-t-il, le chemin est encore long étant donné que des aspects restent à toucher. Après avoir reçu leur parchemin, les heureuses récipiendaires ont décerné à leur tour des tableaux d’honneur à leur coach et au président de l’Ong pour leur témoigner toute leur gratitude. Cette distinction est aussi une invite à leur endroit afin qu’ils maintiennent le flambeau allumé.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)